Lune34 Le culte mortel Chapitre 11 : L'oppression

Chapitre 11 : L'oppression

Juin 2021


Émilie soutenait Séléné depuis les révélations de L’Horizon International. Cette dernière avait dû changer de numéro, car des journalistes l'appelaient tous les jours.


Jusque-là, elle avait été épargnée par les médias. Mais depuis que ses parents avaient accepté une interview à la télévision française, l’attention s’était redirigée vers elle. Elle ignorait comment ils avaient obtenu son numéro, mais chaque appel était désormais une source d’anxiété.


À la radio, les rumeurs se répandaient comme une traînée de poudre : on disait que la disparition de sa sœur l'avait rendue folle, et qu'elle avait dû être internée.


Émilie faisait de son mieux pour l’aider et ne la laissait jamais seule.


Septembre


Séléné avait pris une décision radicale : elle avait quitté son emploi et s'était lancée à son compte. C’était un risque, mais aussi une libération. L’angoisse permanente liée à ses obligations professionnelles s’était envolée. Pour la première fois depuis longtemps, elle se sentait maîtresse de son propre destin.


Un autre changement s'annonçait : Émilie lui proposa d'emménager chez elle.


— Tu sais, Séléné, tu devrais vraiment quitter cet appartement. Tu es trop isolée ici. Viens vivre chez moi.


Au début, Séléné hésita. Elle avait toujours apprécié son indépendance, son espace personnel. Mais l’idée de ne plus être seule, d’avoir un soutien quotidien et de diviser son loyer par deux finit par la convaincre.


Octobre


Les premiers jours dans l’appartement d’Émilie furent apaisants. C’était devenu son cocon, un refuge loin du chaos.


Situé au dernier étage d’un immeuble moderne, il baignait dans la lumière naturelle grâce à ses grandes fenêtres donnant sur la ville. Le salon, spacieux et chaleureux, était décoré avec soin. Un canapé gris clair trônait au centre, accompagné d’une table basse en bois et de quelques plantes d’intérieur qui apportaient une touche de vie.


La cuisine ouverte s’intégrait parfaitement à l’espace. Un îlot central servait de bar pour les repas rapides, tandis qu’une grande table en bois occupait l’autre côté de la pièce.


Sa chambre était une bulle de calme, avec un lit king-size et un petit bureau près de la fenêtre. Les rideaux épais permettaient d’assombrir la pièce, favorisant un sommeil réparateur.


Séléné se surprit à apprécier cette nouvelle vie. Émilie veillait sur elle, et elle se sentait en sécurité.


Novembre


Un mois plus tard, elle décida de devenir bénévole à temps partiel. Elle anima des groupes de parole. Écouter, soutenir, encourager… cela lui permettait de se reconstruire, d’avoir un impact positif sur la vie des autres et de reprendre le contrôle sur la sienne.


19 janvier 2022


La fête clandestine battait son plein dans un entrepôt désaffecté en périphérie de la ville. À l'extérieur, des graffitis recouvraient les murs délabrés, et une épaisse fumée s’échappait des ouvertures brisées. L’air vibrait au rythme d’une musique électronique qui faisait trembler les murs.


À l’intérieur, des faisceaux lumineux découpaient l’obscurité, projetant des ombres mouvantes sur la foule compacte. Les corps se pressaient les uns contre les autres, dansant sous les pulsations sonores. L’odeur d’alcool, de sueur et de fumée flottait dans l’air, donnant à l’endroit une ambiance électrique, presque irréelle.


Séléné s’y était rendue sur un coup de tête, à la recherche d’une bouffée d’air, d’un moment d’oubli. Elle n’avait pas bu, mais l’énergie brute de la soirée lui procurait une ivresse étrange.


Puis, tout bascula.


L’arrivée des journalistes fut brutale. Une porte latérale s’ouvrit soudainement, et plusieurs personnes s’engouffrèrent dans la foule, caméras et micros à la main.


— Séléné ! Que ressentez-vous après la disparition de votre sœur ?


— Pourquoi refusez-vous de parler à la presse ?


— Certains disent que vous cachez des informations… Qu’avez-vous à dire à ce sujet ?


Leurs voix agressives s’élevaient au-dessus de la musique, et les flashs des appareils photo crépitaient, aveuglants.


Séléné sentit la panique monter. Son souffle s’accéléra, son cœur tambourinait contre sa poitrine. Elle recula, cherchant une issue, mais les journalistes l’encerclaient, des regards avides braqués sur elle.


Puis, une main saisit la sienne. Émilie.


— On s’en va, maintenant.


D’un geste ferme, elle l’entraîna vers une sortie dérobée. Elles traversèrent la foule, bousculant quelques danseurs et ignorant les protestations. Puis, elles sortirent de l’entrepôt et l’air glacé de la nuit s’engouffra sur elles.


Elles coururent sans se retourner, fuyant la lumière aveuglante des projecteurs.


Dans l’obscurité, Émilie serra son bras.


— Respire. Je suis là.


Séléné hocha la tête, tremblante. Émilie était devenue sa bouée de sauvetage. Mais combien de temps pourrait-elle tenir ?

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6 commentaires

Olympiaa

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Il y a 16 jours

Tu retranscrit bien la manipulation psychologique qu'exerce Émilie sur séléné, elle est comme un poisson qui s'infiltre lentement en elle.

Rose D.M

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Il y a 21 jours

Émilie prend de plus en plus de place dans la vie de Séléné jusqu’à se rendre indispensable. Dans quel but ? C’est encore un mystère pour les lecteurs que nous sommes !

Mapetiteplume

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Il y a un mois

Je ne sais pqs pourquoi mais je'ai l'impression que cette Émilie va jouer un tout autre jeu plus tard 🤔

Nicolasm59

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Il y a un mois

J’aime bien cette façon “d’accelerer” le temps qui montre comment en un an, Émilie passe d’une simple nouvelle collègue au centre de sa vie. Je crains le pire !
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