Gottesmann Pascal Le corbeau C'est qui ce type

C'est qui ce type

Le lendemain maitre corbeau avait encore croassé mais avait largement perdu de son inspiration. Sur le papier sous mon paillasson on pouvait lire un simple Connard. Il me décevait, non seulement il se contentait de m’insulter mais il le faisait avec l’une des insultes les plus banales qui soient. J’aurais peut être préféré un disciple du capitaine Haddock qui me traite de bachi bouzouk, de moule à gaufre ou même d’ornithorynque, de coloquinte ou de logarithme. Bref un corbeau avec de la culture et du vocabulaire. Ah non, c’est un peu court jeune homme, aurais je pu dire en citant Cyrano que j’aime tant. Au moins, je n’étais plus menacé, peut être que, bientôt, le corbeau se lasserait tout à fait et cesserait de m’envoyer ses messages, on pouvait toujours rêver.


En fin d’après midi, je reçu un coup de téléphone. C’était le policier qui avait pris ma déposition la veille.


- Venez tout de suite au commissariat, on a attrapé votre corbeau.


- Comment ? Déjà ?


- Oui, on a eu beaucoup de chance. L’un des occupants de votre immeuble s’est souvenu d’un jeune homme qui a occupé l’appartement à côté de chez lui pendant quelques mois avant de partir en prison. On a recherché cet individu, sorti depuis une quinzaine de jours et il a avoué avoir mis les lettres de menaces devant votre porte. Par contre le nom qu’il nous dit ne correspond pas au votre.


Je suis terriblement intrigué avant de me souvenir des paroles de ma voisine. L’ancien occupant de l’appartement était quelqu’un d’horriblement désagréable. Lui, aurait certainement été du genre à avoir des ennemis mortels prêts à lui écrire des lettres anonymes de menace. Ma chère dame au chihuahua m’avait même dit, hier soir, qu’il les aurait méritées. Mais j’ai hâte de découvrir le visage du mystérieux corbeau et me dirige immédiatement vers le commissariat.


Quand j’entre dans le bâtiment je vois le fonctionnaire de police vu la veille avec, face à lui, un jeune homme environ de mon âge, la bonne vingtaine ou la petite trentaine qui semblait vraiment paumé. Comme terrifiant auteur de messages de menace on a vraiment fait mieux mais il faut se contenter de ce qu’on a.


Quand je m’approcha du bureau, il se retourna et dit d’une voix pâteuse.


- C’est qui ce type ?


- Je suis l’occupant de l’appartement devant qui vous mettez vos sympathiques messages depuis dimanche dernier mais, visiblement, ce n’était pas à moi qu’ils étaient destinés.


- Alors c’était vrai ce que disait le flic, l’occupant de l’appartement a changé ? Bien sur que non ce n’était pas à vous, j’aurais jamais pu penser que Thomas aurait pu quitter l’appartement.


- Et pourtant, intervint le policier, c’est le cas. Ce monsieur devant vous occupe cet appartement depuis un mois.


- C’est pas possible, dit il accablé, je suis un pauvre type. Je voulais me venger de celui qui avait foutu ma vie en l’air et je me retrouve à faire peur à quelqu’un qui n’a rien à voir avec toute l’histoire.


- Mais, à présent que je suis ici, dis je, je serais curieux de connaître cette fameuse histoire qui m’a amené à recevoir des lettres de menace et d’abord qui êtes vous ?


- Je m’appelle Dylan Krasky, j’ai 29 ans et j’ai fait une année de prison alors que j’étais innocent à cause de Thomas Monestier, l’ancien occupant de votre appartement que j’avais pris pour un ami. Il y a deux ans, j’étais un jeune complètement paumé qui cherchait une place dans la société et surtout un job pour pouvoir survivre. J’en ai trouvé un comme serveur dans un restaurant pas très loin d’ici. Thomas était l’un de mes collègues et on n’a pas tardé à devenir copains. On avait le même âge, on était célibataires et on aimait sortir ensemble pour boire des coups et draguer. Au bout de quelques mois j’ai voulu prendre mon indépendance et partir de chez mes parents, c’est Thomas qui m’a dit qu’un petit appartement dans son immeuble était disponible à la location. On était devenus presque voisins et on passait tout notre temps ensemble. À cause de mon caractère qui est loin d’être facile, les relations avec mon patron étaient parfois très tendues et je me disais qu’il fallait que je prenne exemple sur Thomas qui était un employé beaucoup plus docile. Au bout de quelques mois j’ai remarqué que le comportement de mon ami changeait. Lorsqu’on sortait ensemble, il se payait les cocktails les plus chers et, lorsqu’une fille lui plaisait, il l’invitait dans la boite de nuit à la mode dont l’entrée coutait un rein et je ne parle même pas du prix des consommations. Lui qui n’était pas plus riche que moi commençait à flamber. Cela à duré jusqu’à ce que le patron du resto se rende compte que quelqu’un volait régulièrement dans la caisse. J’ai immédiatement compris d’où venait l’argent miraculeux que Thomas dépensait sans compter mais, comme il était mon meilleur ami, je me suis gardé de le dénoncer. Cependant, le patron voulait toujours savoir qui, parmi ses employés, était un voleur et, pour se sortir de la situation dans laquelle il était, Thomas est allé lui dire que c’était moi. Pourquoi il m’a choisi ? Certainement parce que j’étais le coupable idéal.


- Et il vous a dénoncé faussement alors que vous étiez son ami, dis je d’une voix étonnée ?


- Il m’a dénoncé parce qu’il savait bien que le patron le croirait. J’étais le dernier arrivé au restaurant, une grande gueule impulsive qui s’engueulait avec tout le monde. Tout le monde me prenait pour un drogué alors que je ne l’étais plus. J’ai essayé de me défendre, de dire que j’étais innocent mais le chef ne voulait rien entendre et j’en suis venu à lui coller mon poing sur la figure alors que c’est Thomas que j’aurais du frapper. Bref, quand ça a fini au commissariat puis devant le juge ma parole n’a pas pesé lourd face à celle de mon patron et de tous ses employés, Thomas le premier, qui le soutenaient. Avec mes antécédents de voyou et les six mois avec sursis dont j’avais écopé deux ans plus tôt, j’étais bon pour du ferme, j’ai pris 18 mois et ai été libéré après un peu plus d’un an pour bonne conduite. C’était il y a deux mois.


- Tout cela est très intéressant, dit le policier, mais venons en aux lettres de menaces que vous avez écrite au monsieur assis à côté de vous.


- Un peu de patience, dit Dylan semblant vouloir reprendre ses esprits après avoir autant parlé, ce dont il n’avait pas l’habitude. J’y viens mais avant cela j’aimerais bien un verre d’eau si c’est pas trop vous demander.


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16 commentaires

Sonyawriter

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Il y a 4 ans

Tout ça est finalement un malentendu ?! Il doit être rassuré maintenant.

Gottesmann Pascal

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Il y a 4 ans

Complètement rassuré en effet.

cedemro

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Il y a 4 ans

J'ai bien hâte de voir la direction que va prendre ton histoire. Ces aveux sont presques trop faciles pour que tout finisse bien...

Gottesmann Pascal

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Il y a 4 ans

Et pourtant, la fin approche.

Sissy Batzy

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Il y a 4 ans

ah mais tu coupes juste là !

Gottesmann Pascal

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Il y a 4 ans

Et oui. Encore un peu de suspens.

Mymy M. *Sakuramymy*

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Il y a 4 ans

Au moins maintenant il est rassuré ! Hâte de lire la suite

Gottesmann Pascal

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Il y a 4 ans

Et oui. Notre héros est pleinement rassuré.

Lyaminh

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Il y a 4 ans

Le voile se lève sur le mystère... 😉

Gottesmann Pascal

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Il y a 4 ans

Et oui.
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