La_petite_plume LE JEU DU RENARD Chapitre 1

Chapitre 1

Je n'ai jamais été doué pour la course. J'avais toujours détesté le sport et tenté d'éviter les séances d'athlétisme au lycée. Je regrettais à cet instant. J'aurais dû faire l'effort.


Mais dorénavant, il était trop tard pour les regrets.


Concentre-toi, Harper !


Bam. Bam. Bam.


Les bruits des battements de mon cœur couvraient presque mon pas de course tellement ils étaient intenses. Il y avait une vieille histoire que ma mère me racontait où le lapin échappait au renard car il fuyait pour sa vie et le renard courait pour tuer. À cet instant, je savais que les histoires se trompaient, j'étais la proie qui tentait de survivre. Et pourtant, fuir pour ma vie ne faisait pas de moi une athlète de haut niveau. Le Renard me rattrapait. Et une sensation terrifiante s'emparait de moi.


L'air était lourd dans cette forêt des plus danses, la chaleur me faisait transpirer, j'haletais difficilement. Les arbres majestueux se dressaient par centaines sur mon chemin. Les rayons du soleil perçaient à travers le feuillage créant des vaisseaux lumineux qui m'éblouissaient. J'évitais de justesse les branches qui s'entrelaçaient mais pas les ronces, pas les orties qui me meurtrissaient les jambes et les bras. La douleur devait rester dans ma tête, je souffrirai plus tard, il fallait que je me sauve le plus rapidement, et le plus loin possible de lui, de ses jeux sordides. Je ne serais pas une prochaine victime.


— Si tu t'arrêtes et rentres gentiment avec moi, je verrai pour ne pas être trop méchant dans ma façon de -


— NON ! criai-je.


— Tu l'auras voulu, mais saches que si je t'attrape, ça se terminera très mal, tu m'entends !?


Cette dernière phrase me poussa à me surpasser, et je fis de plus grandes foulées. Je sautais par-dessus un petit tronc d'arbre couché, évitais une pierre et dévalais une pente où j'aurais pu me casser une cheville. Je n'en pouvais plus, mes poumons me hurlaient de m'arrêter et de reprendre une respiration régulière. Mes genoux, mes pieds, tout mon corps me faisaient mal. J'étais épuisé.


En général, quand on n'est pas sportif, on est intelligent, alors réfléchis Harper.


Je changeai de direction et de chemins, espérant le semer.


Il y avait plein d'arbres, peut-être que si je grimpais...


Je cherchais du regard le premier arbre sur lequel je pourrais tenter l'escalade, mais mon cerveau me rappela à l'ordre. Je n'avais aucune notion d'escalade. Je ne savais absolument pas grimper. J'étais à bout de souffle. Une arme, il me fallait une arme. J'observais le terrain et ses alentours, repérant des racines qui sortaient du sol, les millions de feuilles mortes de toutes les teintes, les petits champignons, les rochers et la mousse verte qui les recouvraient. Je ne trouvais rien.


Je sentais le Renard se rapprocher de moi, je fis l'erreur de regarder derrière moi, dans ma course, je me heurtais à quelque chose de dur, à quelque chose que j'aurais aimé être un torse viril et musclé d'un preux chevalier venu à ma rescousse comme dans ces histoires que j'aimais lire. Mais c'était plus dur qu'un torse musclé, c'était un des millions d'arbres qui composaient cette forêt.


Un voile blanc opaque semblait recouvrir ma vue, je crus avoir été aveugle puis le brouillard se leva, j'étais au sol, la première sensation que je sentis fut un liquide chaud ruisselant de mon arcade. Tout tournait autour de moi. Je pleurais comme une gamine de six ans en tâtant ma blessure.


— Ça fait mal, sanglotai-je avant que le rouquin n'arrive en face de moi et ne me saisisse violemment le bras.


Avant de comprendre ce qui se passait, j'étais sur mes pieds, tenue par la force de ses mains. Je respirais très fort, mes poumons me brûlaient, tous mes muscles tremblaient. J'eus d'un coup très chaud, je devais être rouge pivoine, je sentais le sang pulser contre mes tempes. J'avais du mal à reprendre connaissance. La seule chose que je savais, c'est qu'il m'avait eue et qu'il allait me tuer. Dans deux minutes, je serai morte. Je levai les yeux au ciel en pleurant et priais tous les dieux possibles pourvu qu'un d'eux m'entende et ait pitié.


— Arrête de chouiner tu veux !


L'instinct de survie m'arrêta dans ma folie et j'eus d'un coup tout le contrôle de mes bras et mes jambes et me débattis en ignorant la douleur à l'arcade et au fait que je devais être petit à petit en train de me vider de mon sang.


— Laissez-moi ! criai-je.


— Ferme-la.


Il tentait de m'immobiliser avec son bras, je continuais à crier et pleurer. Sa main vint étouffer mes plaintes, et je le fusillai du regard pris d'une haine fulgurante envers cet homme, c'était sûrement le coup sur la tête, il était très dangereux. Peut-être qu'il y avait un peu d'adrénaline également. J'ouvris la bouche et mis toutes mes forces en refermant mes dents contre sa peau. Il retira sa main rapidement avec un petit gémissement de douleur. Il secoua sa main dans les airs comme pour faire partir la morsure mais celle-ci retrouva rapidement une place qui me calma immédiatement. C'est-à-dire au niveau de ma gorge.


— Tu veux mourir avant l'heure ? murmura le renard, ses lèvres près de mon oreille.

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7 commentaires

FleurAzur

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Il y a un an

Mamaaaa

lea.morel

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Il y a un an

tu donnes envie de savoir la suite, et j'adore comment c'est écrit !

La_petite_plume

-

Il y a un an

merci toi ❤️
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