Alina Merwim Le combat d'Alisande Chapitre 3

Chapitre 3

Vers midi, comme personne ne m’avait présenté le château, je me suis retrouvée perdu à chercher l’entrée de la salle commune. Et lorsque je trouvais enfin l’entrée de la salle, le silence se fit. Presque religieusement, et sur toutes les tables. Je balayai la salle du regard. On arrivait facilement à repérer les nobles parmi les élèves car, malgré la politique très stricte sur l’égalité à l’intérieur de l’académie, ils semblaient encore et toujours plus riche que les autres, en portant notamment des bijoux ostentatoires. J’avisai le buffet où étaient servis les différents plats et je récupérai une écuelle et la remplis en espérant que cela détournerait l’attention générale. En effet, les conversations reprirent, mais je pouvais facilement imaginer que j’étais au centre de toutes.

Lorsque je me retournai pour tenter de trouver une place, je faillis entrer dans un uniforme. Enfin plutôt un garçon, qui portait un uniforme.

- Désolé, dit-il en reculant d’un pas. Je voulais te proposer de venir manger avec nous. Enfin, si ça te tente ? Au fait, moi c’est Thibault.

Il dut faire un second pas en arrière pour que je puisse le voir entièrement sans me dévisser entièrement le cou. Je n’étais pas très grande pour mon âge et honnêtement ça avait été jusque là un avantage, moins à nourrir. Et surtout, c'est beaucoup plus facile de se fondre dans l'ombre quand en petit. Mais lui était particulièrement grand, ma parole !

Plus grand qu’Ethan, en fait. Un instant son visage se superposa à celui de mon interlocuteur mais en battement de cils celui-ci disparut laissant apparaître un visage constellé de tâche de rousseur avec des cheveux roux. Je chassai la pointe de nostalgie qui m’étreignit un instant et acceptai sa proposition d’un hochement de tête.

Je le suivais tandis qu’il avançait à (très) grand pas dans la salle vers un amalgame de personne d’âge hétéroclite, et qui avait cet air de je-ne-sais-quoi d’enfant des rues. Ils me firent une place au milieu de leurs assiettes et les plus jeune m’assaillirent de questions :

- Tu t’appelles comment ?

- T’as quel âge ?

- Tu viens d’où ?

- Tu sais faire quoi ?

- C’est vrai que tu t’es cachée longtemps ?

- C’est quoi ton pouvoir ?

- Elle est où ta chambre ?

- Tu peux nous raconter des histoires ?

Je me tournai vers Thibault qui souriait de toutes ses dents. Je ne savais pas comment il avait fait mais tous me rappelaient l’orphelinat (enfin les rares bons côtés). Pas les repas trop légers ou le froid présent absolument partout, mais la convivialité des enfants lorsqu’il y avait de nouveaux venus. Les rires simples de ceux qui écoutaient des histoires. A cet instant, j’aurai parier tout l’or d’Acquora que c’était un empathe. J’articulai un « merci » silencieux et il hocha simplement la tête.

- Si vous voulez qu’elle réponde à vos questions il faudrait peut-être lui laisser la parole ?

Il n’avait pas parlé fort et l’ensemble des enfants se tuent. J’en étais admirative, ils devaient se connaître extrêmement bien pour que tout le monde s’écoute comme ça.

- Moi c’est Alisande, j’ai seize ans, à peu près, je viens de Nouveau Port, c’est à côté du Château de la Bonne Aiguille. J’ai toujours aimé lire et raconter des histoires. Et si je suis restée cachée c’est parce que je préférais vivre avec ma famille mais au final ici on mange plutôt bien !

Voyant que j’hésitai à continuer une des plus âgée vola à mon secours :

- Tu n’es pas obligé de dévoiler ton pouvoir. Les petits insistent toujours mais ça n’est pas poli de demander, dit-elle en fusillant les enfants du regard.

Enfants qui s’éparpillèrent presque instantanément. Les plus grand qui étaient restés debout depuis mon arrivée en profitèrent pour s’asseoir. Ils bavardèrent essayant, sans trop y parvenir, de me faire suivre la conversation. Nous rîmes tous de bon cœur lorsque je tentai de retenir les informations d’orientation à l’intérieur du château. J’étais incapable de comprendre l’enchaînement des couloirs et escaliers pour aller des salles de cours aux salles communes et des salles communes à la bibliothèque.


Un gong retentit faisant sursauter mes voisins.

- Flûte, jura Thibault. Bon, bah vous direz à la Sorcière que j’ai emmené la nouvelle à son cours. Il faudrait pas faire attendre le prof en réajustement.

Je le regardai perplexe, même si celui-ci commençait déjà à me traîner hors de la salle commune au travers la tumulte de la foule pressée.

- Aucun nouvel arrivant ne peut aller en cours tant qu’il ne maîtrise pas ses pouvoirs, dit-il en répondant à ma question silencieuse. On a tous eu des cours de réajustement au début et certains en ont encore pendant leur cursus classique. Le pire c’est que la plupart sont des nobles !

Thibault avait fait le dernier commentaire sur le ton de la confidence, agrémenté d'un clin d’œil, avant de s’enfoncer dans un dédale de couloirs qui ressemblaient à s’y méprendre avec un labyrinthe.

- T’as pas dit "la Sorcière" avant qu’on parte ? relevai-je sur le chemin.

- C’est la professeur de potions. Il s’avère qu’elle n’apprécie pas beaucoup les enfants comme nous et ça se sait. Disons que nous le lui rendons bien.

Je hochai la tête, en fait les choses ici ressemblaient à la vie normale, hors de ces murs. Il y avait toujours les nobles, et les autres qui n’appréciaient pas les enfants comme nous.

- Au fait comment m’as-tu reconnu ? Comment as-tu su ?

Il me jeta un regard en biais

- Et toi ? Tu nous as bien reconnus au premier regard. Tu serais venue par ici si je n’étais pas venu te chercher. Au prochain croisement à gauche, mais je peux pas aller plus loin sinon la Sorcière va voir que je ne veux pas aller à son cours.

Il me planta là. Faisant demi-tour et avalant le trajet retour avec la rapidité que seule confère l’habitude. Je restai un instant figée réfléchissant malgré son comportement bizarre à ce qu’il m’avait dit. C’était vrai je les avais reconnus et je me serais mise près d’eux d’instinct, ils me rappelaient ma famille.

Tout en me promettant de voir si ma question l’avait blessée d’une quelconque manière, je franchis les dernier mètres qui me séparaient de mon premier cours.

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9 commentaires

M.B.Auzil

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Il y a 6 mois

Alors c'est mieux pour la clarté de la scène et les dialogues. Il manque peut-être quelques phrases décrivant le décors et où elle se trouve au début.

Urban Claire

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Il y a 6 mois

J’adore vraiment comment tu arrives à capturer les émotions d'Alisande dans cette scène ! On ressent son malaise d’être nouvelle, puis cette vague de réconfort quand elle se retrouve entourée de ce groupe si accueillant. Thibault a l’air d’un vrai allié, avec son côté protecteur mais aussi taquin, et cette dynamique entre les élèves rappelle un peu les petites bandes soudées qu’on peut croiser dans la vraie vie. N'hésites pas à aérer le texte en sautant des lignes :)

Alina Merwim

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Il y a 6 mois

Merci ! Oui je n'avais pas encore réalisé à quel point ça paraissait condensé... 😅 Je ferais attention pour les prochains chapitres !

Urban Claire

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Il y a 6 mois

C'est un peu compliqué avec le concours une fois posté en ligne on ne peux plus rien modifier c'est frustrant !
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