Fyctia

Le soir venu, Lance décide de prendre le chemin dans le sens inverse. Il a terminé toutes ses rations dans l'après-midi et il ne pourra pas tenir longtemps en marchant autant. Quelques heures plus tard, il est enfin de retour chez lui. Le couvre-feu est déjà présent lorsqu'il débarque dans le village. Deux gardes viennent l'intercepter et lui demandant ses papiers, ce qu'il n'a pas puisqu'il est parti pour un voyage en pleine nature et non dans une grande ville. Les deux officiers ne semblent pas être sereins à l'idée qu'un homme puisse arriver à cette heure. Pourtant, Lance essaie le tout pour le tout: il explique qu'il habite ici et tente de les persuader que sa sortie du village n'a aucun lien avec les kidnappings. Ce qui n'est pas forcément tout à fait vrai. L'un des gardes préfère alors prendre les choses en main, il braque le jeune homme avec un taser et lui demande le plus courtoisement possible au vu de la situation, de le suivre jusqu'au commissariat de police afin de se faire interroger par le commandant lui-même. Lance soupire, et voilà que ça recommence, comme si ce n'était déjà pas un enfer que sa sœur a disparu. Comment va-t-il s'expliquer au commissaire? Le garde qui l'a escorté toque à la porte du bureau principal et attend une réponse positive pour le faire entrer avant de retourner à son ancien poste.

— Alors, comment on se retrouve gamin?

— Je trouve que vous prenez un peu trop vos aises avec moi.

— Je peux bien faire ce que je veux, ici, c'est mon commissariat.

— Cela se voit.

— Comment ça?

— Le bâtiment est aussi délabré et hideux que son dirigeant.

Des rides d'énervement commencent à se dessiner sur le front du commissaire. Visiblement, son ego est bien plus important que tout ce qui peut exister dans ce monde. Lance l'a bien compris et compte s'en faire une force.

— Écoutez, je ne sais pas ce que je fais ici.

— Voyez-vous, j'ai mis en place un couvre-feu au village qui va me permettre de connaître chaque allé et venu à Wiltzberg. Je veux pouvoir tout contrôler pour retrouver l'assassin des jeunes filles.

— L'assassin? Vous en savez un peu plus maintenant?

— Oui, bien entendu, nous faisons notre boulot.

— Donc vous avez retrouvé un corps?

— Non.

— Vous connaissez l'identité du connard qui a fait ça?

— Non plus.

— Donc, je récapitule. Vous n'avez aucune information, vous ne bougez quasiment pas votre cul et vous acclamez haut et fort que celui qui a fait ça est un assassin alors que vous ne savez rien de lui et que vous n'avez aucune preuve pour appuyer vos dires. Ai-je omis quelque chose? Peut-être le fait que vous soyez le policier le plus incompétent que je n'ai jamais vu.

Pour le commissaire, son ton va beaucoup trop loin. Il cogne fort avec ses poings sur son bureau, le regard ancré dans celui de Lance.

— Je ne laisserai pas un petit merdeux me manquer de respect. Peut-être aimeriez-vous un séjour en cellule?

— Je n'ai rien fait qui le mérite.

— Outrage à agent.

— Juridiquement, vous n'avez aucune preuve pour m'inculper d'une telle accusation.

— Vous êtes une personne qui attise ma colère de façon impressionnante, Lance Wasser.

— Je sais, on me le dit souvent.

Le chef de police rit nerveusement. Ce Lance risque de lui mettre des bâtons dans les roues, il le sent. Pourtant, même si le vieux policier a l'air assez bête et lent, il a rapidement compris que le jeune homme en face de lui lui cache quelque chose. Ces prunelles brillent comme s'il se retenait de dire une information. Que faisait-il en dehors de la ville? Que cache-t-il vraiment?