Hedgye Le Baron noir Chapitre 11

Chapitre 11

Mon corps entier n'est plus qu'un volcan prêt à exploser. Je bouille de l'intérieur, je suffoque dans mes fringues tant j'ai chaud. Je sens les pulsions de mon cœur battre dans mon cou, ma carotide prête à rompre. Des gouttes de sueurs détrempent mon visage, tant par la colère que l'effort physique. Sans le réaliser je viens de gravir un chemin pentu et le souffle me manque. Je m'arrête, plaçant mes deux mains sur mes genoux pour reprendre mon souffle. Au loin j'entends déjà Harry m'appeler, il s'arrête à ma hauteur et lance :


— Erny ! Qu'est-ce qui t'as pris ?


Je tourne la tête vers lui, ma queue de cheval masque une partie de mon visage rouge.


— Et toi qu'est-ce qui t'es passé par l'esprit en disant ça d'Aloyse ? Tu ne peux pas dire que c'était un plan cul peu fameux alors qu'elle était ton premier amour, riposté-je.


— J'ai fait table rase de mon passé.


— En mettant Aloyse de côté ? En t'éloignant d'elle, me privant de voir ma meilleure amie ? Personne ne peut oublier son passé Harry ! Même en déménageant à des milliers de kilomètres !


Mes propres mots font écho dans ma tête, je ravale un sanglot incontrôlé. Des images de ma minable vie à Londres envahissent mon esprit, puis celle plus intenses de Miami : les soirées, les nuits blanches et la soudaine chute à la mort de Nick. Sur la plage abandonnée. Harry fait un pas en avant, mais je recule de deux.


— Erny, donne-moi ta main.


— Dis -moi d'abord pourquoi tu sembles tant renier Aloyse ?


Harry hausse les épaules tout en lâchant un soupir de mécontentement. Je l'agace à revenir sur ce sujet, je sens bien que sa patience à des limites et que je les franchis sans gêne.


— Ecoute, elle n'était plus celle que tu connaissais, les gens changent en bien ou en mal...


Pourquoi est-ce qu'il parle d'elle au passé ? Pourquoi est-ce qu'elle aurait changé ? Alors que je n'ai rien remarqué.


— C'est toi qui a changé, lancé-je à Harry en me saisissant de mon téléphone, dans le cas contraire, Aloyse m'aurait laissé te revoir. Je vais la rappeler.


D'une main tremblante, je compose le numéro de ma meilleure amie. Harry m'observe avec un regard triste, je lis en lui une profonde déception. Les tonalités résonnent à mesure que mon visage se déforme, les larmes ruissellent sur mon visage de façon incontrôlée. Le répondeur s'active et moi j'étouffe. De nouveau tout s'écroule, moi qui désirais me reconstruire en les retrouvant. Je suis désemparée par cette situation, j'aurai préféré ne jamais revenir. Qui suis-je désormais, si je ne suis plus leur amie ?


Harry me rejoint, je le laisse s'emparer de mon téléphone et le glisser dans sa poche. Sa main m'attrape le crâne et il vient déposer un baiser dans ma chevelure. C'est la première fois qu'il m'embrasse et j'apprécie énormément cette douceur. Je tente de me réfugier dans ses bras, j'ai besoin de le sentir près de moi. Mais l'appareil photo autour de mon cou m'interrompt, provoquant un rire nerveux entre nous.


— Elle est mieux là où elle est... dit-il faiblement avant de poser sa main sur ma taille.


Je frisonne, me sent ridicule d'avoir agi ainsi. Harry a sûrement raison. Aloyse a changé et ne désire plus me parler. Devrais-je quand même appeler ses parents pour en être certaine ? Est-ce raisonnable de le faire après trois ans d'absence ? Les amitiés se font et se défont comme me le répète Raven.


— On la fait cette balade du coup ?


Il enchaîne, reprend la route et fourre ses mains dans les poches de son pantalon beige qui moule son derrière à la perfection. Harry se sent observer, parce qu'il me jette un regard par-dessus son épaule et m'offre un clin d’œil. Je défaille, le visage cramoisi de gêne.


— Désolé pour mon comportement, je vais passer pour une hystérique auprès de tes amis, avoué-je pour changer de sujet.


— Comme ça je sais que j'aurai chasse gardée alors, me taquine-t-il.


J'avoue ne pas comprendre ses propos. Un de ses amis était en train de me draguer ? Je n'en avais pas l'impression. Je me contente de lui sourire et c'est à son tour de rougir. Même ainsi il est super sexy. Je repense aux propos de Raven, elle m'aurait déjà propulsé dans ses bras. Mais même si Aloyse me fait la tête, je la respecte beaucoup trop pour oser lui dérober son premier amour.


Nous avançons côte à côte , j'observe le paysage magnifique se dessiner sous mes yeux. Les montagnes semblent s'éloigner à mesure que nous marchons. Et la clarté du Loch me laisse sans voix. Je ne peux m'empêcher de sortir mon appareil de sa housse pour prendre des photos par dizaine. Du coin de l’œil, je repère les nouveaux amis de Harry.


— Tu voudrais les rejoindre ? Même s'ils pensent que je suis folle ?


— On les retrouvera au bar plus tard, il y a un pub très sympa en ville. J'imagine que ça n'aura rien à voir avec les fêtes de Miami.


— Tu sais, on peut faire la fête n'importe où tant qu'on est bien accompagné.


Harry lâche un rire, son regard se pose sur moi et une chaleur étrange m'envahit. J'aime la manière dont il m'observe.


— Qu'est-ce qu'il y a ? demandé-je.


— Parfois j'ai encore l'image de la fille introvertie de Londres, avec ses cheveux courts, ses couvre-feu et sa gentillesse incroyable. Et tu es un peu tout l'inverse aujourd'hui, mais toujours aussi douce bien-sûr.


— Je vais le prendre pour un compliment ! râlé-je en lui donnant un coup de poing faiblard dans l'épaule.


La promenade se poursuit de manière enfantine, nous croisons des moutons gambadant dans les hautes herbes, nous prenons le temps de nous asseoir contre un rocher, pour observer la faune et la flore. Les rayons du soleil se reflètent sur l'eau, j'aime sentir la chaleur de l’astre caresser mon visage. Ce qui n'est visiblement pas au goût de Harry qui se plaint :


— Qu'est-ce qui fait chaud quand tu restes statique.


— Il fait à peine bon, renchéris-je.


— Tu m'excuseras mais j'enlève une couche, annonce-t-il en retirant son pull.


Le débardeur blanc qu'il porte en dessous se soulève et laisse apparaître son dos. Des griffures apparaissent sur sa peau, et ce ne sont pas celle d'un chat.


— Elle était très sauvage...


Harry ne semble pas remarquer et je lui indique la marque sur ses omoplates. Ce dernier rougit et détourne la tête. Je me mordille la lèvre inférieure.


— Oh c'était avant que tu arrives ! Je ne t'imposerais la compagnie de personne tant que tu es au manoir.


Je vois qu'il s'est bien remis de sa rupture.


— C'est comment de côtoyer d'autres filles quand on était longtemps avec une seule ?


— Je suis preneur de toute nouvelle expérience, la routine c'est tellement barbant.


— Et tu t'éclates ?


— Oui plutôt, les filles sont de plus en plus amatrice de relation courte, je n'ai pas à me justifier le matin.


— Et moi tu penses que je suis quelle genre de fille ?


D'un mouvement de bras, Harry me surplombe, ses yeux s'ancrent dans les miens. Son visage s'est dangereusement rapproché du mien, son souffle s'écrase sur ma bouche et il murmure :


— Le genre qui rend dingue…

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7 commentaires

Sand Canavaggia

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Il y a 6 ans

Envoûter, désarmant et un peu abject le Harry ! Drôle de cocktail ! Aloyse devient la face cachée :) A méditer...

Kalehu

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Il y a 6 ans

Ernie ne va pas résister très longtemps je sens :/ Harry n'a vraiment pas l'air d'être bien pour elle mais je comprends qu'elle n'arrive pas à lui résister.

Hedgye

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Il y a 6 ans

Que de rebondissements sont prévus ❤️

Landry

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Il y a 6 ans

Une fin palpitante... entre une bribe de sensualité et un poids délicieux qui pèse sur le regard d'Erny et de Harry. L'héroïne parvient de moins en moins à résorber son désir à l'égard du bel homme, et désormais, la piste d'Aloyse est étouffé. A tord ? J'ai tellement hâte d'en découvrir plus. ♥
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