Gottesmann Pascal Le corbeau La feuille sous le paillasson

La feuille sous le paillasson

Je sors de mon appartement tout joyeux en cette fin d’après midi. Je n’y vis que depuis un mois et m’y sens formidablement bien. Je suis indépendant tout en restant proche de ma famille qui n’habite pas loin. Sur le palier, je croise ma voisine qui s’apprête à sortir son chien minuscule. Bonjour et sourire à la patronne qui me répond aimablement, tentative de caresse pour la bête qui s’y refuse et semble s’évertuer à me considérer comme un ennemi, moi qui pensais avoir la côte avec les bêtes, je repasserai.


Je suis surpris par un papier qui se trouve sous mon paillasson. Une simple feuille pliée en deux que j’ouvre par curiosité après être rentré dans l’appartement, repoussant ma sortie à plus tard. Peut être est ce le message d’une jeune femme ravissante vivant dans l’immeuble ayant remarqué mon charme irrésistible. Après tout, je suis loin de connaître tout le monde dans l’immeuble. En matière de lettre d’amour j’allais être servi. Il y était écrit, en gros et au feutre, Espèce de merde humaine, je veux te faire souffrir autant que j’ai souffert. C’était absolument absurde, je ne me connaissais pas d’ennemi, je serais quand même le premier au courant si quelqu’un m’en voulait assez pour m’envoyer de tels messages de menace. Je suis loin d’être un saint, j’ai mes défauts comme tout le monde mais je défie quiconque de trouver quelqu’un de plus pacifique que moi. C’était certainement un gag, une bonne farce. J’appelle immédiatement mon meilleur ami, qui avait découvert l’appartement la veille et aurait très bien pu glisser le papier sous le paillasson en partant.


- Salut Ducon, me dit il joyeusement en décrochant


- Salut grand abruti, j’ai bien reçu ta lettre de menace elle m’a vraiment fait marrer.


- Quelle lettre de menace ?


- Ben celle que tu as mise sous mon paillasson en partant de chez moi.


- Mais je n’ai rien mis sous ton paillasson, t’as trouvé une lettre de menace ?


- Un papier sur lequel il est écrit en gros Espèce de merde humaine, prépare toi à souffrir autant que j’ai souffert, comment tu appelles ça toi ?


- Une lettre de menace, mais c’est incroyable ton histoire.


- Oh je m’en fais pas trop c’est certainement une blague de mon petit cousin, il est passé en coup de vent ce matin. À moins que ce ne soit tout simplement une erreur. On en veut peut être à l’un de mes voisins de palier.


- La mémé avec le chihuahua que j’ai croisé hier ? Ça m’étonnerait quand même.


- Il n’y a pas qu’elle sur le palier je te ferais remarquer.


- Où alors cette lettre t’était vraiment destinée.


- Mais tu rigoles, qui est ce qui pourrait m’en vouloir à ce point.


- Je ne sais pas, au hasard tous ceux qui ont entendu l’une de tes blagues pourries.


- Ah c’est sympa ce que tu viens de dire. Rappelle moi de mieux choisir mes amis.


- Parce que tu crois que je ne suis pas ton ami en supportant tes blagues depuis 15 ans ? Je mérite une médaille.


- Bon il me reste juste à voir qui m’a mis ce papier sous le paillasson et si ce n’est pas toi ça ne peut être que mon petit cousin.


- Finalement je regrette de ne pas l’avoir fait. La lettre de menace sous le paillasson c’est vraiment une bonne farce.


- Trop tard mon vieux, quelqu’un l’a déjà faite. Allez salut.


Après avoir raccroché, j’appelle immédiatement mon petit cousin. Il est six heures du soir, il a du sortir de son boulot.


- Allo, je te manque déjà.


- Peut être que tu me manques mais ton humour ne risque pas de me manquer. C’était limite le coup de la lettre de menace sous mon paillasson.


- Mais c’est pas moi qui ai mis le papier sous ton paillasson, j’avais autre chose à faire et il fallait que j’aille travailler. Par contre, si tu veux savoir, il y était déjà ce matin, je l’ai remarqué.


- T’es sur de ce que tu dis ?


- Absolument certain. Je ne savais pas que mon grand cousin avait des ennemis. Finalement t’as peut être une double vie et tu es le plus grand criminel de la ville.


- C’est ça, dis je en éclatant de rire. Et même l’ennemi public numéro 1 avec Interpol aux fesses.


Après avoir raccroché avec mon petit cousin, je commence à sérieusement me poser des questions. Ressortant le papier de ma poche je le relis avec plus d’attention. Le message a visiblement été écrit avec d’une main rageuse. Qui pouvait être ce mystérieux corbeau ? Qui pouvait m’en vouloir à ce point ? Puisque mon petit cousin avait vu le papier le matin, cela voulait dire que l’auteur de ces menaces était certainement passé dans la nuit. Tout cela n’était pas rassurant mais constituait certainement une erreur. Cela ferait, de toute façon, un sacré souvenir à raconter à l’occasion, tout le monde ne reçoit pas de lettre de menace venant d’un mystérieux corbeau. Pour que cela constitue une preuve je ne la jette pas, comme j’en avais eu l’intention, mais, au contraire, je la plie et je la range pour la ressortir au cas où l’on ne me croie pas. Finalement, fidèle à mon caractère éternellement optimiste, je décide d’en rire puisqu’il ne peut s’agir que d’une erreur.


Tu as aimé ce chapitre ?

35

35 commentaires

Sonyawriter

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Il y a 4 ans

Un début très intriguant et très bien mené qui questionne.

Gottesmann Pascal

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Il y a 4 ans

Merci beaucoup, heureux que ça te plaise.

Val Kyria

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Il y a 4 ans

Ce n'est pas très rassurant tout ça...

Gottesmann Pascal

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Il y a 4 ans

Oh que non

cedemro

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Il y a 4 ans

J'aime bien l'atmosphère angoissante de ce chapitre. Il fait tout pour croire à une blague pourrie, mais au final il devrait peut-être vraiment s'inquiéter... Le fait que son cousin remarque la note sans lui dire n'est pas tellement net non plus... Mon attention est captivée, je poursuis !

Gottesmann Pascal

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Il y a 4 ans

Merci. Heureux de susciter ta curiosité et ton intérêt.

Isabelle-Marie d'Angèle

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Il y a 4 ans

Te revoilou ! Bon démarrage.

Gottesmann Pascal

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Il y a 4 ans

Et oui. Heureux que ce début te plaise.

Cassy M. PUICH

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Il y a 4 ans

Contente de te retrouver dans un genre différent 😉 Félicitations pour ce début prometteur !

Gottesmann Pascal

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Il y a 4 ans

Merci beaucoup. Il faut savoir s'adapter.
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