Fyctia
Chapitre 2
Lorsque son corps réapparaît, les alentours sont complètement différents. Mesdrak reste figé sur place, complètement stupéfait par ce qui vient de lui arriver.
Il sait qu’il n’est pas un ange, loin de là, mais il est parfaitement capable d’obéir à des règles claires et précises. Le Dieu de la Guerre se sait innocent. Ça fait des milliers d’années qu’il n’a pas mis les pieds sur sa petite planète.
Alors pourquoi est-il ici ? Sur ce monde où la présence magique semble autant présente que la vie en lui.
Mesdrak observe le champ dans lequel il a atterri d’un air indécis, ne sachant vers où marcher.
Les tournesols qui y sont plantés vont bientôt ouvrir leurs pétales afin de suivre la boule de feu déjà haute dans le ciel.
Au loin, le Dieu aperçoit une petite ferme, dont le silo rouge se dresse fièrement vers le ciel et dont la grange de la même couleur mériterait d’être repeinte. Une maisonnette se situe entre ces deux-là. Avec son toit sombre et ses murs de bois clairs elle fait presque tache au milieu de ces bâtiments rouges.
C’est finalement vers la fermette que ses pieds le mènent, tout en faisant attention à ne pas écraser trop de tournesols. Mesdrak ne souhaite pas se faire d’ennemi dès son arrivée.
Rapidement, le Dieu aperçoit deux niches, d’où deux chiens, un brun et un noir, sortent en aboyant, se précipitant sur lui. Dans la maison, le nouveau Déchu entend quelqu’un crier et râler, visiblement peu heureux d’être dérangé.
Face à la lenteur du fermier pour arriver, Mesdrak est bien obligé de s’occuper de calmer les chiens qui grognent devant lui. Il s’accroupit afin de se mettre à leur hauteur et tend une main vers eux, paume vers le ciel.
- Montrer les crocs à un Dieu est une chose qui peut conduire à la mort, voulez-vous expériencer ça si tôt de bon matin ? dit le guerrier avec un sourire en coin.
Instantanément, les oreilles des chiens se rabattent sur leur crâne et ils se tapissent devant lui en penchant leur tête sur le côté.
- Qu’est-ce que tu viens de faire à mes chiens ! s’écrie le fermier en courant vers lui, fou de rage.
Lorsque Mesdrak lève ses yeux sur lui, l’homme se fige. Dans la cinquantaine, des cheveux poivre-sel et des yeux presque noirs. Des pattes d’oie ornent le coin de ses yeux malgré son air bourru.
Le Dieu se redresse et tend une main amicale vers le fermier, mais avec un sourire un peu fané sur les lèvres.
- Je suis désolé de vous déranger, je voudrais juste savoir où se trouve la ville la plus proche et comment l’atteindre.
Le fermier sert sa main en retour et le guerrier sent les cales d’années de travail aux champs sur sa propre paume, pratiquement identique à force de tenir ses sabres.
L’homme en semble d’ailleurs surpris et ses sourcils se froncent. Mais il ne dit rien et hoche simplement la tête.
- La grande ville la plus proche est à environ une heure et demi d’ici, rajoute une heure si il y a du trafic, mais comme il n’y a pas de neige, ça devrait aller, répond-il en lâchant la main du Dieu.
- Je dois marcher vers où ?
- Je vais t’y emmener.
- Quoi ?! Non ! Ne vous dérangez pas pour moi ! Marcher quelques heures n’est pas un problème !
- Je dois aller chercher mes petits-enfants, ça n’a aucun lien avec toi.
- Oh… d’accord… merci alors ! s’exclame Mesdrak avec un sourire plus fleurit que le dernier.
- Me remercie pas. Car tu ne m’as toujours pas répondu. Qu’est-ce que tu as fait à mes chiens ? demande à nouveau le fermier, alors que la moutarde lui monte au nez.
- Rien ! J’aime les chiens, c’est juste réciproque ! se défend le Dieu, surprit de le voir s’énerver ainsi.
Cette explication ne semble pas lui suffir, mais déjà il lui tourne le dos et se dirige vers la maisonnette. Alors qu’il disparaît à l’intérieur, Mesdrak s’accroupit à nouveau avec une moue lassée, laissant les chiens l’approcher.
- Ça doit être une mode de m’accuser pour des choses que je n’ai pas faites… marmonne-t-il en les caressant.
Il balaie les champs de tournesols du regard avec une moue perplexe, ne sachant pas ce qu’il a bien pu faire de mal pour mériter tout cela. Le fait d’être Déchu ne le dérange pas, il ne fait perdre qu’un rang bien peu utile. Ce qui gêne Mesdrak est cette besogne, dont le temps imparti est trop court et dont la demande est inhumaine. C’est une chose dont il n’a jamais entendu parler. Devoir tuer d’autres Dieux… à quel moment est-ce une chose qui se fait ?
Seuls les vrais Dieux Déchus sont chassés et tués, mais pour en arriver là, c’est tout une procédure. Car pour faire disparaître un être dont la seconde vie a été créée par des mortels, il faut soit en exterminer tous les croyants, soit leur faire comprendre que leur Dieu n’existe pas ou une excuse du genre pour éviter qu’un malheureux le ramène à la vie.
Et là, cette Déesse de la Justice, sortie de nulle part, lui dit de faire ça pour cinquante de ces êtres immortels ?! En cinq-cents ans ! C’est irréalisable.
- Gamin ! Tu vas rester planté là longtemps ou tu viens ? s’exclame le fermier qui s’installe déjà dans sa camionnette.
Mesdrak bondit sur ses pieds et le rejoint en courant. La voiture est plus un tas de ferraille qu’autre chose, mais elle semble s’accrocher à sa vie. Sa peinture bleu ciel est écaillée et les essuie-glaces ne doivent plus essuyer grand-chose.
Il s’installe sur le siège à côté du fermier alors que les chiens sautent dans la benne non-couverte en ce début d’été.
- Je ne me suis jamais présenté d’ailleurs ! se rend compte le Dieu avec un sourire gêné. Je suis Mesdrak ! Mesdrak Qandarull ! se présente-t-il en attachant la ceinture de sécurité qui semble partir en miette.
- Mick’. Ferme la porte sinon je ne démarre pas, tranche le fermier en coupant court aux présentations.
Le guerrier obéit, se demandant tout de même ce qu’il a à être grognon ainsi. Mais ce ne sont pas vraiment ses affaires, chacun a ses raisons pour être comme il est. .
C’est dans un vacarme d’enfer que la camionnette démarre et s’engage sur la route de terre qui longe les champs, se dirigeant tranquillement vers la ville encore lointaine.
8 commentaires
Carazachiel
-
Il y a 5 ans
Alombria
-
Il y a 5 ans
Alowin
-
Il y a 5 ans
Nascana
-
Il y a 5 ans
Alowin
-
Il y a 5 ans
quelquesmotsd'amour
-
Il y a 5 ans
Alowin
-
Il y a 5 ans