Fyctia
CHAP.6 ~ Kout Ba 1/2 ♫
90 jours avant Noël
J'ai cet air de musique qui me trotte de la tête en permanence. Christmas Joy de Brandon Campler. J'aimerai l'oublier car ça me rappelle trop cette vie qui n'a jamais existé. Elle faisait partie de la plalist de Noël que j'écoutais avec Keziah...
Un Noël qui lui aussi n'a jamais existé.
Pour me distraire de mes pensées obscures, j'allume ma *Marshall et j'y envoie un son joyeux à fond les ballons. Rien de tel que qu'un petit air de Kompa pour retrouver le sourire.
Ce son... Cette ambiance... J'adore !
Alors que je danse seule à en perdre haleine, je crois entendre quelqu'un frapper. J'arrête la musique et me dirige vers la porte d'entrée.
— Mais pourquoi sonnes-tu comme une demeurée ?
— Parce que tu mets la musique comme une demeurée ! Ça fait trois plombes que je suis là et tu ne m'ouvres pas.
— Oula, ça va !
— T'aurais pas oublié quelque chose par hasard, Maïra ?
Kalindra me scrute de haut en bas et fait une grimace en constatant que je suis toujours en pyjama à cette heure avancée de la journée. Je me rappelle alors que nous avions rendez-vous et je me confonds en excuse :
— Pardon Kali, fais-je en portant mes mains devant ma bouche. Je suis vraiment désolée...
— Tu l'as fait exprès,
hein ? C'est la troisième fois en quinze jours. Si tu ne veux pas voir le Dr Colombani, dis-le moi et puis voilà ! râle-t-elle alors qu'elle force le passage pour entrer dans l’appartement.
— Mais bien sûr que je veux le voir. C'est juste un oubli.
— Écoute Maï, je ne veux pas te forcer la main, mais si tu ne fais pas d'effort, ce n’est pas la peine ! Tu te coupes de tout et de tout le monde. C'est pas comme ça que tu vas y arriver.
Son regard s'attendrit alors que je reste figée et honteuse dans mon pyjama en pilou-pilou.
— Fais pas cette tête. Je sais que j'y vais fort, mais il faut que tu vois un spécialiste, Maïra. Ce n'est pas normal de débloquer à ce point. T'as besoin d'aide et le Dr Colombani est compétent pour les suivis post-traumatiques.
— Hmmm !
— Allez, je te laisse dix minutes pour la toilette et dix de plus pour le maquillage et le reste. Hop ! Nous avons un rendez-vous à honorer ma Doudou.
Je m'exécute sur le champs. Même si elle dit que je débloque, Kalindra est la seule qui ne me pense pas complètement folle. Elle a fait des recherches sur internet qui l'ont conduite vers le Dr. Colombani. Kali est persuadée que ce dernier pourrait m'aider à y voir plus clair.
Je ne sais pas pourquoi mon amie a confiance en moi, parce que moi-même j'ai des doutes sur ce que je suis, ce que je ressens et ce que je fais. Depuis mon réveil j'ai l'impression d'être bionique. Tous mes sens sont en éveil, je suis dans une hyper vigilence qui m'épuise littéralement. Si ce que propose Kali peut m'aider alors, j'accepte. Je ne veux plus vivre comme une marginale. Je veux retrouver ma vie d'avant ou du moins, un peu de sérénité.
Pomponnée, parfumée et habillée, nous prenons l'ascenseur. Une fois sur le parking, je cherche désespérément ma voiture des yeux. Kali m'observe quelques instants avant de me demander, ce qui ne va pas :
— Ben, elle est où ma caisse ?
Mon amie ouvre des yeux ronds avant de s'exclamer : « Tu n'as même pas le permis ! »
— Mais bien sûr que je l'ai. On l'a passé ensemble à l'auto-école de la comédie. Tu ne t'en souviens pas, Kali ?
— Tu y es inscrite depuis de longs mois. Pierrick a tout fait pour t'aider, mais tu as une peur panique de la route et des camions... Depuis l'accident de ton...
Son hésitation me fait recouvrer la raison. Papa ! Papa est mort dans un accident de la route, c'est vrai et depuis... Pourtant, je conduisais Keziah à ses activités et j'allais au studio de danse en voiture. Comment est-ce possible ?
— Maïra ! Maïra ! m'interpelle Kali, alors que je suis engoncée dans mes souvenirs étoilés.
— Oui, oui... On y va.
Kalindra sait que je suis contrariée et elle n’en rajoute pas. Nous embarquons dans son véhicule qui sent encore le neuf, pour nous diriger vers le lieu de notre rendez-vous. Après un petit quart d'heure de trajet, nous arrivons au cabinet du Dr Colombani.
Je lis lentement les éléments inscrits sur la plaque qui confirme que j'ai rdv avec un neurochirurgien. Dans la salle d'attente qui sent le désinfectant à plein nez, je remue mes jambes nerveusement. Kali elle, se plonge dans son feed Instagram et commente des post sans véritable intérêt. Bientôt, c'est notre tour. Le Dr Colombani, un homme grand et mince nous accueille avec un large sourire. Je l'imaginais vieux et hésitant, mais c'est tout le contraire. Mon regard est attiré par ses mains parfaitement manicurées.
— Alors Mesdames, qu'est-ce qui vous amène ?
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