readingswithgwen Le goût de Noam 2| Avril (partie 1)

2| Avril (partie 1)

Les lumières scintillantes de New York m’aveuglent légèrement lorsque je sors du taxi pour rejoindre l’homme de tout mes tourments dans ce bar branché de la cinquième avenue. Je suis angoissée à l’idée de le revoir. Nous n’avons pas eus de réelles conversations depuis un an. En revanche, nous nous sommes revus au tribunal pour signer les papiers du divorce. L’un des pires jours de ma vie. Je ne sais pas pourquoi j’ai enfin osé lui demander qu’on se voit, mais dorénavant je ne peux plus me défiler. Les vitres sur la façade avant du bar, me donne une vue imprenable sur l’intérieur. Je plisse légèrement les yeux pour essayer de trouver mon père malgré la foule qui s’amasse en grande quantité à l’intérieur, mais c’est peine perdue.


Un frisson parcourt l’intégralité de mon corps. Quelques flocons de neige viennent s’échouer sur le trottoir grisonnant. Comme une enfant, je suis émerveillée par ce fabuleux spectacle. Et malgré le froid qui me consume, je reste encore quelques minutes à observer le blanc recouvrir doucement les toitures des voitures, les trottoirs et les bonnets des passants. Je ne me lasserai jamais de ce spectacle que New York nous offrent en hiver.


-C’est beau, n’est ce pas ?


Je sursaute en attendant ce timbre de voix, que je crois reconnaitre. En tournant légèrement la tête sur ma droite j’écarquille les yeux, surprise de me retrouver juste à coter de Noam.


-Heu.. Oui.


Il faut que j’arrête de bégayer à chaque fois que je parle à un homme, on dirait une adolescente qui découvre les premiers émois amoureux.


-Tu fais quoi ici ?


Je reste de marbre face à ce jeune homme à la carrure imposante et aux muscles saillants. Ses cheveux de jais et ses yeux d’un noir qu’on pourrait les confondre avec les ténèbres me sondent. Je ne comprends pas comment il a réussi à me reconnaitre, ni ce qu’il fait à coter de moi. De plus, je ne comprends pas pourquoi il tente de me faire la conversation. Je ne vais quand même pas lui répondre que je vais voir mon géniteur, l’homme qui a trompé ma mère pour assouvir ses désirs personnels avec ma meilleure amie, mais aussi l’homme qui a détruit ma vision de l’amour. Non, je ne peux définitivement pas lui dire cela, alors je décide de mentir.


-Un rendez-vous galant, et toi ?


De légers signes physiques venant de lui, me prouvant que de savoir cette information ne lui plait pas, s’opère sous mes yeux. Sa mâchoire s’est légèrement contracté, sa pomme d’Adam remonte relativement vite et il a détourné assez rapidement le regard pour cacher son énervement.


-Moi ? Je viens de me faire poser un lapin. Bonne soirée.


Sur ces mots, il hèle un taxi et disparait dans la circulation New-yorkaise en moins de temps qu’il n’en faut. Et tout au fond de moi, j’aurai voulu lui dire que moi je ne lui aurai jamais posé de lapin parce que je détesterai qu’on me le fasse. J’aurai voulu qu’on s’installe à une table pour discuter de tout et n’importe quoi jusqu’à ce que la nuit l’emporte. Le mensonge a rythmé ma vie durant bien trop longtemps et dorénavant, je n’accepte plus un seul écart de la part de quelqu’un. Néanmoins, je me détourne de l’artère principale, pour me re concentre sur le bar qui me fait de nouveau face. J’inspire un bout coup, puis je m’avance vers la porte donnant sur l’intérieur.


La seule chose que je sais, c’est qu’il a réservé à son nom, pour que je le retrouve plus facilement. En entrant la chaleur du lieu contrastant avec l’extérieur, me saisit directement. De l’extérieur, cet endroit ne paye pas de mine, mais une fois à l’intérieur je me rends bien compte que je me trouve dans un bar assez sélecte. Un serveur s’amène à moi, sans que j’ai besoin de le chercher parmi tout ce monde qui se trémousse. Une grande piste de danse est installée au centre, et de la musique pop est crachée par les enceintes. La plupart des corps mouvant en parfaite harmonie.


-Bonsoir mademoiselle, vous aviez réservé ?


-Bonsoir, oui. Au nom de Cox.

Il parcourt des yeux son carnet qu’il tient entre les mains tout en sifflotant l’air de la chanson qui passe. Mon angoisse ne fait que de s’accroître de secondes en secondes. Je ne sais plus si je dois rester ici ou rebrousser chemin. Tout ce que je sais à l’heure actuelle, c’est que la stresse est tellement présent que je n’arrive plus à réfléchir correctement.


-Venez avec moi.


Le serveur me sort son sourire le plus commercial, et je me force à lui sourire en retour. Je dois avoir l’air d’une folle. Mon regard se pose sur chaque recoins dans la pièce comme si je me sentais épié. Mes sens sont en alertes, au moindre bruit qui sort de l’ordinaire, ma tête se tourne d’un seul coup. Mon coeur palpite tellement fort que je ne sais même plus si c’est les basses ou les battements de mon coeur que j’entends.


-Et voilà.


D’un geste de la main il me désigne la table. Je fronce les sourcils ne voyant personne assis. Je ne comprends pas, je suis moi-même en retard de dix minutes, je pensais qu’il serai déjà arrivé depuis un moment.


-Personne ne vous a demandé cette table avant moi ?


-Attendez, je regarde.


Il baisse son regard sur son carnet, je le vois effleurer du bout des doigts le papier. Il doit surement chercher si l’un de ses collègues n’aurais pas déjà accompagné une personne à cette table. Il secoue négativement la tête en relevant son visage vers le mien.


-Non, personne mademoiselle.


-Merci quand même.


Je décide de m’installer sur la banquette en cuir en attendant. Peut être est-il en retard ? Le serveur m’offre la carte des boissons et au moment de partir il me glisse avec un rictus amusé sur le visage.


-C’est drôle, vous êtes la deuxième personne ce soir qui se fait poser un lapin.


Je cache tant bien que mal la grimace qui se propage sur mon visage derrière la carte des boissons. Il s’en va me laissent seule avec mes pensées qui m’assaillent de tout les cotés. Ma jambe n’arrête pas de bouger dans un tic nerveux. Mes yeux observent la porte que je vois à peine du fond du bar. J’essaye de distinguer sa silhouette que je n’aurai pas de mal à reconnaitre, mais pour l’instant personne n’apparait sous mes yeux. Je soupire, un peu déçue. Une fois de plus.

J’espère que mon propre père ne va pas me poser un lapin. Il sait qu’il doit se rattraper sur pleins de choses. Néanmoins, un an dans une vie, cela peut être rien, mais pour ma construction mental, avoir était loin de mon père, a été très compliqué. Les yeux rivés sur la carte des boissons, cherchant quelque chose de ne pas trop fort, je ne vois pas le serveur et mon géniteur s’approcher à grand pas de la table.


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