Lune34 Le culte mortel Chapitre 14 : Les lettres

Chapitre 14 : Les lettres

— Écoutez, Séléné… Vous ne semblez pas en savoir plus que nous. Je pense qu’il vaut mieux que vous rentriez chez vous.


À ces mots, son cœur se serra. Une vague de frustration l’envahit. Elle voulait aider. Elle devait comprendre ce qui était arrivé à Émilie. Mais face au regard intransigeant du policier, elle comprit qu’elle n’avait pas le choix.


— On va vous raccompagner à l’appartement d’Émilie pour récupérer vos affaires, annonça l'inspecteur en se levant.


Quelques minutes plus tard …


Le trajet se fit dans un silence pesant. Le lieutenant George Miller gardait les yeux fixés sur la route, les mains crispées sur le volant. C’était un homme grand, au moins 1m90. Il avait une barbe de trois jours et des cheveux bruns grisonnants.


Une photo coincée sous le pare-soleil, le montrait plus jeune, vêtu d’un treillis délavé. Il se tenait comme un piquet, son fusil en bandoulière. Il posait aux côtés d’une femme et d’une petite fille.


À peine garés devant l’immeuble, il déclara d’une voix neutre :


— Je vous attends en bas. Pas plus de dix minutes.


Séléné acquiesça et s’engagea dans l’escalier d’un pas lourd.


L’appartement sentait le renfermé. Depuis la mort d’Émilie, le temps semblait s’être figé.

Tout était resté en place : des livres éparpillés sur la table basse, une tasse de thé oubliée sur le rebord de la fenêtre, un pull abandonné sur le canapé.


Elle s’efforça de ne pas penser à la dernière fois où elle avait vu son amie ici. À la place, elle se dirigea vers la chambre et attrapa son sac. Mais alors qu’elle ouvrait l’armoire pour récupérer ses vêtements, quelque chose attira son regard.


Une planche, près du sol, était légèrement soulevée.


Séléné fronça les sourcils. Elle s’agenouilla, glissa les doigts sous le bois et tira doucement. La planche céda dans un léger craquement, et révéla une cavité.


À l’intérieur, il y avait une enveloppe épaisse.


Séléné hésita. Elle n’avait plus que cinq minutes avant de redescendre.


Mais la curiosité fut plus forte. Elle mit la main dans l’enveloppe et sortit des lettres manuscrites en français et en anglais.


Elle parcourut les premières lignes… et sentit son souffle se bloquer. Émilie avouait être une complice de la Fraternité de la Terre Sacrée et décrivait sans aucun remords son mode opératoire.


« Nous devons nourrir la Terre, Gaïa. Aujourd'hui, les catastrophes naturelles se multiplient. Nous ne pouvons plus ignorer l'appel de la nature. Pour apaiser sa soif insatiable, nous lui offrons en sacrifice des déesses réincarnées : Freya, Vesta, Flora, Diane, Brigid, Kali, Tara, et Iris. À l'image de Cronos, qui engloutit ses propres enfants, ces offrandes sont indispensables pour restaurer l'équilibre et préserver l'humanité. La Terre, vorace et implacable, réclame ses tributs, et si nous ne lui obéissons pas, elle se déchaînera sur nous, nous conduisant à notre perte ».


Le sang de Séléné se glaça.


Elle tourna une page, son cœur battant à tout rompre.


« Chaque cible est différente. Certaines sont prêtes en quelques semaines, d’autres prennent des mois, voire des années. Il faut s’adapter. Apprendre leurs faiblesses. Se rendre indispensable ».


Séléné sentit une vague de nausée monter.


« Les âmes perdues sont les plus simples. Il suffit de leur donner ce qu’elles cherchent : une famille, une cause, une raison d’exister.

Les esprits forts demandent plus de travail. Il faut les briser, les isoler, leur faire croire qu’il n’y a plus d’autre issue ».


Ses doigts tremblaient alors qu’elle tournait une autre page.


« Séléné a mis du temps, mais elle est presque prête ».


Son estomac se tordit douloureusement.


Elle voulait lâcher la lettre. Mais son regard fut happé par la suite.


« Le plus difficile est la rupture finale. Il faut les pousser jusqu’au point de non-retour, s’assurer qu’elles ne peuvent plus revenir en arrière. À ce stade, la Fraternité prend le relais. Et moi, je passe à la suivante ».


Elle referma brutalement l’enveloppe, son cœur battant à tout rompre.


Émilie n’était pas une victime.


Elle était une rabatteuse.


Elle avait manipulé Iris, comme tant d’autres avant elle.


Et si la Fraternité de la Terre Sacrée s’était débarrassée d’elle… c’était peut-être à cause de la photo.


Le sol sembla vaciller sous ses pieds.


Elle devait donner l’enveloppe à la police, sans tarder.

Tu as aimé ce chapitre ?

3

3 commentaires

Rose D.M

-

Il y a 21 jours

Un chapitre qui fait froid dans le dos, les mots d’Emilie doivent être très difficile à lire pour Séléné. Maintenant qu’Emilie est morte, comment va t elle pouvoir en découvrir plus sur la disparition de sa sœur ?

Mapetiteplume

-

Il y a 21 jours

Et bien retournement et suspense 😉
Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.