Fyctia

La lumière tamisée du bureau éclairait l’écran de mon téléphone, et je lançai une recherche rapide sur l’un des dossiers en cours. Il fallait prendre des décisions rapidement. Mais dans le calme de la maison, je n’arrivais pas à me concentrer entièrement.

La porte s’ouvrit brusquement, et Ghost se redressa d’un coup, ses oreilles dressées et sa posture tendue. Il grogna légèrement, prêt à se jeter sur quiconque entrait, fidèle à sa réputation de gardien. Mais lorsqu’il aperçut Eiden dans l’embrasure de la porte, il se figea un instant, les yeux rivés sur lui, avant de s’approcher lentement, remuant la queue. Finalement, il sauta sur lui en aboyant joyeusement, comme s’il lui faisait la fête.

- Salut, Ghost. Comment ça va, mon vieux ? dit Eiden, caressant le chien avec un sourire.

Le chien lui lécha la main avant de se détourner pour revenir près de moi, se couchant à mes pieds d’un air satisfait.

Quelques instants plus tard, la porte s’ouvrit de nouveau, et Marius fit son entrée. Ghost leva immédiatement la tête et aboya plus fort cette fois, les poils hérissés. Il s’approcha lentement de Marius, grognant un peu, l’air méfiant.

- Pourquoi tu m’aimes pas ? demanda Marius en rigolant, comme si ça le dérangeait à peine.

Eiden se tourna alors vers Marius avec un grand sourire.

- Je pense qu’il n’aime pas trop ta coupe de cheveux. Il désigna la tête de Marius d’un air faussement sérieux. Un peu trop Dwayne Johnson pour lui, tu vois ?

Marius éclata de rire, secouant la tête, et se passa une main dans ses cheveux.

- Quoi ?! Tu rigoles ?! Il se tourna vers Ghost, feignant d’être vexé. T’es sérieux, toi ?!

Eiden, hilare, lui répondit avec une taquinerie évidente.

- Regarde-moi. J’ai des cheveux, et lui, il m’aime bien. Il haussait les épaules comme s’il était blasé. Pas comme toi.

Marius répondit en riant, les bras croisés.

- Bon, d’accord. Je vais me laisser pousser les cheveux pour voir si ça va mieux avec toi, Ghost.

La scène, tout à fait décontractée, finit par faire remuer la queue de Ghost, qui se coucha tranquillement près de moi, oubliant la légère méfiance qu’il avait eue envers Marius.

Je pris une gorgée de mon café, observant un instant mon chien qui s’était finalement installé à mes pieds, comme si le monde autour de nous n’existait plus. Mais la réalité me rattrapa bien vite. Je relâchai un soupir, puis me tournai vers mes deux hommes de confiance.

— Mon père m’a dit que les Moretti tentaient de s’implanter sur notre territoire. Ils nous testent.

Le ton était calme, mais l’inquiétude sous-jacente était palpable. Eiden fronça légèrement les sourcils, tandis que Marius se redressa, son sourire habituel effacé par une pointe de sérieux.

— S’ils essaient de nous tester, c’est qu’ils croient qu’on est vulnérables, ajouta Eiden, sa voix grave et mesurée.

Je hochai la tête, sachant qu’il avait raison. Le problème, c’était que les Moretti n’étaient jamais à sous-estimer. Ils avaient des ressources, et leur ambition n’avait d’égale que leur cruauté.

— Mon père veut que je m’occupe de ce problème, comme je l’ai toujours fait, continuai-je. Mais je sais que ça ne va pas être aussi simple cette fois.

Marius croisa les bras, pensif.

— On peut se préparer à l’idée qu’ils vont passer à l’offensive, pas juste tester les limites. Peut-être qu’ils cherchent à enfoncer un coin dans notre organisation, à semer le doute.

Je regardai Marius, impressionné par sa clairvoyance. C’était exactement ce que je redoutais.

— Ou peut-être qu’ils veulent juste une occasion de frapper, répondis-je. Et moi, je ne vais pas leur donner cette chance.

Je me levai lentement, le bruit de mes pas se mêlant à celui de la pluie battant contre les

Je sortis un dossier en cuir de mon tiroir, le posant devant moi. Je l’ouvris lentement, jetant un œil aux quelques informations que j’avais pu rassembler jusqu’à présent. Ce n’était pas grand-chose, juste des bribes. Les Moretti étaient toujours dans l’ombre, calculant leurs coups. Rien de concret pour le moment. Juste des murmures. Mais ces murmures étaient déjà un problème.

Je levai les yeux vers Eiden et Marius.

— Pour l’instant, on n’a pas grand-chose, dis-je en feuilletant les papiers. Demain, il va falloir être discret. Enquêter nous-mêmes sur les trucs simples. Il faudra qu’on se fonde dans le décor, rien de visible. On n’a pas le droit de se faire repérer.

Je fis une pause, avant de jeter un regard plus lourd à mes deux hommes.

— Quant aux infos un peu plus compliquées, je vais demander à nos hommes qui sont moins connus d’infiltrer les milieux des sans-abri, des dealers, là où la communication est plus… informelle. Ils connaissent bien ce terrain, et cela nous donnera peut-être des indices sur leurs mouvements.

Eiden hocha la tête, pensif.

— Ça pourrait prendre du temps, mais on n’a pas le choix. Si on reste dans l’ombre, ils finiront par se trahir.

Marius, un peu plus détendu mais toujours sur le qui-vive, se leva.

— Je vais m’assurer qu’on ait les bonnes personnes en place, mais je suis d’accord, il faut jouer discret. Pas de grosses manœuvres, pas de bruit. On observe.

Je glissai une main sur le dossier fermé, pensif.

— Exactement. On ne peut pas se permettre d’aller trop vite. Si on commence à faire du bruit, ils vont se poser des questions. Si on les prend de front trop tôt, ça pourrait mal tourner. Il va falloir être stratégique.

Je me levai alors, éteignant la lampe sur le bureau.

— On se donne rendez-vous demain matin, à l’aube. Préparez-vous, et surtout, restez hors de vue.

Le silence s’installa brièvement dans la pièce alors que nous nous préparions à nous disperser. Ghost, fidèle compagnon, se leva avec moi, son regard fixé sur moi comme s’il savait que les choses allaient se corser dans les heures à venir.

Je n’avais jamais aimé être dans l’ombre, mais parfois, c’était la seule manière d’obtenir ce qu’on voulait. Et, pour l’instant, la prudence serait notre meilleure alliée.