Fyctia

Juillet

Ses agresseurs n’avaient pas été retrouvés. Et après sa séparation avec June, Aaron Davis se noyait dans le travail.

Après six mois d’enquête, il avait retrouvé trois des jeunes filles mentionnées par Emilie dans ses lettres.

Contre l’avis de sa hiérarchie, il avait fouillé le passé de l’ex-rabatteuse et avait découvert qu’elle avait fréquenté la même université que Freya Lund, Vesta Smith et Flora Frey.

Grâce à leurs dossiers scolaires, il avait découvert qu’elles avaient postulé pour une bourse destinée à des étudiantes brillantes d’origine modeste. Peu après avoir été sélectionnées, elles avaient toutes été conviées à un entretien avec une certaine Mme Millie Brown, représentante de la fondation Femmes Ambitieuses.

Cependant, la fondation était enregistrée à l’adresse d’un ancien sanatorium, fermé en 1930 en raison d’une mauvaise gestion. Son numéro de téléphone était celui d’une pizzeria, et son site internet n’existait plus.

La police scientifique y avait trouvé trois corps brûlés dans un incinérateur. Les victimes furent identifiées grâce à des prélèvements ADN.

Mais il en manquait encore cinq : Diane, Brigid, Kali, Tara et Iris.

Que leur était-il arrivé ? Et quel était le lien entre la secte de la Fraternité de la Terre Sacrée et la mystérieuse Fondation Femmes Ambitieuses ?

Sud de la France

Séléné s’était installée dans un village paumé où personne ne la connaissait. C’était l’endroit parfait pour tout recommencer.

Elle avait trouvé un job de soigneuse dans un refuge pour lapins. Elle se disait qu’au moins, les animaux ne pouvaient pas lui faire de mal.

Malheureusement, le destin avait d'autres plans.

Le premier jour, elle croisa Chloé, qui sortait du bureau du responsable.

Le choc fut instantané.

— Tu bosses ici ? lâcha Séléné, incrédule.

Chloé s’exclama, aussi surprise qu’elle.

— Toi aussi ?!

Elles ne s’étaient plus parlées depuis la disparition d’Iris, et maintenant elles se retrouvaient à travailler dans le même lieu.

Séléné sentit un goût amer lui monter à la gorge. Après ce que Chloé avait fait à Iris, elle n’était pas prête pour ça.

— T’inquiète, je ne vais pas t’embêter. Je suis juste là pour bosser,.finit par dire Chloé.

Séléné haussait un sourcil.

— Moi aussi.

Le message était clair. Aucune d’elles n’avait envie de ressasser le passé.

Travailler avec Chloé, et faire semblant que tout allait bien… était épuisant.

Alors, quand la pause arriva, Séléné s’éloigna à l’arrière du bâtiment, pour prendre un peu l’air.

Mais Chloé la suivit.

Séléné la fixa, exaspérée.

— Qu’est-ce que tu fous ici, Chloé ? lâcha-t-elle, les bras croisés.

Chloé haussait les épaules, sortit une clope, et l’alluma.

— Je bosse, comme toi.

— Dans un trou pareil ?

— Ouais. J’ai quitté la Thaïlande.

Séléné arqua un sourcil.

— T’as laissé tomber le surf ?

— Ouais. Et mes études aussi.

— Pourquoi ?

Chloé laissa échapper un rire amer.

— Esteban.

— Qu’est-ce qu’il a fait ?

Chloé tira une longue bouffée, puis souffla lentement.

— Il m’a trompée avec une cliente, une professeure de flamenco.

Séléné ne savait pas quoi dire.

— On devrait retourner bosser.

Chloé écrasa sa cigarette du bout du pied et hocha la tête.

Elles n’avaient pas encore parlé d’Iris. Mais les rancœurs allaient forcément ressurgir tôt ou tard.