Fyctia

Alors que je viens d'être éjectée de mon réveillon joyeux, je n'ai pas le temps de paniquer. Une silhouette familière vient tout de suite à ma rencontre.

Je n'en crois pas mes lunettes  !

C'est Papili, mon grand-père Maternelle.

Comment peut-il se tenir devant moi alors qu'il est... ?

Tout cela me semble inconfortable et normal à la fois. Ce dernier m'adresse un sourire qui dit toute sa joie de me revoir. J'exprime mon inquiétude quant au réveillon laissé en suspens. Il me répond que je n'ai rien à faire ici, que ce n'est pas encore le moment pour moi.

Le moment de quoi au juste ?

— Tu n'as pas terminé ce que tu avais à faire Mimi.

« Mimi » Il était le seul à m'appeler ainsi...

— Mais Papili, je ne peux pas abandonner mon fils un soir de Noël ?  Et Bailey alors, il ne me le pardonnera jamais !

— Tu ne peux pas rester ici non plus. Tu as encore de nombreuses choses à régler. Il faut partir d'ici Mimi !

— Papili, lâcherais-tu ta famille en plein réveillon, toi ?

— Tu te rattraperas. Tes prochains Noël seront exceptionnels, ne t'en fais pas.

— Comment peux-tu le savoir ?

— J'en ai la certitude Mimi. Il faut juste que tu rentres à temps.

— Je veux rentrer chez moi. Maintenant !

— Cesse donc de t'inquiéter Mimi. Tout va bien se passer.

— Mais Papili...

— Prends ça me dit-il.

Mon grand-père s'évapore en une demi-seconde. Je regarde ce qu'il a déposé dans ma main, une clé en or, accrochée à un porte-clé en forme de sapin. Le chiffre 147 y est inscrit en relief. Je n'ai ni eu le temps de lui en demander la signification, ni pu l'interroger sur ce phénomène qui vient de brutalement m'éjecter de ma propre vie.

Un faisceau de lumière intense se forme devant moi, et j'avance attirée comme un aimant vers la clarté. Là je vois des ombres qui vont ci et là, sans jamais se soucier de moi. L'atmosphère est agréable et bienveillante. Je me sens bien ici. Pourtant, une seule idée m'obsède : retourner chez moi, avec Keziah et Bailey. Je n'ai pas le droit de disparaître comme ça, la veille de Noël !

Mon fils va être traumatisée, si je ne reviens pas.

De grosses larmes roulent sur mes joues, alors que je pense à mon enfant. Je ne peux pas lui faire ça ! Soudain, une ombre me télescope. C'est incroyable. Je le reconnais. C'est mon père. Mon Papa.

Comment est-ce possible ? 

Ce soir, j'ai rêvé de le revoir et il apparaît... Son visage est éclairé comme s'il avait un spot braqué sur lui. Je reconnais la cicatrice qui grave un sillon sur sa joue droite et le grain de beauté noir posé juste sous son œil opposé.

— Quelle chance de te trouver là Papa ! Tu vas bien ?

— Tu n'as rien à faire dans un endroit pareil, ma fille.

— Bon sang, mais pourquoi tout le monde me dit ça ?

— Parce que c'est écrit. Le Père a d'autres projets pour ta vie. Tu dois repartir chez toi.

— Mais comment ça ? Je n'ai pas choisi de venir ici moi !

— Tu t'inquiètes toujours autant à ce que je vois ? Petite déjà, tu étais anxieuse. Tu n'as aucune raison de l'être, Maïra. Tu es beaucoup plus solide que tu ne le crois.

— Papa, je veux revoir Keziah et Bailey aussi.

— Tu les retrouveras si c'est ce que tu veux. Mais ce ne sera pas ici. Ce sera là-bas.

— Où ça là-bas, Papa ?

— Crois-tu au miracle Maïra ?

— Je ne sais pas Papa.

— Pour le savoir, il faut repartir chez toi.

— Mais je ne demande que ça !

— Il te reste peu de temps avant Noël, ma fille. tu vas devoir être très courageuse.

— Papa je ne comprends pas.

— Tu comprendras tout une fois que tu seras chez toi. Quoi qu'il arrive, sois courageuse et garde la foi. Je t'aime.

— Papa ? Papa, je t'en supplie ne me laisse pas.

— Tiens Maïra, prends ça.

J'attrape la carte qu'il me tend et aussitôt Papa s'évapore.

— Papa ? Papa ?

L'écho de ma voix reviens à moi comme un boomerang. Je suis à nouveau seule face au néant. J'observe la carte qu'il a glissé entre les doigts. Une lithographie de la « Ferme des Majorelles » est imprimé en noir et blanc, sur le recto. Au verso, il y a un message de Papa – je reconnaitrais son écriture parmi mille autre :

❝ Souviens-toi que la vie mérite d'être vécue quel que soit l'épreuve qui t'oppresse.

Noël fait des miracles quand on veut y croire. Et les miracles de Noël changent des vies quand on y croit. Y crois-tu, toi, Maïra ?  Il te reste 147 jours avant Noël, 147 jours pour changer ton destin, 147 jours pour que l'Amour frappe à ta porte. 147 jours, et pas un de plus. Saisis ta chance et sois heureuse. Va, maintenant ma fille ! Ton prochain Noël sera unique et les prochains exceptionnels. Aies confiance en toi et vit la vie que tu mérites. Papa

P.S: Dis à Maman, que je l'aime et qu'elle reste mon seul amour. Dis-lui aussi : «Saut Mathurines ». Comme ça, Marie-Jo saura que c'est bien de moi.❞

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* Mikate : Beignets Africains (RD Congo, Congo, Angola...)

* Pondu (RD Congo) : Plat d'Afrique Centrale, d'Afrique de l'ouest et des Comores à base de feuilles de manioc pilées puis bouillies. L'appellation de ce plat varie d'un pays à l'autre.