Fyctia
Chapitre 4
Harry se braque, le simple fait d'avoir prononcer le prénom de sa petite-amie le rend étrangement irritable. Je suis tiraillée entre l'envie de savoir et celle de m'excuser tout de suite et balayer cette question. Je me sens stupide, maladroite à le questionner ainsi. Leur histoire s'est peut-être terminée et moi j'arrive sur mes gros sabots, désireuse de recoller les morceaux.
— On a rompu.
— Comme ça ? Alors que vous étiez ensemble depuis le lycée, vous étiez si fusionnels ! Le couple idéal, vous ne pouvez pas simplement rompre, pas après tout ce que vous avez vécu !
C'est plus fort que moi, Harry et Aloyse était mon pilier, ma référence. Je les ai toujours admirés, enviés et j'ai basé toute mon ancienne relation sur eux. Parce que je voulais être heureuse comme eux. Comme toujours, mes émotions prennent le dessus. Une profonde tristesse s'empare de moi, mon cœur se serre, mes membres tremblotent. Je ferme les yeux, tentant de repousser les joyeux souvenirs de nous trois qui me hantent. Tout s'effondre en moi, tel un château de cartes. Une chaleur indescriptible se répand dans mon corps, j'ai chaud mais les frissons qui hérissent le duvet de ma nuque me donnent froid.
— Je vais essayer de l'appeler ! Il y a bien un moyen de réparer tout ça ! annoncé-je avec empressement.
Je bondis hors du canapé, perd un escarpin par mégarde, manque de tomber et décide de finir le chemin pieds nus. Mais c'est sans compter sur la rapidité de Harry. Lui aussi a sauté et avec force il me capture dans ses bras. Il m'emprisonne avec une telle poigne que je prends peur. Pendant une fraction de seconde, je ressens cette crainte qui m'a envahit cette nuit à Miami. L'ombre de la mort passe devant moi. Des flashs voilent ma vision. La peur de mourir prend possession de tout mon corps. Et cette sensation de vulnérabilité, coincée dans les bras de Harry me rend hystérique. Je hurle à m'en briser les cordes vocales.
— Ernestine !
Harry relâche la pression et je me laisse tomber au sol. Il s'accroupit à mes côtés et replace une mèche des mes cheveux derrière mon oreille. Ses gestes sont si doux que j'ai du mal à croire qu'il vient de me retenir. Il caresse mon bras, là où il a appuyé pour me garder près de lui. Une marque rouge s'est formée sur ma peau.
— Ne parlons plus d'Aloyse maintenant, c'est le passé.
Je ne peux pas me contenter de cette réponse, pourtant au regard mauvais que me lance Harry, je vais devoir me convaincre du contraire. Toujours assisse parterre, Harry fait de même et s'installe à l'indien en face de moi.
— Tu me disais que tu étais en quête d'un nouveau rêve ?
Il bifurque, change de sujet. Aloyse est devenu un tabou, mais aussi un mystère pour moi. Pourquoi aucun des deux ne m'a informé de cela avant mon arrivée ? Pourquoi je n'ai le droit à aucune explication ? Et si c'était plus grave qu'une simple rupture ?
— Erny ? relance Harry.
Les yeux rivés sur mes pieds, je relève la tête et cogne mon front contre le menton de mon meilleur ami. Il grimace en lâchant un juron.
— Tu rêvasses encore, alors tu n'as donc rien à me raconter ?
Je fouille dans ma mémoire quelque chose de drôle à raconter, lui parler de mes amis là bas ne l'intéresserait pas. Harry me sollicite davantage en entrelaçant nos doigts Un courant électrique traverse mes mains et remonte le long de mon bras. Je lui raconte alors mon arrivée à Miami, le stress permanent qui m'envahissait quand j'ai perdu ma valise lors d'une escale ou même la chambre miteuse dans laquelle j'ai dû dormir la première nuit. S'en ai suivit les nouvelles rencontres, l'ex petit-ami dont je ne mentionne pas le nom. Les heures à bachoter mes partiels. Les soirées étudiantes, l'alcool, le tabac et le sexe. J'étais enivrée par cette folie douce. Et le cauchemar a commencé quand il est mort... Ça aussi je ne veux pas en parler et ravale difficilement ma salive, me concentrant sur la fin de mes études, la joie que j'ai ressentis ce jour là.
— Tu as eu une vie très mouvementée.
— Oui j'ai pris quelques kilos au passage, grogné-je en montrant mon ventre.
Harry me bouffe des yeux, il a plongé son regard sur ma poitrine et se mordille la lèvre inférieure.
— T'es super sexy, souffle-t-il.
Ses joues s'empourprent comme les miennes, mon cœur s'emballe, mon ventre gargouille et des frissons m'électrisent le corps. Je le détaille avec attention, ses cheveux bruns décoiffés chatouillent son front, ses iris bleus me scrutent, ses pupilles se sont dilatés. Sur ses joues, une barbe de trois jours creuse ses joues. Dans sa chemise cintrée, je devine la forme de son torse. Fin et musclé. Col ouvert, j'aperçois la naissance de ses clavicules et son parfum de cèdre émane de sa peau. Harry m'attire à lui, je plaque aussitôt mes deux mains sur ses épaules pour l'empêcher d'être trop près.
— J'ai la tête qui tourne avec le gin, je ferrai mieux d'aller me coucher...
Je mens, mais ce soudain désir me rend nerveuse. Je me dégoûte. Mon ami ne montre aucun résistance et m'aide à me relever pour me guider de nouveau jusqu'à ma chambre. Sa large main qui se pose sur mes reins lorsqu'il ouvre la porte me fait défaillir.
— Fais de beaux rêves, j'ai des tas de choses à te montrer demain,
Harry m'abandonne à mon sort. J'attends qu'il s'éloigne dans le couloir pour me jeter sur mon téléphone portable. A part un message de ma mère, il n'y aucune nouvelle d'Aloyse. Je tente de la rappeler avec hâte. Je tiens fermement l'appareil contre moi, j'ai peur que Harry vienne me l'arracher des mains. Je tombe de nouveau sur le répondeur. Lasse, j'abandonne pour ce soir et décide de me réfugier sous les couettes.
Les minutes deviennent des heures, l'horloge sur le mur résonne dans mon crâne. Le vent siffle et s'infiltre dans la pièce, le courant d'air me gèle jusqu'aux doigts de pied. Les yeux grands ouvert dans le noir, j'écoute les sons alentours. J'entends le bois des meubles craquer, les volets grincer contre le mur et sans cesse la pluie ricoche contre la vitre de manière continue. Sa mélodie infâme m'empêchant de dormir.
Énervée et crevée, je me redresse dans le lit. J'attrape mon téléphone sur la table de chevet et allume la lampe de poche. Le cœur tambourinant et les mains moites je fais zigzaguer le faisceau de lumière dans la pièce. Mon imagination me joue des tours, les vêtements sur la chaise semblent prendre vie et se transformer en pantin. Je tremble de peur quand je tombe sur la silhouette du chevreuil. Mon cœur bat tellement vite que j'ai peur qu'il s'arrête.
C'est un faible couinement qui m'effraie cette fois-ci. J'agite frénétiquement ma lumière au sol, et repliée dans un coin j'aperçois une souris tenter de sortir de la chambre. Je me lève, grimace de dégoût en ouvrant la porte pour la laisser filer. Elle est mieux dehors que dedans. J'ouvre davantage la porte quand je découvre que des lumières sont allumées.
J'ai à peine le temps de mettre un pied dehors, qu'une dispute éclate au rez-de-chaussée. Aloyse? Harry?
19 commentaires
Laureline Maumelat
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Il y a 6 ans
EmilyChain
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Il y a 6 ans
Mogadarr (Mo Gadarr)
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Il y a 6 ans
Kalehu
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Hedgye
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Caro Handon
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Hedgye
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Hedgye
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Landry
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Il y a 6 ans