Fyctia
Prologue - 1/2
Mardi 2 Février
Parée contre le froid, je traîne mes «MoonBoots» jusqu'au 4X4 flambant neuf de mon fiancé. Pierrick attrape le sac isotherme que j'ai dans les mains et le charge dans le coffre. Je m'installe à l'arrière avec Kali et Matt, puis claque la portière et attache ma ceinture.
— Ah ! Notre retardataire préférée est là, se moque Simon en même temps qu'il relève la mèche brune qui lui couvre la vue.
— J'aimerai bien t'y voir toi !
— Ben qu'est-ce que tu faisais Maï ? m'interroge Kali. T'en as mis du temps!
— J'ai eu une envie pressante et j'ai dû enlever ma combinaison et tout le toutim. L'enfer ! J'ai mis une éternité à me rhabiller.
— Pff ! Encore une excuse bien bidon !
— Simon, si tu pouvais juste te taire...
— Stop ! Arrêtez de vous chamailler vous deux, ordonne Kali. C'est fatigant à la fin !
— Mais c'est lui...
— Allons plutôt profiter de la poudreuse ! m'interrompt Pierrick. C'est parti ?
— C'est parti ! poussent en chœur nos amis.
— Maintenant que Princesse Maï est là, on va pourvoir en profiter.
Assis à l'avant du véhicule, mon « ennemi » se retourne et nous nous jaugeons d'un mauvais regard. Ce type m'insupporte et je suis bien contente de ne le rencontrer qu'en de rares occasions.
Cela fait cinq ans que je suis avec Pierrick et je me demande toujours comment l'homme que j'aime, peut être ami avec ce snobinard aigri. « Môsieur l'ingénieur », me fatigue avec ses réflexions incessantes et son avis qu'il partage sans qu'on ne lui demande rien. Je crois qu'il est l'unique point noir de mon premier séjour au ski !
Bref ! Plus que deux jours et j'en serai débarrassé.
Il nous faut trente-cinq minutes pour nous rendre à la station des 3 Ardrets et vingt de plus pour récupérer les casques, skis et snowboards de chacun. Enfin équipés, nous empruntons les télésièges qui conduisent en haut des pistes. Comme à chaque fois, je suis émerveillée par le spectacle qui s'offre à moi. Plus on monte, plus la nature est belle.
Trop heureux que je m'adapte à cet endroit qu'il affectionne, mon fiancé me colle un baiser interrompu par notre arrivée au sommet. Pierrick enfile ensuite son sac à dos et part rejoindre ses deux acolytes en direction de la piste noire. Pour ma meilleure amie et moi, ce sera : piste bleue, à petite vitesse.
La matinée se passe formidablement bien. Avec Kali nous en profitons pour bavarder et se chahuter. J'aime être en sa compagnie et je ne la remercierai jamais assez de m'avoir accompagnée ici. Sans elle, mon séjour n'aurait pas la même saveur.
À l'heure du déjeuner, nous retrouvons les garçons là où nous nous sommes quittés, pour aller pique-niquer. Nous choisissons un endroit qui convient à tous et nous nous y installons. Pierrick, ouvre le sac-à-dos isotherme et sort les sandwichs, salades et boissons que j'ai pris le soin de préparer pour notre belle équipe – enfin belle, sans cet abruti de Simon.
En même temps que l'on mange, nous échangeons sur divers sujets. Je grince des dents lorsque Pierrick et Simon parlent de leurs travaux respectifs. Il faut dire que parler des moteurs à propulsion nouvelle génération, ne m'intéresse absolument pas. Pour tromper mon ennui, je dessine des étoiles – du bout de mon index – dans la neige encore vierge, pendant que Matt joue avec les longues boucles brunes de Kali.
Ces deux-là se tournent autour depuis dix jours...
Après une bonne heure de pause, nous décidons de bouger. Enfin !
— Une dernière descente avant de rentrer, propose Matt ?
— C'est parti ! clament Pierrick et Simon.
— Ah non ! Tu ne vas pas repartir avec eux chéri ? Je ne t'ai presque pas vu de la journée. Skions ensemble, s'il te plait ?
Hésitant, ce dernier cale son regard vert dans le mien.
— Ok ! Ok ! Bon... Les gars, je vous abandonne, finit-il par déclarer. C'est elle qui décide sur ce coup !
Simon fait alors une proposition intéressante – pour une fois – celle d'aller tous ensemble sur la piste rouge, moins facile pour Kali et moi, mais encore agréable pour des experts en glisse comme les garçons. Tout le monde semble d'accord et nous nous engageons sur la fameuse voie.
J'admets franchement que je suis nulle à ski. J'avance bien, mais j'ai parfois du mal à freiner correctement. Kali se débrouille bien mieux que moi. J'aimerais avoir autant de confiance qu'elle, mais c'est loin d'être le cas.
— C'est bien Maï ! Tu t'en sors bien, m'encourage mon fiancé.
— Euh, tu skies ? Ou tu danses Maï ? Va falloir choisir ma belle.
— Toi, on ne t'a rien demandé, ok Simon ?
— Au bout de dix jours tout de même... Même à l'école de ski, les minots de six ans font mieux que ça !
Retenez-moi, je vais le tuer !
— Regarde comment fait Kalindra et prends-en de la graine.
— Je ne t'ai rien demandé Simon !
— J'ai l'impression de participer au remake de « Première Étoile », poursuit-il dans un éclat de rires.
Je suis outrée ! Simon, lui, semble satisfait que sa remarque ait atteint sa cible.
— En tout cas grâce à toi Maïra, cette descente va durer quelques heures, continue-t-il, fier de lui. Heureusement qu'on a le ventre plein et que le paysage est sympa, hein ! Parce que là...
— Stop Simon ! lui ordonne Pierrick. Maintenant ça suffit.
Contente que mon homme réagisse. Il était temps...
— Allez Princesse, faut glisser pour de vrai maintenant !
— La ferme Simon ! la ferme, t'as compris !?
Ce débile me fait hurler de colère. Les nerfs en pelote et l'orgueil dans les talons, je lève mes bâtons et les plante dans le sol pour prendre mon élan.
— Hey Pierrick ! On dirait que « la montagne la gagne » cette fois-ci ! Elle a du caractère ta meuf, nargue-t-il alors que je file devant lui.
— Punaise Simon, t'es pénible se plaint, ma moitié qui s'élance à ma suite.
— C'est pas cool, se fâche Kali. T'es content de toi ?
— Eh Oh, ça va ! Elle n'est pas en sucre votre Maïra ! C'était juste une blague !
J'en ai assez. J'aurai dû m'écouter. Je n'ai rien à faire ici. Les sports d'hiver, ce n'est définitivement pas mon truc. J'aurais été plus tranquille, installée sur une plage paradisiaque de mon île – plus vite, je serai en bas, plus vite je rentrerai chez moi.
Furieuse, je ne me rends pas immédiatement compte, que je prends trop de vitesse. Je tente de freiner, mais je n'y parviens pas.
« Mets les skis en "V", si tu veux t'arrêter », m'avait conseillé le moniteur quelques jours plus tôt. Et bien, il faut croire que je ne maîtrise toujours pas le freinage en "V" !
Cette voie est quand même moins linéaire que les pistes vertes et bleues, pratiquées tout au long du séjour avec Kali. Cette fois-ci, je vais vraiment tomb...
Mince ! Mince ! Mince !
Je vais me rétamer !
J'entends Pierrick hurler mon nom.
Trop tard !
C'est comme si j'avais prophétisé sur mon triste sort.
En essayant d'éviter un groupe de skieurs devant moi, je dévie de la piste et mon ski heurte une motte de neige, me propulsant en l'air. Mon corps chute lourdement sur la roche enneigée, avant de rouler en pente comme un pantin désarticulé.
3 commentaires
Justine_De_Beaussier
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Il y a un jour
Angel Guyot
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Il y a 16 jours