Charlyne Petit Le jeu du cœur Chapitre 2 | Rowan

Chapitre 2 | Rowan

La fumée du cigare flottait lentement dans l’air, rendant l’atmosphère du bureau encore plus lourde. Assis à l’une des extrémités de la grande table en acajou, je faisais tourner distraitement mon verre de whisky entre mes doigts. Face à moi, mon père s’adossait à son fauteuil en cuir, son regard perçant braqué sur moi.


À sa droite, Hector, son bras droit, se tenait debout, bras croisés, impassible comme toujours. Il ne parlait jamais trop, mais il n’en pensait pas moins.


Les choses deviennent… compliquées, Rowan.


Mon père n’élevait pas la voix, mais je connaissais assez bien ce ton pour savoir qu’il n’attendait pas de réplique. J’avalai une gorgée de whisky avant de répondre d’un air détaché.


Compliquées comment ?


Hector fut le premier à briser le silence.


— Les Moretti tentent de s’implanter sur notre territoire. Ils nous testent.


Je levai un sourcil.


— Ça fait longtemps qu’ils n’ont pas essayé de faire ce genre de conneries.


— Justement, répondit mon père. Ils doivent penser qu’on s’est ramolli.


Je laissai échapper un léger rire, secouant la tête.


Et tu veux quoi ? Que je leur envoie un panier gourmand avec une note “Bien essayé” ?


Hector esquissa un sourire discret, mais mon père, lui, ne riait pas.


Rowan, arrête tes conneries. On ne peut pas se permettre de rester les bras croisés.


Je posai mon verre, prenant enfin un ton plus sérieux.


Alors qu’est-ce que tu attends de moi exactement ?


— Que tu t’occupes d’eux, répondit-il calmement. Comme tu l’as toujours fait.


Je soutins son regard un moment avant de hocher la tête.


— Très bien. Je vais m’en occuper.


Le sourire satisfait de mon père fut bref. Il savait que quand je disais que j’allais régler un problème, je le faisais.


La réunion était terminée, mais je savais que les emmerdes, elles, ne faisaient que commencer.


Je descendis les escaliers menant au hall principal, l’écho de mes pas résonnant contre les murs ornés de moulures élégantes. La réunion avec mon père m’avait laissé un goût amer en bouche, mais ce n’était pas une surprise. Avec lui, rien n’était jamais simple.


Alors que j’atteignais le rez-de-chaussée, une voix douce mais assurée m’interpella.


Rowan.


Je relevai la tête et croisai le regard perçant de ma mère. Installée près de la grande baie vitrée, une tasse de thé entre les mains, elle m’observait avec cette patience tranquille qui me mettait toujours mal à l’aise.

Je soupirai et m’approchai.


Tu es encore en pleine réflexion, remarqua-t-elle, posant sa tasse sur la table basse.


Je me laissai tomber dans le fauteuil en face d’elle, massant ma nuque endolorie.


Il y a toujours quelque chose à gérer.


Elle hocha lentement la tête, sans me quitter des yeux.


Ton père t’en demande trop.


Je laissai échapper un léger rire, sans joie.


Ce n’est pas une nouveauté, Maman.


Elle soupira doucement, son regard s’attardant sur moi avec une inquiétude qu’elle ne prenait pas la peine de masquer.


Rowan, je t’ai vu grandir dans ce monde. Je sais ce que ça implique. Mais parfois, j’aimerais que tu te demandes ce que toi, tu veux vraiment.


Je détournai le regard, observant la neige qui tombait doucement dehors.


Ce que je veux n’a pas vraiment d’importance.


Elle serra les lèvres, comme si elle voulait dire quelque chose, mais se retint. À la place, elle tendit la main et effleura brièvement la mienne. Un geste rare, un vestige d’un temps où les choses étaient peut-être plus simples.


Fais attention à toi, Rowan, souffla-t-elle.


Je hochai la tête, me redressant.


Je dois y aller.


Elle me regarda encore un instant avant de murmurer.


Je sais.


Je me redressai, prêt à partir, mais avant de me détourner complètement, je fis quelque chose que je ne faisais pas souvent.

Je me penchai légèrement et déposai un baiser sur sa joue.

Ma mère resta immobile un instant, surprise par le geste, puis un léger sourire adoucit ses traits.


Je t’aime, Rowan, murmura-t-elle.


Je ne répondis pas, me contentant d’un simple hochement de tête avant de quitter la pièce. Mais même une fois dehors, je sentais encore la chaleur de ce bref contact, comme un rappel silencieux qu’au milieu du chaos, certaines choses restaient immuables.


Je montai dans ma voiture, claquant la porte derrière moi, la voiture se mettant en mouvement sous la pression de l’accélérateur. La nuit s’étendait devant moi, noire et silencieuse. J’allumai le moteur, la mélodie familière d’une chanson rock s’élevant doucement dans l’habitacle. Un soupir s’échappa de mes lèvres. Le bruit de la musique me couvrait presque complètement, me permettant de me perdre dans mes pensées.


Les affaires étaient loin d’être simples. Les Moretti étaient plus proches que jamais, et malgré les ordres de mon père, il fallait être stratégique. Je pensais à ce qu’il venait de dire, à la manière dont il attendait de moi que je prenne les choses en main. Une pression bien trop familière.


Le trajet vers la maison sembla interminable, chaque kilomètre accentuant ce poids sur mes épaules. Quand je passai enfin les portes de ma propriété, la lumière du garage s’alluma, et je fis rouler la voiture jusqu’à l’entrée. Je me garai, éteignis le moteur et restai un instant dans le silence.


Je n’avais pas le temps de respirer.

Je sortis de la voiture avec la même urgence, fermant la porte derrière moi sans un bruit. Le froid de la nuit semblait vouloir m’envahir, mais je ne lui laissai pas le temps. Je traversai rapidement l’entrée de la maison, mes pas résonnant dans l’immensité silencieuse de la demeure. Dès que je passai la porte, Gosht, accourut vers moi en aboyant joyeusement, secouant son arrière-train comme un fou.


Je souris malgré moi en me penchant pour le caresser. Il était l’un des rares à savoir comment faire fondre mon masque de froideur. Il sauta autour de moi, réclamant des caresses. Je le laissai faire, profitant de cette simple affection, même si elle ne durait jamais longtemps. Sa chaleur animale m’éloignait un instant du poids des responsabilités, mais je savais que je n’avais pas le temps pour ça.


- Tu es un bon garçon, Gosht, murmurai-je, en lui grattant le derrière de l’oreille.


Il se coucha à mes pieds, attendant que je lui accorde un peu plus de mon attention. Je me redressai lentement, puis le suivis dans le grand hall et le conduisis vers mon bureau. Il me suivait fidèlement, sa présence presque apaisante malgré tout ce qui se passait dans ma tête.


J’allumai la lumière du bureau, posai mon manteau sur le dossier de la chaise, et m’assis à mon bureau. Gosht s’installa à mes pieds, sa tête posée sur ses pattes, ses yeux fixés sur moi comme pour s’assurer que je ne l’oublierai pas.


Je pris un moment pour respirer. Les ordres étaient clairs, mais il fallait s’assurer que tout soit prêt.


Je sortis mon téléphone et composai le numéro d’Eiden et Marius. Le silence de la maison me pesait, et je savais que la nuit serait longue.

Tu as aimé ce chapitre ?

4

4 commentaires

loup pourpre

-

Il y a 7 jours

Oh, carrément ! L’ambiance de mafioso. 😱

Charlyne Petit

-

Il y a 7 jours

Yes !! Je penses c’est original pour une histoire ambiance Noël

loup pourpre

-

Il y a 7 jours

Ah ouais ! J’attends le beau cadeau. On aura droit à une tête de cochon dans une boîte enrubannée ?

Charlyne Petit

-

Il y a 7 jours

Les têtes de cochon, c’est dépassé. Il faut savoir innover. ahaha !!
Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.