Charlyne Petit Le jeu du cœur Chapitre 2 (Partie 3) | Rowan

Chapitre 2 (Partie 3) | Rowan

Le lendemain matin, je me retrouvai dans le salon, un café noir entre les mains, Eiden et Marius en face de moi. L’atmosphère était tendue, mais familière.


Je vais aller à la “place des ombres”, voir quel gars je peux mobiliser. Les contacts là-bas sauront qui peut faire le job sans trop attirer l’attention.


Je hochai la tête. Le “place des ombres” était notre façon de désigner un ancien entrepôt, reconverti en repère où nos hommes pouvaient se rassembler discrètement. Pas un endroit que la plupart des gens fréquentaient, et encore moins les autorités. C’était là que tout se jouait quand on avait besoin de ressources discrètes.


Fais ça. On doit être rapide et précis. Je veux tout savoir sur les Moretti. Discret, mais efficace.


Marius se leva sans perdre de temps, ses mouvements précis et rapides. Il n’était pas du genre à tergiverser, surtout quand les choses devenaient sérieuses. En quelques secondes, il était déjà à la porte, prêt à partir.


Je vous tiens au courant, dit-il d’un ton ferme, avant de sortir.


Je le regardai partir, me demandant combien de temps cela prendrait avant qu’il ne revienne avec les informations que nous attendions. Les heures à venir seraient cruciales. Pendant ce temps, Eiden et moi restions là, dans le salon, à réfléchir à la suite des événements.


Alors, on fait quoi maintenant ? demanda-t-il en penchant légèrement la tête.


Je m’étirai, jetant un coup d’œil à la fenêtre. Le temps était encore maussade.


On va faire du repérage. On doit connaître leurs terrains de jeu, trouver les endroits sous leur contrôle, et repérer ceux où ils pourraient être vulnérables.


Je marquai une pause, me dirigeant vers l’escalier.


Mais on ne peut pas se permettre d’être repérés. Si on doit fréquenter un de leurs bars ou autres lieux, on change d’apparence. Je vais te donner des vêtements plus simples, pas de costume trois pièces.


Eiden haussait un sourcil, son regard trahissant déjà une légère réticence.


Attends une minute… Pas de costume ? C’est mon style, tu sais. Je ne peux pas me séparer de ça.


Je me retournais en haut des marches, l’air amusé par sa résistance.


Tu veux vraiment te promener en costume trois pièces dans un bar de quartier bondé où personne ne nous connaît ? Non, merci. On va jouer discrètement, tu vas porter un jean, un t-shirt et une veste décontractée.


Eiden roula des yeux, clairement agacé.


Tu ne comprends vraiment pas, hein ? Le costume, c’est pas qu’une question de style. C’est un truc qui fait partie de moi. C’est… qui je suis.


Je secouai la tête, redescendant les marches avec les vêtements à la main.


Écoute, Eiden. C’est une question de survie et de discrétion. Tu peux toujours garder ton style, mais il va falloir s’adapter. Enfile ça, et on y va.


Il fixa les vêtements pendant un moment, mais je savais qu’il allait finalement céder. Il savait aussi que parfois, il fallait faire des sacrifices, même pour ses principes. Avec un soupir résigné, il prit les vêtements et les enfila sans broncher, mais son air boudeur me fit sourire.


Ce n’est pas encore mon meilleur look, mais ça ira.


Je souris à mon tour.


Allez, ce n’est pas si mal. Maintenant, il est temps de se mettre au boulot.


Le trajet jusqu’au restaurant se passa sans encombre. Une fois arrivés, nous entrâmes dans un petit restaurant italien, simple mais accueillant. Les murs étaient ornés de photos en noir et blanc de paysages italiens, et l’odeur des pâtes fraîches et de la sauce tomate se mêlait à celle du pain fraîchement cuit.

Nous nous installâmes à une table près de la fenêtre, de manière à pouvoir observer discrètement l’extérieur. Une serveuse, plutôt mignonne, s’approcha avec un sourire.


Bonjour messieurs, que puis-je vous servir ?


Je lui fis un signe de tête.


Un plat de lasagnes pour moi, s’il vous plaît. Et une bouteille de vin rouge.


Eiden choisit une pizza margherita, avec une bière pour accompagner. Après avoir pris notre commande, la serveuse s’éloigna, et je me penchai légèrement en avant, mes yeux scrutant les rues depuis la fenêtre.

Un moment de silence s’installa avant que Eiden ne brise la tranquillité en murmurant.


Regarde dehors, là-bas. Il y a un coiffeur un peu étrange. Et cet homme, il regarde souvent le restaurant et la boulangerie.


Je suivis son regard, et je vis effectivement un homme qui, d’un air distrait, observait les passants, puis jetait de fréquents regards vers l’entrée du restaurant. Il se tenait près d’un coiffeur local, juste en face, et regardait de temps en temps par la vitrine.


Comment tu sais qu’il y a une boulangerie ? fis-je, intrigué.


Eiden haussait les épaules, un air faussement détaché.


J’ai repéré une pâtisserie en passant. Pas mal, non ? C’est juste à côté, là, au coin de la rue. Si tu veux, on peut y aller après.


Je le regardai un instant, puis revins à l’homme qui semblait maintenant plus concentré sur son téléphone que sur nous.


On verra plus tard. Concentre-toi sur l’essentiel. Il est peut-être juste un passant, mais son comportement… Ça pourrait valoir la peine d’être vérifié. On va attendre un peu, voir si lui ou quelqu’un d’autre s’approche du restaurant.


Eiden hocha la tête, observant toujours l’homme, un petit sourire en coin.


Tu veux que j’y aille ? Je pourrais toujours jouer au client un peu plus curieux.


Je secouai la tête.


Pas encore. Laisse-moi analyser la situation. Nous allons garder un profil bas pour l’instant. On ne fait rien qui pourrait nous exposer.


Eiden soupira, visiblement impatient, mais il savait que dans ce genre de situation, mieux valait ne pas précipiter les choses.

Le repas se déroula sans encombre, et malgré la tension dans l’air, nous mangeâmes tranquillement, comme si de rien n’était. Le parfum des lasagnes se mêlait à l’odeur de la pizza d’Eiden, qui semblait presque se détendre. Nous parlions à peine, simplement absorbés par notre repas, mais mes yeux restaient souvent fixés sur l’extérieur, surveillant chaque mouvement.


Je m’apprêtais à prendre ma première bouchée de tiramisu lorsque quelque chose attira mon attention. Une voiture noire se gara brusquement devant le coiffeur. L’homme étrange que nous avions repéré se leva, ses gestes rapides et décidés.

Il s’approcha de la voiture et ouvrit la porte passager. Je pouvais apercevoir une silhouette à l’intérieur, mais le visage de la personne qui en sortait restait caché, trop éloigné pour être distingué.


Eiden, qui avait observé la scène d’un œil discret, se pencha légèrement vers moi.


Je l’ai, dit-il d’un ton presque imperceptible, comme un murmure.


Je le regardai, surpris.


Quoi ?


Il se redressa légèrement, son téléphone en main, un air satisfait sur le visage.


La plaque d’immatriculation de la voiture. Je l’ai prise juste à temps. Regarde, c’est celle-ci.


Je jetai un coup d’œil rapide. Il avait effectivement pris une photo discrète de la plaque d’immatriculation avant que la voiture ne s’éloigne.

Tu as aimé ce chapitre ?

1

1 commentaire

Eva Baldaras

-

Il y a 6 jours

petit like de soutien et chapitre débloqué ! Si le coeur t'en dis de me soutenir aussi, n'hésite-pas à faire un petit tour chez moi :)
Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.