Fyctia

— Que faisiez-vous à l'extérieur du village à cette heure?

— J'étais parti à la recherche d'Amélie, ma jumelle. Peut-être que vous avez déjà oublié sa disparition.

— Non ce n'est pas le cas, jeune homme. Les disparitions se multiplient ici, nous sommes déjà à quatre jeunes filles, trois de ce village dont votre sœur jumelle et une qui habitait en bas de la vallée.

— Q-Quoi? Vous voulez dire qu'il a récidivé?

— En effet, mais vous êtes beaucoup trop bête pour imaginer qu'il pourrait à nouveau recommencer et que ce couvre-feu est présent pour la sécurité de nos citoyens. De plus, les civils ne sont pas autorisés à entrer dans les forêts.

— En soi, ce que vous dites est faux. Puisque les forêts ne sont pas interdites, simplement déconseillées, je n'ai donc pas violé la loi.

Pendant de très longues minutes, le commissaire interroge Lance sur ce qu'il aurait pu faire et découvrir dans la forêt du Nord. Lance a fait tout ce qu'il a pu pour que l'on évite de le soupçonner de quoi que ce soit. Néanmoins, même si le vieux chef de brigades est d'apparence bête et méchant, il n'est pas si idiot. Lorsqu'il relâche Lance pour qu'il puisse rentrer chez lui car il n'a rien contre ce jeune homme, il demande à sa dernière brigade de libre de partir en expédition dans la forêt du Nord. Ceci n'enchante absolument pas les brigadiers, surtout de nuit. Si la forêt du Nord était la plus célèbre des quatre pour sa dangerosité et ses faits étranges, elle l'était encore plus lorsque le voile de la nuit s'étendait à l'horizon. Aucun des officiers n'avait envie de s'y aventurer, laissant les poêles chauds des bureaux réchauffer simplement les locaux. Pourtant, il ne valait mieux pas réveiller le courroux du chef qui commençait déjà à s'impatienter. La brigade se dépêche alors de prendre ses affaires et de se préparer pour une longue nuit dans un froid hivernal qui dépasse les normes habituelles.

Lance rentre chez lui, ses parents dorment tranquillement dans leur chambre. Ils ne sont pas aussi effrayés de la disparition de leur fils que de celle de leur fille. Ils sont vraiment ce qu'on appelle communément des hypocrites. Il monte dans sa chambre et s'attèle à son bureau. Il écrit tout ce qui s'est passé ces dernières heures dans son carnet pour ne rien oublier. N'importe quel élément pourrait faire pencher la balance et lui permettre d'en découvrir plus sur ce kidnappeur en série. La thèse la plus probable serait qu'il fasse partie du village, puisque chaque jeune fille enlevée habite ici sauf la deuxième, qui habite un peu plus en bas. Le kidnappeur doit donc guetter par ici, mais maintenant que le village est complètement surveillé, il y a moins de risque qu'il tente quelque chose. Pourtant, Lance s'engage à empêcher d'autres kidnappings s'il doit y en avoir d'autres. Malheureusement, il ne sait pas comment il va s'y prendre.

Le lendemain matin, vers 8 heures.

Trois nouvelles victimes sont comptées, le commissaire croule sous l'angoisse d'une hécatombe à l'échelle du village. Ne pas pouvoir connaître qui est l'auteur de ces kidnappings commence à l'énerver au plus haut point. Les recherches s'intensifient chez les familles apeurées, aucune trace de sang, pas d'ADN, pas d'indice. Les policiers du commissariat sont dans de beaux draps. Les villageois ne gardent pas vraiment leur colère face au désastre que connaît Wiltzberg depuis même pas une semaine. Lorsque Lance sort de son atelier, caché dans un arbre de la forêt du Sud, celle se situant derrière la maison des Wasser, il remarque la panique dans le village. Il se fait alors arrêter par un garde qui l'a surpris en train de sortir de la forêt.