Fyctia
2⎜Avril (Partie 2)
-Et voilà, votre table monsieur.
Je relève mon visage vers le serveur de tout à l’heure qui nous regarde tour à tour avec une légère grimace sur le visage. Je fronce les sourcils ne comprenant pas pourquoi il nous observe comme cela. Mon père s’installe en face de moi. Il continu à nous observer.
-Il y a un problème ?
-Hein ? Non, non bien sur que non.
Ne me dites pas qu’il croit que mon père et moi, nous sommes à notre premier rendez-vous amoureux ? Je n’aime pas beaucoup ce serveur qui me paraît intrusif dans la vie des gens. Je ne vois pas en quoi ça le regarde que nous soyons de la même famille, en couple ou bien je ne sais quoi d’autre. Il est vrai que tout peut porter à confusion, je suis habillée élégamment et stressé depuis tout à l’heure quand à mon père, il a sorti la chemise avec un pantalon en toile et des mocassins.
-Comment tu vas ?
Il est le premier à briser le silence, et c’est la première fois que j’ose le regarder dans les yeux. Il n’a pas beaucoup changé depuis la dernière fois, seuls quelques rides ont fais leurs apparitions, des cheveux et de poils de barbe qui sont devenus grisonnants avec le temps. J’observe d’un nouvel oeil l’homme que j’ai en face de moi. La vie semble lui être passé sur le corps. J’ose le regarder plus de quelques secondes dans les yeux et ce que j’y vois me saisie. L’homme que j’ai en face de moi, souffre autant que moi, mais je ne sais pas faire semblant et il m’a bien trop fait souffrir pour que je lui pardonne en un claquement de doigt.
-Oui, et toi ?
Cela n’est pas vrai, mais il n’a pas besoin de le savoir.
-On fait aller. Que fais-tu maintenant dans la vie ? Maman m’a dit que tu avais arrêté les études.
Je fronce les sourcils, je ne savais pas qu’ils étaient restés en contact. J’ai arrêté mes études de littératures après l’annonce de mes parents. Je n’arrivais plus à faire semblant et je passait mes nuits à faire des insomnies, et mes journées à l’école. Ma santé physique et mentale étaient en jeu, alors j’ai préféré tout arrêter et penser à moi. Au moment où j’allais lui répondre le serveur revient pour prendre nos commandes.
-Un Spritz pour moi et toi papa ?
J’accentue bien sur le papa pour qu’il comprenne qu’il ne se passe pas de trucs bizarres à cette table. Et au vu de son sourire qui s’affaisse je comprends que j’ai visé dans le mile.
-Un Monaco s’il vous plais.
Le serveur s’en va avec nos cartes et notre conversation peut reprendre.
-Je travail en librairie, je me voue un passion pour la lecture depuis un an.
-C’est géniale ça.
-J’avais besoin de fuir la réalité.
Le sourire que mon père arborait, s’affaisse. Je n’ai pas commencé la lecture innocemment, j’avais besoin d’échapper à tout ce chaos. Alors, j’ai commence à lire, je retrouvé dans ces livres des hommes prêt à tout pour les femmes qu’ils aimaient, mais surtout j’avais l’impression de vivre de réelles histoires d’amour. Celles qu’on ne trouvera jamais dans la vraie vie.
-Si tu savais comme je m’en veux Avril.
-C’est fait, on ne peut pas revenir dessus.
Il soupir. Il joue avec ses doigts. Je le connais et même si une année est passée entre nous, je vois à son attitude qu’il me cache quelque chose et qu’il a peur de me le dire.
-Qu’est ce qu’il se passe ?
Ses yeux se reposent sur moi et malgré moi, je me dandine sur mon siège.
-On va se marier.
Je fronce les sourcils en écarquillant les yeux. Je ne veux pas y croire. Je ne peux pas croire que mon géniteur va se marier avec la personne que je considérais comme ma meilleure amie. C’est une blague. Le seule chose qu’elle veut, c’est son argent. J’en suis persuadée. Dès qu’elle aura l’occasion, elle se trouvera une autre cible. Plus jeune cette fois si.
-Avec qui ?
Le serveur nous interrompt une fois de plus et cela m’agace. Il dépose nos deux boissons sur la table, puis part sans demander son reste. J’attrape mon verre et j’en avale presque l’intégralité en une fois. Je ne peux pas y croire, dites moi que c’est avec quelqu’un d’autre.
-Avec Maureen ma puce.
Mon monde s’écroule une nouvelle fois. J’ai beau tenter de me reconstruire, il y a toujours quelque chose qui vient m’arracher les pansements qui couvrent mes blessures d’un coup sec, pour me faire encore plus mal. Ma cage thoracique se comprime, tandis que mon coeur menace de quitter mon corps à tout moment. Des larmes de rage s’accumulent dans mes yeux, et je sais que je ne dois pas craquer maintenant, alors je ravale tout en avalant ma salive. Je ferme les yeux quelques secondes le temps reprendre une consistance.
-C’est du sérieux alors ?
-Oui, on essaye même d’avoir un enfant tu sais ?
Je crois rêver. John Cox allias mon géniteur qui a vingt-deux ans de plus qu’elle, essaye d’avoir un enfant avec elle, et veut se marier avec elle. Il faut que ce rendez-vous s’arrête le plus vite possible. Je suffoque.
-J’espère que tu l’as trompera pas celle la.
Je commence à me lever et à attraper mon sac, je sais qu’il me suit. Et malgré mes efforts pour sortir le plus vite possible de ce bar, il me rattrape rapidement. Il y a beaucoup trop de monde pour que j’atteigne la sortie avant qu’il soit à mes cotés. Sa main attrape mon avant bras me forçant à me tourner face à lui.
-Tu es invité au mariage, c’est le mois prochain.
-Même pas en rêve.
Je me dégage de son emprise sèchement. Heureusement que le bar à des effets de lumières, sinon il verrait les larmes dévaler mes joues. Je me retourne pour retrouver la sortie le plus vite possible.
-Monsieur il faut payer avant de partir !
Je tourne légèrement mon visage vers l’arrière pour voir mon géniteur se faire arrêter par un des serveurs pour payer. Je me hâte à rejoindre le trottoir et quand mon pied touche l’asphalte, la neige se mêle à mes larmes et je me laisser aller. Aucun des passant n’arrivera à voir à quel point je vais mal.
Je hèle un taxi dans l’espoir de partir le plus vite et le plus loin d’ici. Je ne veux plus être confronté à lui, pourtant, tout les matins quand je me regarde dans le miroir, j’ai l’impression de le voir. J’ai le même regard que lui, le même nez, les mêmes joues creusées et la même forme de visage. Je grimpe dans le taxi, puis j’indique l’adresse au chauffeur. J’essaye de garder la tête haute le plus longtemps possible.
En rentrant ma mère se trouve dans le canapé endormie, encore en tenue de travail devant la télévision diffusant une vieille émission. Je dispose le plaid un peu mieux sur elle, j’embrasse son crâne et je monte me réfugier sous la douche. Je laisse mes larmes se mêler à l’eau bouillante. Je dois me faire mal ailleurs, et c’est la seule douleur que j’arrive à apprécier pleinement.
Quand je rentre dans ma chambre je m’effondre sur mon lit, me demandant ce que j’ai bien pu faire dans la vie pour avoir un karma aussi merdique que celui la. En ouvrant mon ordinateur pour me rendre sur Instagram, je ne m’attendais pas à avoir un nouvel abonné. Et encore moins, cet abonné la.
4 commentaires
Dystopia_Girl
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Il y a 2 ans
readingswithgwen
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Il y a 2 ans
jenkfu
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Il y a 2 ans
readingswithgwen
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Il y a 2 ans