Fyctia
Chapitre 2
Lorsque j'ouvris les yeux, je me rendis compte que j'étais revenue à la case départ. J'étais à nouveau dans cette pièce sans décor, immaculée de blanc. La couleur et la luminosité qui se réfléchissaient sur toutes les surfaces me donnaient la migraine. J'étais de retour dans ma cellule parmi les autres proies, ce qu'on appelait cellule était le petit box que nous possédions toutes, disposées dans le périmètre d'une grande pièce s'élevant sur plusieurs mètres de haut, donnant sur plusieurs étages.
C'était une sorte de prison, mais avec un minimum de confort. Quelque part, c'était peut-être pire que la prison, enfin ça, j'en sais rien, je n'ai jamais fini en prison, mais c'est l'image que je m'en donne.
Notre cellule était composée d'un lit, d'une table, une chaise et une petite armoire renfermant des tenues également blanches. Chaque box comportait une fenêtre, pas assez grande pour que je puisse m'y faufiler. J'avais déjà tenté mais rien à faire.
Le renard avait quand même jugé bon d'y faire mettre un barreau au travers, juste au cas où.
Dans les cellules voisines à la mienne et en face, je pouvais observer certaines filles enfermées, en train de déprimer. Les jeux n'étaient prévus que dans une semaine dorénavant et elles semblaient commencer à accepter leur sort contrairement à d'autres. J'avais vécu deux semaines avec elles et j'avais commencé à étudier les différents profils. Une minorité des proies s'étaient préparé aux jeux toute leur vie, semblait-il.
Lyse m'avait expliqué qu'elles seraient sûrement et dangereusement plus désirées lors de la chasse, car c'est plus excitant pour les loups quand la proie se fait plus désirer. Je trouvais ça cruel. Cela ne voulait pas dire que les plus fragiles, les plus faibles seraient épargnées. Au contraire, j'entendais Jean se moquer en disant comment les prédateurs s'amuseraient à malmener une proie dans mon genre, qu'ils prendraient du plaisir à me terroriser et à m'entendre hurler.
"Les plus faibles ? Ils souffriront certainement plus que les autres." C'est mot pour mot ce qu'elle avait dit et c'est ce qui me poussait à vouloir échapper à ces jeux à tout prix. Je n'avais aucune chance, je ne survivrais pas à ces jeux. Mais je ne voulais pas être de celles qui abandonnent et se résolvent à ce funeste destin.
Moi, j'avais décidé d'entrer dans la catégorie des survivalistes.
Je m'échapperais, je m'en sortirais. J'avais réussi à m'enfuir d'ici déjà deux fois. Donc échapper à leur vigilance était totalement faisable avec la volonté suffisante.
Je me redressais sur mon lit mais lâchais un petit gémissement de douleur.
— Je t'avais dit que c'était une mauvaise idée, lança Lyse depuis sa cellule.
Je ne lui répondis pas, j'étais déjà énervée, j'avais les émotions à fleur de peau. Je n'étais même pas furieuse contre le Renard. Enfin si. Mais surtout, contre moi.
Si seulement, j'avais couru plus vite...
Si seulement, tu ne t'étais pas mangé l'arbre, me souffle ma conscience.
Chut.
Mon regard se porta sur le décompte projeté au mur. Il nous restait à tout casser sept jours. Passé ce délai, nous serons jetées au beau milieu de la forêt, livrées à nous-mêmes. Je dois trouver un moyen de m'échapper avant les jeux. Ou trouver un moyen d'y survivre.
Je devrais passer plus de temps à m'entraîner pour espérer gagner en vitesse et en endurance. Ou continuer à me planquer pour élaborer une stratégie pour trouver une meilleure idée de m'évader...
Une femme un peu plus âgée, habillée tout en brun avec des lunettes et un dossier à la main, s'approche de moi. Elle fait partie d'un groupe de son âge dans la quarantaine, tirée à quatre épingles, qui s'occupe de nous. On les appelle la cavalerie.
— Le Renard vous a ramené vers seize heures, blessé. Vous êtes resté inconsciente durant trois heures. Une infirmière vous a recousu l'arcade et administré un anti-douleur.
Vraiment ? Pourtant, j'ai toujours un mal de chien, pensais-je en passant mes doigts sur ma blessure.
— Vous devez vous laver et enfiler une tenue propre pour le dîner.
Je suis son regard sur mon uniforme blanc, taché et en piteux état. Elle me pointe ensuite un nouvel uniforme blanc sur la chaise à côté.
— On ne pourrait pas changer de couleur ?
— Non. C'est la règle. Vous le savez.
Je lève les yeux au ciel et soupire sous son air neutre.
Comment elle fait pour rester calme en toute circonstance ? Je n'ai jamais vu un seul membre de la cavalerie s'énerver. Toujours cette expression plaquée sur leur visage, jamais fatiguée, jamais irritée, jamais triste, jamais joyeuse.
Je me lève de mon lit sous le regard des autres "proies", et suis la femme dans les couloirs du repère du renard.
— C'est quoi votre prénom ? lui demandai-je en sifflotant.
Pas de réponse, elle continue à avancer. Je regarde autour de moi et cherche une potentielle issue. Je ne fuirai pas de nouveau aujourd'hui, je suis fatiguée, mon arcade est encore douloureuse et le Renard m'a sûrement à l'œil. À cette pensée, je lève mon regard vers une caméra braquée sur moi. Je fais un signe de main.
— Allez-y, m'arrêta la femme devant moi en montrant de la main une porte.
Je fus surprise, ce ne sont pas les salles de bain où l'on m'amène d'habitude pour me nettoyer. J'ouvre la porte prudemment et entre dans une sorte de sas. La porte se referme automatiquement. Puis la deuxième en face s'ouvre automatiquement. Et j'eus le souffle coupé. La pièce n'était pas blanche. Elle était plutôt dorée, on retrouvait des teintes semblables à la couleur de l'automne dans une forêt. Il y avait un énorme bassin avec un nuage de vapeur chaude à la surface. Je pouvais humer une douce odeur, et mes épaules se détendirent sûrement pour la première fois depuis mon arrivée.
Je retire un à un mes vêtements après avoir observé qu'il n'y avait aucune caméra. Il y avait une douche, je nettoyais doucement ma peau encore endolorie. Je commençais à ressentir mes courbatures et j'appréciais de pouvoir me baigner. C'est une fois que j'étais recouverte de mousse des pieds à la tête que je commençais à m'interroger sur pourquoi j'avais le droit à un tel confort.
Je décidais rapidement de rester dans le déni ; après autant d'efforts, je méritais tout simplement ! Je mis un orteil pour jauger l'eau chaude, la température était parfaite. J'entrais rapidement et m'immergeais entièrement. Je plongeais même la tête sous l'eau et sortis quelques mètres plus loin après quelques mouvements de bras. Une fois la tête sortie, je plaquais mes cheveux en arrière et essuyai l'eau de mes yeux avec mes mains, poussant un soupir de bien-être.
Maintenant, c'était le moment d'analyser la pièce dans l'espoir de trouver une potentielle issue. Il y avait d'immenses baies avec des rideaux qui filtraient la lumière. Mais elles n'avaient pas l'air d'avoir de poignée pour être ouvertes, peut-être que c'était du simple vitrage.
Un vitrage que je pourrais briser...
17 commentaires
Alexandra Prevel
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Il y a un an
La_petite_plume
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Il y a un an
SterennCn
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Il y a un an
Dystopia_Girl
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Il y a un an
La_petite_plume
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Il y a un an