Hedgye Le Capitaine des Abymes Souviens-toi Papa...

Souviens-toi Papa...

Oh le petit vieux vient il de dévoiler une information importante ;) ?


*


Eliott semble apprendre aussi la nouvelle, il serre ses poings et menace l’ancien face à nous en le choppant par le col de sa chemise large.


– Qu’est-ce que tu sais que tu ne nous as jamais dit !


– Si je te le dis, tu tenteras quelque chose, une mutinerie et toutes nos âmes seront prisonnières à jamais.


– Parce que ne sommes-nous pas déjà prisonnier depuis des siècles, corrige Eliott en resserrant sa prise.


– Seule une femme peut décrypter le message Eliott, te souviens-tu de cette demoiselle il y a trente ans qui était monté par mégarde sur le navire. Elle m’avait confié avoir vu quelque chose, elle y était presque mais Morgan a découvert son secret et elle a péri dans le fond de l’océan.


Je déglutis lentement, je n’ai pas le choix, si je veux m’en sortir je dois découvrir quel est le message. Et si ce que j’avais vu la veille avait un lien avec ce fameux code secret ? Mais comment réussir à approcher le capitaine, observer son dos sans se faire prendre et dévoiler sa véritable identité ?


– Autrement dit, c’est impossible, soupire Eliott en reprenant sa place. Je regrette ce jour où j’ai rejoint la piraterie abandonnant mes valeurs de corsaire. Le roi comptait sur moi.


– Quel roi ?


– Henri VIII voyons Cameron !


– Cet homme est mort depuis plus de cinq cent ans, annoncé-je.


Le vieil homme me scrute longuement, il passe sa main dans sa longue barbe mal taillée et me demande subitement :


– En quelle année as-tu été emporté petit ?


– En 2018…


– C’est bientôt la fin, murmure-t-il en se tournant vers Eliott.


– Arrêt avec tes énigmes le vieux et explique nous, qu’est ce qui est bientôt fini ?


– Morgan avait suffisamment de force pour nous maintenir ici pendant plus de cinq cent ans, durant les trois dernières années il a puisé ses dernières forces en se séparant de son âme. L’univers doit chercher à récupérer son du désormais… Ce n’est qu’une question de temps.


Alors ce que j’avais entrevu hier, c’était la lune qui souhaitait récupérer son énergie ? Ou l’âme de Morgan, a-t-il une âme pour commencer ? C’était donc lui qui souffrait le martyr sur le pont ? Je gobe les derniers morceaux de mon repas en me remémorant ma nuit. Quand un cri à l’autre bout du navire nous parvient :

– Bateau de marchandises à tribord tous sur le pont !


En moins d’une seconde, tous les marins ont abandonné leur assiette, saisit leurs pistolet et épée, criant tel des bêtes en furies. Les canons sont poussés par plusieurs hommes, d’autres s’attèlent aux cordes qu’ils s’apprêtent à lancer sur le navire marchand. J’ai bien envie de me cacher le temps de la barbarie, mais un des marins me choppe l’épaule et m’amène sur le lieu de l’attaque. Il me place dernière un canon, me tend une torche en feu et sans rien me dire, m’indique du menton le canon prêt à lancer son boulet juste en face.


Je reste sans mot en découvrant le bateau d’en face, il ressemble trait pour trait à celui dans lequel mon père a embarqué il y a trois ans de ça. Les marins semblent surpris de se faire attaquer, les pirates quant à eux lancent leurs cordes et hurlent en cœur :


– A l’abordage !


Mes yeux cherchent instinctivement quelque chose de rassurant, quelque chose que je pourrais trouver pour me sortir de ce pétrin. Et c’est à cet instant que je l’ai vu. Mon père. Ou du moins l’homme qu’il était car son visage semble vide d’émotions, ses yeux sont creusés et ses lèvres tirées vers le bas. Ce n’est pas celui que j’ai laissé partir il y a trois ans.


– Papa ! Hurlé-je en me précipitant sur le bord.


Mais il ne semble pas m’entendre comme s’il s’agissait d’un autre homme, d’un autre univers. Les pirates s’acharnent sur les marchands, ils pillent tout ce qu’ils trouvent. J’ai l’impression que la logique de l’espace-temps n’est plus, qu’elle a explosé en milliers de morceaux et qu’un navire maudit de 1515 combat un bateau de 2015…


– PAPA ! retenté-je à m’en égosiller la gorge.


C’est comme s’il ne me voyait pas, pourtant il se met à combattre un des pirates avec hargne, le bandit dégaine son épée et sans prévenir l’enfonce brutalement dans l’estomac du fantôme de mon père.

– PAPA PAPA ! crié-je les larmes aux yeux.


– Cameron attention !


Je n’ai pas le temps de tourner la tête qu’un boulet de canon du camp adversaire arrive de plein fouet sur le bateau. Je suis propulsée plusieurs mètres en arrière ma tête se heurte violement au sol et le néant s’empare aussitôt de moi.


­– Cameron ! Réveille-toi bon sang !


J’ouvre timidement un œil, la bataille semble être terminée, Eliott est au-dessus de moi. Je suis toujours couchée au même endroit. Mon crâne me fait un mal de chien, je grimace et me place assisse sur le sol. Je suis encore toute chamboulé par ce qui vient de se passer. J’ai cru voir mon père, ou son reflet dans un autre monde.


Les larmes envahissent aussitôt mes yeux quand je réalise qu’il est peut-être réellement mort à cause de l’attaque de la Chimère il y a trois ans. A-t-il pensé à moi avant de mourir ? Se doutait-il de la douleur que cela allait causer en moi ?


– Ça va ? demande Eliott en tapotant sur mon épaule.


– Je veux quitter ce navire au plus vite, j’irai trouver la clef cette nuit, informé-je mon camarade de route.


*

La lame de couteau dérape pour la sixième fois sur mon pouce, comment peut-on éplucher des pommes de terre avec des outils aussi médiocres. J’essuie à nouveau mon doigt ensanglanté avec un chiffon déjà tâché de toute part. Eliott ne m’a pas reparlé de l’évènement au matin, il a simplement hoché la tête et a repris son rôle de bras droit. J’ai tout fait pour ne pas m’attirer le mauvais œil du capitaine Morgan et de son piaf.


Je me suis donc enfermée en cuisine, et j’ai pris la décision d’éplucher la demi centaine de patates qu’ils ont prévu pour ce soir. Faire cela me vide la tête et je commence à oublier la scène tragique de ce matin. Je ne sais pas combien de pommes de terres j’ai pu préparer, mais je continue au rythme des pas sur le pont juste au-dessus de ma tête.


Paisiblement occupée, je ne remarque pas tout de suite la présence d’un homme debout derrière la table. Lorsque je le remarque, mon cœur s’évade presque de ma poitrine. Morgan est debout devant moi, les bras croisés dans le dos, son sourire mesquin ne me plait que très peu.


– Vous serez prié de préparer mon bain Cameron, je veux vous voir dans mes appartements dans dix minutes.


Ca n’augure rien de bon cette histoire de bain pensé-je.

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2 commentaires

Hedgye

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Il y a 7 ans

Tu seras surprise mdr !

Emilie May (Bookofsunshine)

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Il y a 7 ans

Voilà ! Elle va lui laver le dos et l'histoire est réglée ! Simple et efficace ! En 10 chapitres ils ont le temps de tomber amoureux et se promettre un amour jusqu'à la mort ? Ouaiiiiis ça fait un peu court !
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