Mauranne BP Le bonheur à tout prix Chapitre 2 (2/2)

Chapitre 2 (2/2)

Il est temps pour moi de regagner ma place. Je n’ai qu’à dire à Maïeul que j’en ai rien à foutre de ce qu’il a à dire, que je ne suis pas là pour faire ami-ami avec lui. J’emboite le pas au grassouillet qui s’engage dans le couloir et prend mon mal en patience lorsqu’il met, sans déconner, bien deux minutes à s’installer alors que je suis à peine à trois rangées de ma place.


— Tu veux bien… grommelé-je à l’attention de mon voisin, plongé à nouveau dans sa lecture de grand-mère en manque de cul.


— Oh ! Oui, bien sûr, me sourit-il avant de me tendre son livre pour se redresser.


Je l’en lui débarrasse non sans avoir levé les yeux au ciel avant. Il me dévisage amusé. L’espace d’un instant, juste un tout petit instant, je me demande si je lui plais. Il a vraiment une drôle de façon de me regarder. De poser sa main sur ma hanche pour me pousser doucement à ma place.


De quel droit est-ce qu’il me touche, celui-là ?


Je me laisse tomber sur mon siège, contrarié et un peu troublé, je dois bien l’avouer. Mon ancien crush de lycée tend la main dans ma direction et je lui fais un signe de tête du genre « Qu’est-ce que tu me veux ? ». Ses yeux glissent vers mon entre-jambe. Je me tends avant de me rendre compte que j’ai son livre de grand-mère en manque sur les genoux. Ni une, ni deux, je le lui balance. Maïeul écarte les doigts et le rattrape d’un geste habile sans se formaliser de mon manque total de considération pour un objet qui ne m’appartient pas. Et le pire, c’est qu’il se remet à parler.


— J’ai vraiment hâte d’arriver, dit-il, excité. Mon chien me manque beaucoup trop, ajoute-t-il avant de pointer son portable dans ma direction.


Je jette un coup d’oeil poli et surtout curieux vers son fond d’écran. Un Border Collie ? Ouais, ça lui va bien comme chien.


— Mhh, grogné-je. Il est mignon.


— Oui, hein ? Il s’appelle Sébastien, rit-il.


— Pourquoi t’as donné un prénom d’humain à un chien ? lui demandé-je, un peu choqué.


Maïeul me dévisage un instant, comme si je venais de l’insulter.


— Pourquoi pas ? répond-il.


La provocation. Un classique quand on n’a aucune répartie.


— Ok.


Il reste silencieux, contrarié. Je me dis alors que j’ai gagné. Sauf qu’évidemment, il finit par se remettre à parler.


Putain. Pourquoi est-ce que je ne lui dis juste pas de la fermer ?


Je n’y arrive pas, je ne sais pas pourquoi.


— Il est chez ma soeur, m’explique-t-il. Je… j’étais monté sur Paris pour rencontrer un mec avec qui j’étais en relation longue distance depuis quelques mois et, au final, il s’est avéré que c’était un con, grimace-t-il. Donc je rentre plus tôt que prévu. Ce n’est pas plus mal, Sébastien me manquait trop de toute manière.


J’enregistre l’information, lentement. Donc, il aime les mecs. Ok. Du coup, peut-être que je lui plais vraiment, que je n’ai pas fabulé tout à l’heure quand il m’a touché la hanche au calme. Je m’écarte légèrement de lui avant de me rendre compte que je dois avoir l’air ridicule, voire pire : il va sûrement croire que je suis homophobe alors que pas du tout. Mon geste ne lui échappe pas, malheureusement, et il lève un sourcil.


— Ce serait mentir de dire que tu n’es pas devenu vraiment canon, Andréa, mais ce n’est pas parce que je sors avec des hommes que je compte te sauter dessus dans ce train, rit-il.


Son rire me déstabilise à nouveau. Je déteste ça. Je déteste vraiment ça. J’analyse ce qu’il vient de dire : « te sauter dessus dans ce train » ? Ce qui veut dire qu’il envisage éventuellement de me sauter dessus ailleurs que dans ce train ?


Oula, tu divagues, mon vieux. Reprends tes esprits. Ce mec ne s’est jamais intéressé à toi à l’époque, alors ça ne va pas changer maintenant.


Le train s’arrête en gare d’Auray. Plus qu’un arrêt après celui-là, et je serai enfin débarrassé de mon voisin.


— Comment va ta mère ? me questionne-t-il à nouveau. J’ai appris pour ton père… mes condoléances, d’ailleurs, ajoute-t-il d’une voix plus basse, comme si c’était quelque chose que personne ne devait entendre à part moi.


J’avais oublié à quel point tout se savait là d’où je viens. Les gens se mêlent de tout, aiment tout savoir les uns sur les autres. Au moins, à la capitale, les gens se mêlent de leur cul, pas de ta vie. C’est à peine s’ils te calculent et c’est très bien comme ça. Je ne suis pas du genre très expansif au cas où vous ne l’auriez pas encore compris.


— Merci, je réponds simplement.


Dans mon champ de vision, je le vois triturer le dos abimé de son livre Harlequin. Puis il revient à la charge à croire que parler est l’unique chose qui le maintient en vie.


Bordel.


— Tu ne m’as pas répondu tout à l’heure… se risque-t-il. Tu es là pour affaires ou…?


Je laisse échapper un long soupir. J’ai comme l’impression qu’il ne va pas en démordre jusqu’à ce que je cède à sa curiosité malsaine de breton pur beurre.


— Je retourne vivre chez ma mère.


— Mince alors, à cause de ton père ?


Encore une putain de question. Encore et toujours des questions !


— Oui et non. Mon vieux a rédigé un testament et je ne compte pas laisser le château me passer sous le nez, je murmure, les yeux rivés sur le paysage verdoyant.

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8 commentaires

Ana_K_Anderson

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Il y a 2 ans

Coup de pouce <3

Mauranne BP

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Il y a 2 ans

Merci !

Rose Foxx

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Il y a 2 ans

tes titres de chapitres chauqe fois je me dis que j'ai tout vu, chaque fois je suis surprise haha

Rose Foxx

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Il y a 2 ans

oups je me suis trompée de livre on dirait ! ^^'

Rose Foxx

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Il y a 2 ans

je suis passée te donner un coup de pouce du coup haha

Mauranne BP

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Il y a 2 ans

J'ai ri 😂😂 La boulette !
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