Fyctia

On se croirait dans un mauvais jeu vidéo de zombie ou d'apocalypse. Ce rouge suscite la peur et l'angoisse, c'est la couleur du sang... du sang... Oui... il y a une certaine odeur de sang que le détective arrive enfin à percevoir. Plus il avance, à pas de velours, plus l'odeur se fait plus forte et persistante. Il regarde dans chaque pièce pourvue d'une ouverture, malgré la faible luminosité, il est sûr que personne n'est à l'intérieur. Il continue sa vérification, jusqu'au moment, où justement, il voit des corps dans une pièce. Deux corps... Enfin, c'est ce qu'il pense. Car ils ne sont pas entiers. Une immense flaque de sang recouvre le sol, malgré la lumière rouge, il n'a aucune difficulté à remarquer cet étang de liquide visqueux bordeaux. Il ne perd pas son sang froid, il a déjà vu des scènes bien plus dures que celle-ci, mais cela n'empêche pas qu'il ressente un haut le cœur, surtout en voyant un bras en plein milieu de la zone la plus éclairée. Il est là, au bon endroit, mis en avant, comme si cette scène n'avait été qu'une mise en scène. S'il est autant sûr que deux corps différents soient présents, c'est pour la simple et bonne raison que dans la pénombre, malgré l'obscurité, deux têtes, dont les cheveux ont été arrachés, sont disposées sur des piques en métal. Génial. Il plisse les yeux pour essayer de reconnaître les visages. Il a eu le dossier des disparues entre les mains, il a analysé chacun des visages pour être sûr de s'en rappeler. Malheureusement, il les reconnaît, elles font partie des dernières kidnappées. Leurs noms brûlent sur ses lèvres. Heureusement, cela veut dire qu'il n'y a pas un autre fou dans les parages. Seulement un, c'est déjà bien.

Il ne peut s'empêcher d'imaginer le pire, et si aucune de ces jeunes filles n'est encore en vie? Il n'arrive pas à enlever de sa tête, l'idée qu'il pourrait être le prochain. À cause de son métier, sa vie a toujours été en danger, elle n'a déjà tenu qu'à un fil, mais cette fois-ci, c'est complètement différent. L'ambiance n'a jamais été aussi morbide et pesante. Il s'imagine sans cesse le sourire sur les lèvres de son geôlier en le voyant autant paniquer. Il essaie de garder son sang froid, mais il commence à avoir peur. Cette sensation ne l'a pas beaucoup parcouru depuis sa naissance, il a toujours su garder un certain sang froid. Son regard se fait de plus en plus rapide, il cherche à analyser le moindre détails, ses sens sont aux aguets. Le moindre son lui ferait tendre l'oreille. Ses pieds frôlent le béton du sol, le seul pan des pièces n'étant pas en métal. Jusqu'à maintenant, il se pensait dans une ancienne machine de guerre, mais s'il y a autant de béton, cela ne doit pas être le cas. Heureusement que le sol n'est pas fait de la même matière que les murs, sinon ces pas résonneraient dans le couloir et pourraient interpeller l'arriéré qui se trouve derrière toute cette histoire.

Il continue son avancée dans ce couloir qui lui semble interminable. La lumière rougeâtre persiste à se moquer de lui, comme un rire aigu et malsain d'un clown. Ses pas se font moins précis, sa tête lui tourne légèrement. Il se tient d'une main à l'un des murs. Il cherche à garder la cadence, il regarde à nouveau d'autres cellules et remarque au bout de la troisième qu'il y a une jeune fille. Il regarde plus précisément pour essayer de voir si elle est encore en vie, par chance, il arrive à discerner que sa poitrine se soulève. Il soupire de soulagement, il n'arrive pas à la reconnaître: elle est trop éloignée de la lumière pour qu'il puisse distinguer ses traits. Les prochaines salles comportent elle aussi une jeune fille dans chacune d'elles. Cela le soulage. Elles ont l'air d'être toutes en vie, seules les deux mutilées n'ont pas pu avoir la même chance. Il essaie de comprendre son but, ce qu'il cherche en enlevant ces jeunes filles, toutes mineures. Tous les psychopathes, même les plus grands ont des raisons pour leurs gestes. Même si Logan n'est pas psychiatre, il cherche à trouver ces raisons.

Malgré ses vertiges, il essaie de trouver la cellule qui correspond à la sœur de son client, de son ami. La luminosité est faible, il a beau jonglé entre les pièces, il ne lui est pas facile de tout analyser. Finalement, l'une d'elle semble essayer de dire un mot. Il se retourne et s'approche de l'ouverture.

— Tu m'entends? Chuchote-t-il.

— Je... Au... s-se...cours...

— Je suis là, d'accord? Je vais te sortir de là.

Il voit la jeune fille ramper par terre avec difficulté, elle est à bout de force. Son corps est pourtant frêle et chétif, c'est comme si elle n'avait plus assez d'énergie pour nourrir ses muscles. Est-elle en sous-alimentation? Ou droguée?

— Garde tes forces, je vais essayer de trouver une sortie.

Logan ne peut plus rester un simple observateur, il doit essayer de les faire toutes sortir d'ici avant qu'il y ait d'autres victimes. Le couloir se termine ici pour ce côté. Il doit désormais faire demi tour et tenter de trouver une sortie de l'autre côté. Malheureusement, ses vertiges se font de plus en plus intensifs, il porte sa main gauche à sa tête tout en se tenant au mur de son autre main. Ses pas deviennent également de plus en plus lourds, sa vision se trouble et la lumière rouge l'aveugle. Il avance encore jusqu'à que ses jambes ne soient plus capables de lui répondre.

De l'autre bout du couloir, une sorte de silhouette sombre s'avance, elle se rapproche de lui. Sa vision se fait de moins en moins précise, la silhouette a beau se rapprocher, elle ne devient pas pour autant plus visible et plus claire. La silhouette se met à rire, enfin c'est ce qu'il pense, car un son rauque moqueur se fait entendre. L'ombre lui paraît légèrement opulente, la personne n'est pas maigre, il en est certain. Alors que son corps commence à ne plus lui répondre et que ses sens diminuent d'efficacité, il pense encore à son enquête. Il est un bon détective, tous ses clients ont toujours adulé son travail. S'il est le meilleur enquêteur, ce n'est pas pour rien, c'est surtout pour son investissement dans ses enquêtes.

L'ombre lui prend le bras et le tire sans ménagement tout en rigolant. Il ouvre une porte qui grince et le jette à l'intérieur en lâchant un rire plus éraillé qu'à son habitude. Logan ressent alors une grande douleur au niveau de son épaule gauche qui a été la première a rencontré le béton de la pièce.

— Je ne vais pas vous mentir, Détective Deadheart, je ne pensais que vous arriveriez à me trouver et je ne pensais pas non plus que vous auriez essayer de sortir de votre cellule. J'espère que vous n'êtes pas trop déçu de ne pas avoir pu sauver ces jeunes filles... Vous m'envoyez désolé. Toutefois, si je peux vous rassurer, vous n'allez pas souffrir longtemps de vos déficiences de sens. Je n'aurai plus que Lance à écarter définitivement de mon chemin pour aboutir à mes fins.

— Vous... allez t-tomber... Je sais plus de choses... sur v-vous... q-que vous ne le p-pensez.