Fyctia
Chapitre 2 (1/2)
Après le coup de fil du notaire de la famille, j’avais immédiatement appelé mon propriétaire pour lui dire qu’il n’avait plus qu’à se trouver un nouveau locataire. Il est hors de question que je laisse mes soeurs gagner. Ce château est à moi. En moins d’une semaine, je m’étais retrouvé à dormir à même le sol de mon appartement, avec comme seul meuble restant un buffet trop vieillot pour trouver preneur.
À présent, assis dans le train qui me ramène droit vers ma région natale, je me demande si je n’ai pas été trop impulsif. Ma mère avait tout de suite accepté de m’héberger, parce qu’elle m’aime et continue à nourrir des espoirs à mon égard. Mais elle avait posé quelques conditions qui m’avaient bien fait grimacer même si elles faisaient partie du jeu que mon défunt de père avait lancé.
Je dois lui présenter quelqu’un sous trois mois.
Trois mois ! Comment est-ce que je vais pouvoir trouver quelqu’un en trois mois ?
Surtout que ma mère n’est pas dupe. Grande romantique dans l’âme, elle remarquera tout de suite si je lui ramène une fille que je n’aime pas. Si je veux que cette mascarade fonctionne, j’ai intérêt à me jeter corps et âme dans ce projet. Heureusement pour moi, j’adore les défis et la compétition. Et mon impulsivité, qui n’est pas toujours une alliée soyons honnêtes, pourrait bien jouer en ma faveur cette fois, si j’apprends à mieux la doser.
Au bout d’une heure et demie de trajet, le train s’arrête à la gare de Rennes. Je colle mon nez à la vitre pour observer les fourmis qui s’agglutinent sur le quai, se bousculent, s’insultent. D’autres se lèchent les amygdales tels des poissons nettoyeurs. Aucun savoir vivre, aucune dignité. Les gens m’énervent tellement. En fait, ce sont juste des enfants dans des corps d’adultes. Immatures, stupides, irrespectueux, intrusifs.
— Qu’est-ce que tu regardes avec autant d’insistance ? me demande mon voisin.
Quand on parle d’intrusion !
Je lui jette un coup d’oeil en coin. Il tourne la page du livre qu’il tient entre ses doigts.
De quoi je me mêle ?
Je décide de ne pas nourrir sa curiosité et reporte mon attention sur les tourtereaux, dont les membres sont enchevêtrés les uns aux autres comme s’ils essayaient de fusionner. À gerber. Et pourtant, je n’arrive pas à regarder ailleurs. Mes yeux les suivent encore lorsque le train se remet en marche et je me surprends à me tordre le cou, médusé.
Pourquoi, de ma famille, suis-je le seul à ne pas croire en l’amour ? Vous vous posez la question, je le sais bien. Désolé, je n’ai aucune histoire larmoyante à vous servir. Je me suis juste un peu ramassé la gueule plus jeune, comme beaucoup d’entre vous. Et le pire dans tout ça, c’est que la personne concernée se trouve juste à côté de moi à l’instant où je vous parle. Avec ses bouclettes brunes parfaites et son sourire de tombeur.
Je lui jette un nouveau regard en coin, comme je le fais depuis plus d’une heure maintenant. Maïeul. Je crois bien que ce que j’ai ressenti à l’époque pour lui s’apparentait à ce que le commun des mortels appelle de l’amour. Ce sentiment affligeant qui vous dépossède de votre personne. Qui vous fait penser à l’autre sans arrêt alors que ça n’apporte aucun intérêt. Qui agite vos nuits de fantasmes, alors que vous devriez vous concentrer sur vos études. Et qui vous laisse un trou béant au lieu de votre organe vital quand vous prenez conscience que tout ça, ça restera un fantasme.
Ça m’a pris du temps pour réaliser, mais maintenant je suis immunisé. Je ne me prends plus la tête avec ces conneries. Je vis comme je l’entends, sans me soucier de demain. C’est probablement ce qui m’a conduit dans ce train, prêt à retourner vivre chez ma mère à trente-et-un ans. L’avenir ne me fait pas particulièrement peur, ni ne me fait rêver, puisque je suis bien incapable de le visualiser. Bien que, maintenant, j’ai un objectif clair en tête : gagner cette petite guerre avec, à la clé, un château. Ce n’est quand même pas rien !
— C’est fou, non ?
Pourquoi est-ce qu’il s’évertue à essayer de faire la causette ? Il voit bien que je n’ai pas envie, non ?
— Qui aurait cru qu’on se retrouverait, quinze ans plus tard, dans le même train, la même voiture, l’un à côté de l’autre, pour la même destination ? rit-il.
Tu parles d’une belle connerie ! Le sort s’acharne contre moi, oui.
Je grogne pour toute réponse. Dans mon champ de vision, je le vois refermer son livre et ne peux m’empêcher de jeter un coup d’oeil à la couverture.
Wouah, Harlequin ?
Je suis un peu choqué. Mais bon, chacun ses vices, j’imagine.
— Tu n’es pas un grand bavard, on dirait, revient-il à la charge. Dans mes souvenirs, tu étais plus loquace.
Un nouveau rire. Si je suis tout à fait honnête avec vous, je n’aime pas beaucoup la sensation que ce rire provoque en moi. J’ai la poitrine qui se serre légèrement. Désagréable. Maïeul enchaîne.
— Tu prends des vacances ou tu es là pour affaires ? Dans quoi tu bosses, d’ailleurs ?
Mais qu’est-ce que ça peut te faire, dans quoi je bosse !
On ne s’est pas vus depuis quinze ans et ce n’est pas comme si on avait été proches non plus à l’époque ! C’était juste le frère d’une amie de mon meilleur ami. Point.
— Andréa ?
Eh merde.
Je me redresse d’un coup.
— Faut que j’aille pisser.
— Oh, euh, ok, répond-il avant de se lever pour me laisser sortir de ma place.
Mon corps frôle à nouveau le sien et une décharge électrique me parcourt la nuque.
Mais quelle horreur ! Putain, qu’on me sorte de cet enfer.
Je me dirige d’un pas déterminé vers le bout de la voiture, martèle le bouton de la porte qui ne s’ouvre pas assez vite à mon goût et m’engouffre dans le petit couloir. Je n’ai aucune idée d’où se trouvent les toilettes et je m’énerve avant de réaliser que je m’en fiche, des toilettes. Je n’ai pas envie de pisser. J’avais juste besoin de respirer une minute loin de ses interventions. Le train ralentit. On arrive en gare de Vannes. Après le coup de sifflet, les portes s’ouvrent et l’air s’engouffre dans le petit couloir.
Je ferme les yeux et prends une grande inspiration. Mais ça pue. Ça pue la transpiration, l’air pollué et les relents d’odeur de bouffe. Pour la grande bouffée d’air frais, on repassera. Je me pousse contre le mur pour laisser monter les quelques passagers qui se bousculent devant la voiture. Je me sens à l’étroit tout à coup.
***
Bonjour bonjour par ici ! La compétition bat son plein sur ce nouveau concours, c'est l'effervescence ! J'adore ça, c'est challengeant !
En ce qui me concerne, j'avance lentement mais sûrement et j'apprends à cerner mes nouveaux personnages dont je ne connais encore quasiment rien 😂
En tout cas, pour l'instant, j'adore déjà Andréa !
Et vous, vous le trouvez comment ? 🤭
Mon insta si vous avez envie de me suivre là-bas : mauranne.bpoussart.autrice
Bonne lecture et écriture à vous 😍
16 commentaires
Jay H.
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Il y a 2 ans
Mauranne BP
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Il y a 2 ans
zaboo
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Il y a 2 ans
Mauranne BP
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Il y a 2 ans
Ana_K_Anderson
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Il y a 2 ans
Mauranne BP
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Il y a 2 ans
Rose Foxx
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Il y a 2 ans
Rose Foxx
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Il y a 2 ans
Mauranne BP
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Il y a 2 ans
Thanks
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Il y a 2 ans