Gottesmann Pascal Le corbeau Porter plainte

Porter plainte

Avec mon sens de l’orientation assez personnel, je mis du temps à trouver le commissariat de police où, par chance, je n’avais encore jamais eu à me rendre. Je tenais, dans une chemise en carton, les trois messages laissés par le corbeau. Après quelques minutes d’attente je suis reçu par un agent.


- Installez vous monsieur, dit il en se mettant lui même de l’autre côté du bureau. Qu’est ce qui vous amène dans ce commissariat ?


- Je veux porter plainte pour harcèlement. Ça fait trois jours que je trouve tous les matins devant ma porte des messages de menace anonyme. J’ai pris le premier comme une erreur ou une blague mais, à présent, je ne me sens plus en sécurité dans mon propre appartement.


- Je vous comprend, est ce que vous avez une idée de qui pourrait se cacher derrière ce mystérieux corbeau. Est ce que vous vous connaissez un ennemi pouvant assez vous en vouloir pour écrire de tels messages ?


- Absolument pas, c’est pour ça que je trouve que ce qui m’arrive est complètement ahurissant. Je ne sais absolument pas qui est l’auteur de ces lettres de menace ni ce qu’il me veut. C’est surtout pour ça que j’ai peur. Je suis menacé par quelqu’un qui pourrait être n’importe qui. C’est la première fois de ma vie que j’ai aussi peur.


- Monsieur, je vous promets que nous allons tout faire pour retrouver l’auteur de ces lettres de menaces mais avec aussi peu d’éléments ça risque de ne pas être facile. Au moins nous savons qu’il vient de sortir de prison ce qui constitue déjà une première piste. Nous allons garder les messages comme pièces à conviction et faire, sur eux, une analyse graphologique. Nous allons aussi interroger des aujourd’hui les habitants de votre immeuble pour savoir si quelqu’un a remarqué quelque chose.


- En attendant, dis je pour finir, puisque nous avons déjà maitre corbeau, il ne me reste plus qu’à me teindre en roux pour faire un excellent maitre renard.


Il rit de bon cœur, c’était assez rare de trouver un policier doté du sens de l’humour pour ne pas être apprécié. En plus d’être professionnel, il avait été sympathique. Que demander de plus ? Qu’il retrouve le plus vite possible l’auteur des lettres de menace.


Immédiatement en sortant du commissariat, je reçois un appel de mon cousin germain.


- Salut cousin comment tu vas


- Bien et toi ?


- Très bien merci


- Mais ça irait certainement mieux si tu ne recevais pas de lettre de menace.


- Ton fils a parlé ? C’est bien. Mais les lettres de menaces sont plusieurs à présent, elles sont même trois.


- TROIS ? Mais pourquoi tu m’as rien dit.


Je reconnais bien là mon cher cousin et l’instinct protecteur qu’il a toujours eu envers moi puisqu’il a vingt ans de plus.


- Je voulais pas t’inquiéter et tatie non plus. Maintenant je sors de chez les flics où j’ai déposé plainte et je leur ai confié les lettres du corbeau.


- T’as bien fait, mais donne moi des nouvelles.


- Promis cousin, dès que j’en ai je t’en donne.


- En attendant, sois prudent et ferme la porte à double tour.


- Comme toujours, ne t’inquiètes pas, je reste prudent.


Le mystérieux corbeau continua d’occuper mon esprit pendant toute la journée. Il me paraît de plus en plus probable et même évident qu’il s’agisse de quelqu’un de l’immeuble. La porte d’entrée ferme à clé et il est impossible de pénétrer au rès de chaussée si on n’en est pas pourvu. Donc les principaux suspects devenaient ces gens extrêmement sympathiques que je salue en souriant lorsque je les croise sur mon palier, dans l’ascenseur ou l’escalier. Les policiers ont intérêt à trouver très vite l’identité du corbeau avant que je devienne absolument paranoïaque.


Les policiers ayant commencé leur travail le jour même, plusieurs occupants de l’immeuble avaient déjà été interrogés dont ma voisine de palier, patronne du petit chien, qui sonna chez moi le soir même.


- Des policiers sont venus me voir aujourd’hui à propos d’un corbeau qui poserait des lettres de menaces sous votre paillasson.


- Oui, j’en découvre une quotidiennement, depuis trois jours, avec une régularité métronomique. Si ça se trouve, je vais finir par m’y habituer.


- Ne dites pas ça, on ne s’habitue pas à de telles horreurs. Vous devez mourir de peur dans votre appartement.


- Je reconnais que je ne suis plus aussi tranquille qu’avant mais j’espère que les policiers ne vont pas tarder à trouver l’identité de l’auteur des lettres.


- Je l’espère aussi, je me suis attachée à vous depuis un mois. Vous êtes un jeune homme toujours poli et aimable, tout le contraire de l’ancien occupant de l’appartement qui affreusement désagréable. Si vous voulez mon avis, c’est lui qui aurait mérité de recevoir des lettres de menace.


- Mais vous n’avez pas entendu votre chien aboyer la nuit dernière où les deux d’avant ?


L’animal était, en effet, un gardien absolument remarquable qui alertait de son aboiement aigu chaque fois que quelqu’un arrivait sur le palier.


- Si, je lui ai même crié dessus. Il m’a réveillé cette nuit entre une et deux heures du matin. Je l’ai renvoyé se coucher sans ménagement. Mon pauvre monsieur, si j’avais su.


- C’est vraiment pas la peine de vous en vouloir, absolument personne ne pouvait prévoir ce qui allait se passer. Et puis soyez tranquille, si l’intrus avait la possibilité de s’en prendre à moi au lieu de se contenter de glisser ses messages menaçants, il l’aurait certainement fait depuis la première nuit. Et puis, s’il vous plait, si vous entendez votre chien aboyer cette nuit, ne le grondez pas, il veut simplement me protéger contre le mystérieux corbeau.


Ma voisine s’en alla retrouver son appartement et son chien pendant que je me demandais combien de temps mettraient les policiers pour attraper l’auteur des lettres de menaces. Je n’avais pas osé dire à ma voisine, habitante de l’immeuble depuis des décennies, que je soupçonnais de plus en plus l’un de ses occupants d’être le corbeau. Mais que voulait il ? Me faire peur et me forcer à déménager pour récupérer mon appartement ? Si c’était le cas il pouvait toujours rêver, j’y suis, j’y reste.


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36

36 commentaires

Mary Cerize

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Il y a 3 ans

Subtile, une situation délicate et incertaine….ça se sent ça se corse ! J’adore ta plume toujours aussi prenante et sensace !

Sonyawriter

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Il y a 4 ans

Le pauvre une situation qui ne permet pas de poursuivre sa routine tranquillement. En plus on a aucune idée de qui ça peut être. J'ai bien aimé la blague au commissariat !

Gottesmann Pascal

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Il y a 4 ans

Et oui, la situation restera problématique tant que le corbeau n'aura pas été découvert. Merci pour ton sens de l'humour qui est le même que celui du policier.

Val Kyria

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Il y a 4 ans

Toujours aussi angoissant...

Gottesmann Pascal

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Il y a 4 ans

Merci, c'est le but.

cedemro

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Il y a 4 ans

Soit le corbeau veut s'en prendre à l'ancien occupant de l'appartement, soit c'est justement qu'il habitait là... Sinon, c'est que le héros souffre d'amnésie... Bref, je me perds en hypothèses. Bravo !

Gottesmann Pascal

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Il y a 4 ans

Merci. Heureux de te faire te poser des questions.

Isabelle-Marie d'Angèle

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Il y a 4 ans

Bien gentil le policier. Peut-être que les messages ne sont pas pour lui finalement...

Gottesmann Pascal

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Il y a 4 ans

Le policier est très aimable en effet. Quand aux messages, l'explication arrive au chapitre suivant.

Véronique Rivat

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Il y a 4 ans

J'ai la sensation que ces messages de menaces sont adressés à l'ancien occupant...
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