Charlyne Petit Le jeu du cœur Chapitre 1 (Part 2) | Halazia

Chapitre 1 (Part 2) | Halazia

Je regardai la petite fille chanter, son innocence et sa joie me frappant au cœur. Dans cet instant suspendu, la librairie, mon petit monde, semblait reprendre vie. J’avais toujours aimé les enfants, et la pureté de leurs rêves me rappelait un temps où mes propres rêves semblaient plus accessibles, moins encombrés par des responsabilités et des dettes.


La mère sourit doucement en voyant sa fille danser autour du comptoir, les bras en l’air. Elle semblait bien plus sereine maintenant, et je me surpris à la regarder un peu plus longuement. La fatigue était évidente sur son visage, mais la tendresse qu’elle avait pour sa fille était palpable. Il y avait une sorte de beauté tranquille dans cette relation, un amour simple mais profond.


Je tendis la main pour remettre le livre de princesse dans un sac.


- J’espère qu’elle aimera son histoire, dis-je, en m’adressant à la mère, toujours avec ce sourire doux.


Elle me jeta un regard reconnaissant.


- Merci beaucoup, répondit-elle. Vous avez vraiment fait ma journée, à elle comme à moi.


Je souris, touchée par ses mots. Mais derrière ce sourire, un sentiment étrange monta en moi, un mélange de frustration et de nostalgie. Moi aussi, j’avais eu des rêves. Moi aussi, j’avais voulu, un jour, être comme cette petite fille, libre et insouciante, sans me soucier des factures, des dettes et des choses que je ne pouvais pas contrôler. Mais la réalité avait toujours été là, à m’attendre, prête à me rappeler que la vie n’était jamais aussi simple que dans un conte de fées.


Je tendis le sac à la mère, qui le prit avec un léger soupir de soulagement. La petite sauta joyeusement à ses côtés, le marque-page serré dans sa main.


- Merci encore, dit la mère, avant de se tourner vers la porte. Bonne soirée.


- Bonne soirée, répondis-je, tandis qu’elles quittaient la librairie, la petite fille chantonnant encore doucement.


Je fermai un instant les yeux, me laissant emporter par l’écho de cette chanson. “Libérée, délivrée…” Ces mots résonnaient dans ma tête, mais d’une manière différente. Libérée de quoi ? De la pression, du stress ? Ou simplement de la peur de l’inconnu ? Peut-être qu’un jour, moi aussi, je pourrais trouver ma propre libération. Mais pour l’instant, je savais que chaque jour serait une nouvelle lutte.

Le temps s’étira jusqu’à la fermeture. La librairie était plongée dans un silence presque lourd, seul le bruit des pages tournées et le crépitement léger du chauffage brisaient l’immobilité de l’endroit. Je n’avais pas eu beaucoup de clients aujourd’hui, juste quelques habitués qui avaient acheté un livre ou deux.


Je rangeai lentement les derniers livres, les yeux toujours fixés sur la neige qui tombait doucement dehors. Les rues étaient désertes à présent, tout le monde se réfugiait dans la chaleur de chez soi. Moi, je restais là, entourée de mes livres, me sentant presque en dehors du monde, comme un spectateur d’une vie qui semblait continuer sans moi.


Je pris un livre au hasard sur l’étagère près du comptoir, le feuilletant sans vraiment y prêter attention. Le papier des pages me sembla froid sous mes doigts, mais le mouvement était apaisant, une sorte de rituel qui me permettait de vider mon esprit.


Je jetai un coup d’œil à l’horloge. Une heure avant la fermeture. La lumière du jour s’éteignait, et l’extérieur devenait de plus en plus sombre. La neige recouvrait tout, les lampadaires de la rue se reflétaient faiblement dans la vitre, projetant une lumière douce et tamisée dans la librairie. C’était le calme avant la nuit, un calme presque irréel, comme si le monde entier retenait son souffle.


Je posai le livre sur le comptoir, laissai échapper un dernier soupir avant de faire le tour de la librairie pour vérifier que tout était en ordre. Une fois la porte verrouillée, je fermai les volets et éteignis les lumières, laissant la librairie plongée dans l’obscurité, tout en sentant la chaleur de l’endroit me manquer immédiatement.


Je fis un dernier tour du regard avant de quitter, et, dans la neige tombante, je fermai la porte derrière moi. L’air glacé me frappa en plein visage, mais j’étais calme, presque apaisée par la solitude de la nuit. La ville s’endormait, et moi, je repartais vers ma propre nuit, avec un léger sourire.


Je poussai la porte de mon appartement, et l’instant d’après, une petite boule de poils bondit sur moi. Koa, mon petit Siamois de deux ans, venait de faire son entrée en trombe, comme à son habitude. Je souris, un sourire sincère qui se dessina sans effort, malgré la journée qui m’avait épuisée. Il était mon rayon de soleil, toujours là pour m’accueillir après une journée difficile, avec ses yeux clairs et son pelage soyeux.


Je m’accroupis pour le câliner, et il se roula en boule dans mes bras, ronronnant de bonheur. Il savait toujours comment me réconforter. Il n’avait pas besoin de parler, juste d’être là, de me regarder avec ses grands yeux pleins de tendresse. Je le serrai contre moi, fermant un instant les yeux.


- Tu es mon petit bonheur, Koa, murmurais-je, en lui caressant doucement le dos.


Il me répondit par un ronronnement satisfait, se blottissant un peu plus contre moi. Ce petit chat, qui n’avait jamais eu à se soucier de quoi que ce soit, était mon refuge. Quand j’étais avec lui, tout semblait plus facile, même si je savais que je devais affronter la réalité de mes problèmes. Mais pour un moment, cela ne semblait plus aussi lourd.


Je le laissai se glisser de mes bras et le suivis jusqu’à la cuisine, où je préparai un petit repas pour lui. En attendant, je me laissai tomber sur le canapé, épuisée mais apaisée par sa présence. La neige continuait de tomber doucement dehors, et le monde semblait s’étirer dans un silence feutré, comme si la ville elle-même ralentissait pour me laisser un peu de répit.


Koa sauta sur le canapé à côté de moi, se coucha et me regarda. Ses yeux semblaient comprendre que ce soir, je n’avais pas besoin de parler. Il était juste là, fidèle, prêt à partager ce silence avec moi.


Je commençais à m’endormir au son du ronronnement de ma petite boule de poil, Koa, blotti contre moi. Je le caressai doucement, un sourire flottant sur mes lèvres. Il se leva, mangea rapidement quelques croquettes avant de revenir se nicher contre moi.


Je me levai pour prendre une douche rapide, l’eau chaude me réchauffant et m’apaisant après cette journée. Quand je ressortis, enroulée dans une serviette, je retrouvai Koa, installé confortablement sur le canapé. Je le rejoignis, me glissai sous la couverture, et il s’installa immédiatement contre moi, son corps chaud contre le mien.


La neige tombait toujours doucement dehors, et moi, bien au chaud, je fermai les yeux, respirant lentement. Il n’y avait rien de plus réconfortant que cette tranquillité. La journée était terminée, et ce soir, Koa et moi étions ensemble. Pour l’instant, c’était tout ce dont j’avais besoin.

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1 commentaire

loup pourpre

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Il y a 8 jours

💪😆
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