Fyctia
Chapitre 8 : La paranoïa
15 septembre 2020, Los Angeles
Dans les rues, des gens dormaient sous des tentes déchirées ou à même le sol. Recroquevillés sous de vieilles couvertures, certains fixaient le vide, le regard éteint.
Tous les cent mètres, Séléné voyait la même scène : une jeune femme parlait toute seule et titubait, une seringue à la main. Pas loin, un vieil homme fouillait les poubelles, avec l’espoir d’y trouver quelque chose de comestible.
Los Angeles, réputée dans le monde entier, était très différente de ce que les médias disaient d’elle. Loin d’être idyllique, elle se remplissait de sans-abris, dont les vies avaient été brisées par la misère.
Séléné soupira. Le rêve américain ? Au début, elle y croyait. Mais son arrivée aux États-Unis lui avait ouvert les yeux. Derrière les palmiers et les villas luxueuses, se trouvaient des gens chassés de leurs quartiers, des trottoirs jonchés de détritus et des jeunes errants, à la recherche de fentanyl.
Dès qu’elle le pouvait, elle aidait une association, qui distribuait de la nourriture à des sans-abris. Le reste du temps, elle était ghostwriter et chroniqueuse pour la radio Onde Positive.
Quand elle n’écrivait pas des romans pour des inconnus, elle racontait ses mésaventures. Un jour, elle s’était retrouvée face à un crocodile détenu illégalement par un particulier, qui l’avait engagée comme pet-sitter. Une autre fois, un marathon universitaire avait tourné au fiasco. Car à cause d’une mauvaise signalisation, elle avait fini dans une casse automobile.
Après quinze minutes de marche, elle atteignit la radio située dans un building, autrefois le siège d’une banque qui avait fait faillite. Elle entra dans l'immeuble et son estomac se noua.
En apparence, tout allait bien. Lorsqu’elle n’était pas en studio, elle travaillait dans un open space lumineux et agréable.
Au début, elle tentait d’ignorer cette impression. Mais plus les jours passaient, plus elle avait l’impression d’être observée. Et de ne pas être la bienvenue.
Des détails troublants s’accumulaient :
— Un café renversé sur son bureau en son absence.
— Un appel sans personne au bout du fil.
— Son badge qui refusait de fonctionner.
— Un collègue qui faisait référence à une conversation qu’ils n’avaient jamais eue.
— Un post-it important qui disparaissait
— Des messages qu’elle relisait, persuadée de les avoir envoyés, mais auxquels personne ne répondait.
— Des regards échangés entre collègues dès qu’elle entrait dans une pièce.
Elle se força à inspirer profondément. Mais l’angoisse montait.
Depuis la fin de sa thérapie, elle se sentait de nouveau seule. Et une douleur si familière lui déchirait à nouveau la poitrine …
9 commentaires
Rose D.M
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Il y a 21 jours
Ama12
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Il y a un mois
Nicolasm59
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Il y a un mois
Mapetiteplume
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Il y a un mois
Jade4269
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Il y a un mois