Charlyne Petit Le jeu du cœur Chapitre 3 | Halazia

Chapitre 3 | Halazia

Le tintement de la clochette au-dessus de la porte résonna dans la librairie alors que j’ajustais une pile de livres sur une étagère. Le matin était calme, comme je les aimais, avec seulement le bruit des pages tournées par les quelques clients matinaux et l’odeur familière du café que j’avais posé sur mon comptoir.


Je jetai un regard à l’horloge accrochée au mur : 10h15. J’étais arrivée tôt, comme toujours, ouvrant la boutique bien avant l’horaire officiel. C’était une habitude, un besoin de me perdre dans mon univers avant que la réalité ne me rattrape.


Je me tournai vers la vitrine, observant les flocons de neige tomber doucement sur le trottoir. L’hiver semblait s’installer pour de bon, recouvrant la ville d’un voile blanc et paisible. Un contraste ironique avec la tempête intérieure qui ne me quittait jamais vraiment.


Bonjour, Lia.


Je sursautai légèrement avant de sourire en reconnaissant la voix d’Olivia, une cliente régulière. Elle s’approcha du comptoir, retirant ses gants avant de poser un livre sur le bois poli.


— Tu as aimé ? demandai-je en jetant un coup d’œil au livre qu’Olivia venait de poser.


Elle haussa les épaules, un sourire en coin.


Oui et non. L’histoire était prenante, mais j’ai eu du mal à accrocher au personnage principal. Il était un peu… agaçant.


Je laissai échapper un léger rire.


Je vois. Tu veux quelque chose d’un peu différent cette fois ?


Elle hocha la tête, et je me dirigeai vers une étagère où je savais trouver un roman qui pourrait mieux lui convenir. Je sortis un livre, le lui tendis, et elle l’examina en lisant la quatrième de couverture.


Ça a l’air parfait.


Elle passa à la caisse, échangea encore quelques mots avec moi, puis quitta la boutique, me laissant seule avec le silence paisible du matin.


Je pris une gorgée de mon café maintenant tiède, puis me dirigeai vers l’une des étagères du fond. Du bout des doigts, je caressai les reliures, appréciant leur texture sous mes paumes. Finalement, je tirai un livre au hasard, l’ouvris à une page et laissai mon regard courir sur les mots.


Un soupir m’échappa. Ce moment, suspendu dans le temps, était un luxe que je m’accordais rarement.


Mais la clochette de la porte tinta à nouveau, brisant ce calme.


Qui venait d’entrer ? Un client habituel, ou bien quelqu’un d’inattendu ?


La porte s’ouvrit avec le tintement familier de la clochette. Un homme entra, s’arrêtant quelques secondes dans l’entrée comme s’il prenait un instant pour apprécier l’atmosphère calme de la librairie. Il était grand, vêtu d’un manteau noir élégant, ses cheveux sombres légèrement éparse sous un chapeau. Il ne semblait pas pressé, sa démarche mesurée contrastant avec l’effervescence extérieure.


Il s’avança vers le comptoir, un léger sourire sur les lèvres.


Bonjour, je cherche des livres sur l’histoire de la ville, dit-il d’une voix polie et calme. Des ouvrages anciens, avec des plans avant et après, si vous en avez.


Je le regardai un instant, étonnée par sa demande inhabituelle. C’était une requête étrange pour une librairie comme la mienne. La plupart des clients cherchaient des romans ou des livres de développement personnel, mais pas des études détaillées sur l’évolution d’une ville.


Des livres sur l’histoire ? Je crois que j’en ai quelques-uns. Mais des plans anciens… Vous avez un projet particulier ? demandai-je, intriguée, tout en cherchant à évaluer ses intentions.


Il haussait légèrement les épaules, comme si sa demande était anodine.


Disons que je m’intéresse aux transformations de la ville, répondit-il. J’aime comprendre comment elle a évolué au fil des années.


Il y avait quelque chose dans son regard, une sorte de distance polie, comme s’il cherchait à garder une part de mystère. Je ne pouvais m’empêcher de me demander pourquoi quelqu’un aurait un tel intérêt pour les anciennes cartes et l’histoire d’une ville.


Je fis un geste en direction des étagères du fond.


Laissez-moi voir ce que je peux vous proposer, dis-je en me dirigeant vers l’endroit où se trouvaient les livres d’histoire locale.


Je me dirigeai vers l’étagère du fond, mes pas résonnant légèrement dans la pièce silencieuse. L’homme me suivit, s’arrêtant à quelques pas de moi, observant les étagères comme s’il était déjà familier de l’endroit.


Je tirai un livre, puis un autre, tous deux reliés en cuir et un peu abîmés par le temps. Je les parcourus brièvement avant de les poser sur le comptoir.


Ce sont des livres sur l’histoire de la ville, mais je n’ai pas de plans anciens, seulement quelques récits et descriptions des changements principaux. Je suppose que ce n’est pas ce que vous cherchez, n’est-ce pas ?


Il s’approcha du comptoir, ses yeux glissant sur les livres que je venais de poser. Un silence s’installa entre nous avant qu’il ne parle à nouveau, sa voix toujours calme.


Non, ce n’est pas exactement ce que je recherche. Mais cela pourrait être utile, en effet.


Je le regardai, encore intriguée. Quel genre de recherches pouvait-il faire avec des livres comme ceux-ci ? Il y avait quelque chose de particulier dans sa manière d’examiner les objets autour de lui, comme s’il les analysait dans un but précis.


Puis-je vous poser une question ? demandai-je, ne pouvant plus retenir ma curiosité. Pourquoi cette ville ? Il y a tant d’autres endroits…


Il tourna son regard vers moi, un léger sourire effleurant ses lèvres.


Disons que j’ai une… affinité particulière pour cette ville, répondit-il. C’est l’une des raisons pour lesquelles je me suis intéressé à son passé.


Son regard se fit plus intense, mais il ne sembla pas vouloir en dire plus. Son attitude, bien qu’amicale, me mettait mal à l’aise. J’avais l’impression qu’il cachait quelque chose, que sa demande allait bien au-delà de la simple recherche historique.


Je restai un moment à le fixer, me demandant si j’osais poser la question qui me brûlait les lèvres.


Vous êtes… un touriste ? demandai-je enfin, hésitante.


Il haussait une épaule, l’air presque amusé par ma question.


Pas exactement. Mais c’est un peu comme si j’étais un visiteur. Merci pour votre aide.


Sans un autre mot, il prit les livres que je lui avais tendus, et se dirigea lentement vers la porte. Avant de franchir le seuil, il s’arrêta un instant, comme s’il réfléchissait à quelque chose. Puis, il se tourna vers moi une dernière fois.


Votre librairie est agréable, dit-il simplement, avant de sortir.


La porte se referma derrière lui avec un léger tintement, et je restai là, seule, le cœur légèrement accéléré. Quelque chose dans cet échange m’avait mise sur mes gardes. Pourquoi un homme aussi mystérieux, aussi calme, se serait-il intéressé à une librairie ordinaire comme la mienne ? Et pourquoi semblait-il connaître des détails qui auraient dû rester privés ?




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1 commentaire

Eva Baldaras

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Il y a 6 jours

petit like de soutien ! Si le coeur t'en dis de me soutenir aussi, n'hésite-pas à faire un petit tour chez moi :)
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