Fyctia

Seven lance un regard paniqué à Hyko et les deux hommes se précipitent vers l’explosion.

La foule de personnes en panique qui courent en sens inverse rend leur avancée plus difficile, mais en jouant des coudes ils parviennent jusqu’à la cause de toute cette agitation.

Mesdrak fait face à une femme d’une quarantaine d’années, blonde aux yeux gris, vêtue sobrement. Ce spectacle aurait pu être banal si il n’y avait pas eu un sabre et une faux. Ainsi que des éclairs et des yeux sans iris ni pupille.

- Qu’est-ce qu’il a fait ?! s’exclame Hyko.

- Il a énervé une Déesse, répond Seven sur le ton de l’évidence.

Dans les mains fines, l’arme se met à tourner, faisant reculer Mesdrak. Le guerrier n’est pas sûr de savoir pourquoi la femme l’attaque, il n’a rien fait de mal ! Or, elle semble bien déterminer à le découper en rondelles.

La longue lame le manque de peu, mais coupe la chemise au niveau de son cœur jusqu’à sa hanche droite. Le Dieu regarde l’habit fraîchement donné, ne sachant comment expliquer ça à Hyko, en supposant qu’il le recroise…

Les yeux entièrement gris de la Déesse donnent des frissons à Mesdrak, qui bondit en arrière afin d’éviter une autre attaque.

- On peut parler ?! tente-t-il en se mettant à une distance raisonnable d’elle.

- Soit tu te bats, soit tu meurs.

- Ça ne me laisse pas beaucoup de choix… marmonne le guerrier.

Les genoux légèrement pliés, ses doigts se resserrent sur le pommeau de son sabre et ses yeux se plissent. À aucun moment il n’avait voulu attaquer, sauf qu’il est désormais obligé de prendre part à cette situation qu’il juge ridicule.

- Oooh ? Le chaton va enfin attaquer ? se moque-t-elle.

Déesse de la Chance, elle a toutes les raisons d’avoir confiance en elle. Pas une seule fois elle n’a perdu un combat grâce à son pouvoir. La femme a la capacité d’augmenter son taux de chance. Bien entendu, plus elle l’utilise, plus le contrecoup est dur. Mais la Déesse y est habituée, elle ne s’en soucie plus.

De plus, celui qui lui fait face a un sabre court, ce qui n’est pas pratique pour repousser sa faux. Toutes les chances sont donc de son côté, il est même possible qu’elle n’ait pas à utiliser son pouvoir.

La poigne du Messager retient Hyko dans son action. Il aimerait se précipiter dans le combat et les arrêter, mais Seven n’est pas du même avis.

- Seïla n’a aucune chance, elle est trop imbue d’elle-même, laisse Mesdrak s’en occuper.

- Lorsqu’elle se rendra compte qu’elle n’a aucune chance, elle va utiliser son pouvoir ! s’exclame Hyko.

- Regarde.

L’homme prend sur lui-même et obéit. Il pourrait facilement se libérer de la main du Messager, mais il ne souhaite pas l’énerver. Malgré son caractère calme et parfois trouillard, Seven reste un être qui a traversé les champs de bataille et les armées alliées et ennemies pour faire son travail. Il n’est pas juste question d’être rapide, il faut une certaine maîtrise de l’art du combat.

Hyko reporte donc son regard sur son ami d’un ancien temps. Pas bien grand, pas très intimidant, tout repose dans son regard et ses connaissances.

Lorsqu’enfin ses jambes bougent, la faux s’abat sur son corps. Les deux lames se frappent et le son métallique résonne dans tout le parc et dans tous les corps, tel un écho sans fin.

Ni la femme ni le jeune homme n’attendent que ce dernier s’estompe pour continuer le combat.

Le gros désavantage de ce combat est le fait que Mesdrak ne parvienne pas à approcher la Déesse. La faux tourne et tranche l’air à répétition, comme infatigable. Mais rapidement, la femme se rend compte que quelque chose ne va pas. Sa lame est bien plus grande et bien plus puissante, or elle n’a effleuré son adversaire qu’une fois, alors qu’il ne voulait pas se battre.

Ses lèvres se pincent lorsqu’elle se rend compte que sa chance basique ne suffira pas face à ce Dieu. Ce dernier lui fait face sans broncher, ses yeux couleur caramel légèrement plissés. Ses gestes sont rapides et précis, et il n’y a pas une once d’hésitation en lui.

Les orbes qui étaient grises virent au blanc.

Cette fois-ci, Seven ne peut retenir l’homme à ses côtés qui se libère sans peine et se precipite vers le combat.

- Mesdrak, baisse toi ! crie-t-il.