Fyctia
Chapitre 5 - Partie 2
Il approcha l'engin d’un grand trou. Il avait creusé le matin même le tombeau du loup. Un dernier effort et il fit basculer le corps sans vie. Il ne traîna pas et prit une pelle avec laquelle il emplit la fosse de terre. Il se félicita de son organisation. Lorsque le gouffre fut recouvert, il tassa un peu la motte. Personne ne lui poserait de question. Un béton serait coulé à cet endroit le lendemain, pour créer une plateforme plus pratique pour circuler. L’emplacement s'avérait parfait pour faire disparaître le loup. Personne n’aurait l’idée de venir fouiller sous une épaisse couche de ciment. Il s’assit enfin, rompu de fatigue. Tous ses travaux depuis ce matin à l’aube l’avaient épuisé. Il s’alluma une cigarette, songeant un moment à dire une prière pour son valeureux adversaire. Mais la pensée du cadavre du sous-bois revint s’imposer à lui. Qui pouvait-il bien être ? Comment était-il arrivé jusque-là ? Il se leva brutalement, piqué par la curiosité. Il n’avait pas encore décidé de la suite à donner. Il devrait prévenir les secours, voire la gendarmerie. Il craignait que cette histoire ne lui apporte que des problèmes. Il devait faire quelque chose, mais quoi ? Il rangea la brouette contre le mur et nota mentalement de la nettoyer à la première heure le lendemain. Puis il reprit le chemin en sens inverse, entrant dans le bois en face du hangar. Il allait vérifier s’il pouvait donner un nom au mort. Ensuite, il aviserait.
Goran s’approcha du cadavre. Il se pencha et l’agrippa des deux mains. Il le retourna et reconnut son visage. Le fonctionnaire de la préfecture, Édouard Chevallier-Bloch. Goran le relâcha d’un geste rageur. Qu’est-ce que pouvait bien fabriquer le député dans le coin ? Goran avait sa petite idée, mais il n’osait pas s’y arrêter, cela faisait encore trop mal. Il sortit une lampe de sa poche et éclaira les alentours. Sa brouette et ses pas avaient laissé des traces dans le sentier boueux. Il les camoufla comme il pût. Il revint sur le chemin. Il ne savait pas quel comportement adopter. Il retourna au bord de la tombe du loup et réfléchit. S’il prévenait la gendarmerie, à coup sûr, il serait le premier suspect. Mais il ne pouvait pas vraiment abandonner le corps ici, à la merci des bêtes sauvages. Il ricana. Peut-être l’en débarrasseraient-elles avant que l’on se mette à sa recherche ? Le coin pullulait de sangliers et de différents carnivores comme le renard. Le cadavre deviendrait méconnaissable en quelques jours. Peu de personnes passaient par là, la forêt appartenait à la commune, mais on préférait se promener de l’autre côté de la colline. Il regarda la terre fraichement tassée. Dommage qu’il ait déjà rebouché le trou, il aurait pu jeter le corps auprès de son grand ami le loup, et ainsi ne plus jamais entendre parler de ses deux ennemis.
Goran se résolut à continuer son chemin et à ignorer le cadavre. La fatalité déciderait du reste.
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DOM75
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Il y a 6 jours