Fyctia

30 septembre 300 post apocalypse - Pensées non enregistrées

Désorientée par ce qui vient de se passer et assaillie par un flot de pensées, je me réfugie dans la grande douche du vestiaire. Habituellement le moindre évènement dans ma vie est décrypté dans ma tête pendant plusieurs minutes et m’empêche de trouver le sommeil, je vais en avoir pour plusieurs nuits à encaisser celui-ci.

On a ri, il me semble, ça fait du bien de rire.

C’est en tout cas ce que dit la robot psy.

Pourtant, dans notre Société Nouvelle on ne rit que très peu.

On est concentré sur nos objectifs raisonnables.

Je viens peut-être de découvrir une autre partie de moi ? Une Alma drôle et pleine de vie ? Qui sait manier l’humour ? Tout ça en 2 pauvres petites minutes ?

J’essaie de retrouver mon souffle, mon calme et mes esprits.

J’en suis là de mes réflexions lorsque la porte s’ouvre à la volée.

Lui.

Ces yeux sombres menacent, une aura de colère ou de frustration émane de son corps tendu. Bien que grande, la cabine me parait d’un coup toute petite et l’air vient à me manquer.

- Qu’est c’tu fout là ? Tu te sens sale ? Eructe -il

- Euh non, je réponds d’une petite voix en réfléchissant à cent à l’heure, sale ? qu'est ce que ça veut dire ? Et j’aurais pu être nue en ce moment même !

- Tu passes 2 minutes avec moi et tu te précipites sous la douche. Tu veux nettoyer la crasse ?

Son ton est nerveux et menaçant mais pointe aussi une inquiétude ou de la honte ? je décide de changer le cap de la conversation, le sujet parait délicat.

Je sais pas trop comment répondre à ça, je crois qu’il me fait un peu peur.

Je me lance à me confier un peu sur moi-même, je ne sais pas trop ce qui me pousse dans cette direction.

Ais-je envie de me confier à lui ou tout simplement de respecter les consignes du cours de séduction ?

Cours complètement pourri comme l’a bien souligné Mounia ? Bref, ok je me lance.

- J’ai ressenti le besoin d’être seule et laisser libre cours à mes émotions sans être observée. Mes pensées dérivent et se superposent sans toujours cadrer avec le programme. J’ai parfois l’impression de pas être tout à fait normale, d’être différente. Je sais pas si je suis bien claire ?

Tout ce charabia est sorti de ma bouche sens dessus dessous je dois dire. C’est une des phrases les plus longues et alambiquée qu’il m’ait jamais été donné de prononcer. En tout cas, en dehors de ma tête.

- Ouais. C’est tordu mais, j’ai capté.

L’atmosphère change tout à coup, je crois que la palme de la honte a changé de camp.

Il me lance un sourire un peu timide, un peu joueur. Je sens que mes lèvres s’étirent en un grand sourire et que mes yeux s’emplissent d’espièglerie.

Je savoure ma victoire. Pour moi-même qui ai réussi à me confier et faire preuve d’un peu d’autodérision et pour lui qui change d’émotion. Il écarte un peu ses bras de soulagement ou …un peu comme pour une invitation ?

J’observe son corps à la dérobée ainsi figé devant moi dans l’attente d’un geste de ma part.

Pour une fois, ses mains sont hors de ses poches et elles me semblent douces et caleuses. Elles me donnent envie de les toucher. Le métal probablement doux et froid de ses bagues me tente et m’attire.

J’hésite, qu’est-ce qu’il attend de moi exactement, si je fais un pas vers lui on risque de se retrouver un peu trop proches à mon goût et ça me tétanise.