Fyctia
Chap 15 - Alma
30 septembre 300 post apocalypse - Pensées non enregistrées
Il est posé nonchalamment. L’épaule contre le mur du couloir, planté là, les mains dans les poches, les pieds croisés. Il parait tranquille et calme. Pourtant émane de lui une sorte de force ou une impatience, une aura magnétique et étincelante de vie. Ses yeux me fixent sans gêne avec une lueur amusée. Ils m’attendent. Un éclat hautain et sauvage brille dans ses prunelles claires au regard sombre.
J’ai l’impression d’être face à un animal inconnu de la forêt. Ni un oiseau ni un insecte, plutôt un loup ou un ours, que je ne connais qu’en image. Si lui est le loup ancestral, porteur de l’héritage des anciens, qui suis-je en face ? La brebis égarée aujourd’hui disparue ? La petite souris blanche prête à se faire croquer ?
Je le détaille de pied en cap. Il porte de vielles baskets et un survêt usé dont la veste est ouverte sur un tee-shirt blanc douteux à col rond. Le même que sur la photo je crois. Une sorte de sac banane en bandoulière noire, elle aussi usée, barre son torse. Ses cheveux sont peignés en arrière.
Un style totalement moche à mon avis.
Pourtant, cela dégage son front et souligne ses yeux. Il porte une lourde chaîne en argent.
Des boucles d’oreilles pendent à ses lobes. Nombreuses, brillantes, étranges. L’une d’elles arbore un pendentif en forme de croix.
Est-ce qu’il pourrait croire en Dieu ? Plus personne ne croit en ce genre de chose.
La longueur de ses cheveux et ses bijoux pourraient lui donner une forme de douceur ou de la féminité mais étrangement tout le contraire s’en dégage.
Je me rends compte que je le fixe sans bouger, dans une position quelque peu bizarre, un pied toujours devant l’autre. Arrêtée en pleine marche, genre statue de sel. Je crois que j’ai oublié de respirer et prend une profonde inspiration.
Je ne vais pas tellement pouvoir m’enfuir car j’aurai l’air maligne bloquée dans la salle de sport. Je vais pas non plus pouvoir passer à côté de lui comme si de rien n’était vu qu’il me fixe et qu’avouons-le je le fixe aussi depuis 2 bonnes minutes.
Euh… ça disait quoi déjà les cours ? J’ai un trou là tout de suite.
Sans que mon esprit ne l’ait vraiment décidé mes pas me portent dans sa direction comme si mon corps subissait son pouvoir d’attraction. Je me plante devant lui sans trop savoir quoi dire ou faire.
Alma, t’es au summum de la class’
Heureusement, il ouvre les hostilités sur un ton narquois dans un anglais qui semble tinté d’un accent étranger.
- Salut, Alma. Il dit en me regardant droit dans les yeux, sans détour. Sa voix est rauque et rocailleuse, chaude comme le soleil.
- Salut, je réponds dans un souffle.
Est-ce que j’ai vraiment parlé ? ou alors pas assez fort ? m’a-t-il seulement entendue ? Comment est- ce qu’il connaît mon nom ? Moi je ne sais pas comment il s’appelle. Je pourrais peut-être lui demander ce serait toujours un début de conversation. Les mots se bloquent dans ma bouche à la place de tout ce à quoi j’aurais pu penser sort un imbécile et moqueur.
- Joli survêt !
- T’as l’œil, C’est mon préféré ! Il sourit d’un air entendu, t’es aussi super à ton avantage, poupée, il rétorque sur le même ton que moi.
Je regarde ma tenue de sport usée, au tissu épais et un peu trop grande, qui me grossit beaucoup je dois dire. Pas du tout ce que j’avais imaginé des heures durant avec Mounia pour cette première rencontre. Touchée.
Poupée ?
Il a bien dit « poupée » ? C’est quoi ce truc ridicule ?
Je rigole et il semble esquisser un sourire aussi puis il regarde autour de lui l’air un peu inquiet.
- Viens, on s’tire, il lance en me prenant par le bras.
J’ouvre de grands yeux incrédules en imposant de la résistance. Où compte-t-il m’emmener comme ça ? Est-ce que j’ai envie de le suivre d’abord ? oui sûrement mais…pour l’instant je savoure la sensation de sa main sur mon bras, de la légère pression de sa poigne, de la vision de sa large main aux doigts bagués et de la vague de chaleur qui l’entoure. Je savoure aussi ma résistance, je suis de celle que l’on ne peut amener de force où bon nous semble.
- Tu bouges ? Oh ! je vois j’te fais peur demoiselle ? Je vais pas t’étrangler j’te signale. Allez, on fait un jeu, le train tchou tchou, tu connais ? Il demande.
- Tu t’accroches à ma taille et on démarre, direction la sortie de ce couloir miteux.
Je suis mi mortifiée mi amusée. Toucher sa taille ? Au beau milieu de ce couloir, admettons miteux ? L’image a quelque chose de risible et enfantin, totalement en décalage avec ce qu’il m’inspire. Oh, n’ayons pas peur du ridicule je commence un mouvement de mes mains vers sa taille en décidant de le prendre au mot.
- OK allons y. J’aime les jeux, je le provoque avec ce mensonge éhonté, à moins que je vienne de découvrir que j’aimais les jeux ?
Je vois bien que je le prends au dépourvu, dans son regard passe une lueur amusée et ravie puis il regarde autour de lui avec à nouveau ce regard inquiet. De quoi a-t-il peur exactement ? Aurait-il honte de frayer avec moi ?
- Je plaisantais bien sûr ! t’as aucun second degré ou quoi ? allez à plus beauté !
Beauté?
Son langage est fleuri, bizarre et imagé. Son accent est différent. On est que 80 000 en tout, je ne savais pas que certaines personnes pouvaient avoir un accent différent du mien, mais je n’ai pas le temps d’y réfléchir plus longtemps.
Il me plante là s’en allant tranquillement de sa démarche nonchalante, les mains toujours coincées au fond des poches.
Je rêve, il me plante là et je ne réagis même pas ! Je ne connais même pas son nom, comment je vais pouvoir rêvasser sur lui ? il faut dire que j’ai une vue directe et privilégiée sur son magnifique derrière et ses épaules carrées ce qui n’aide pas vraiment.
Je fixe au fond de mes rétines cette image de lui de dos au milieu du couloir et mes yeux ne voient personne d’autre autour.
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