Hedgye Le Baron noir Chapitre 2

Chapitre 2

— Tu voudrais peut-être te changer ? propose Harry, qui récupère ma valise au sol.


D'un oeil rapide, je scrute ma piètre tenue, mon trench d'ordinaire de couleur beige dégouline et mes chaussures sont recouvertes de boue. Mon collant s'est même filé au niveau de mon mollet. J'ai peur de rencontrer un miroir et y découvrir un portrait peu flatteur de ma personne.


— Tu aurais pu prendre le train demain matin, rien ne t'obligé à traverser la tempête.


— J'avais envie de vous voir ! me justifié-je en haussant les épaules.


Harry reste muet, je me rends bien compte qu'un malaise plane au-dessus de sa relation. L'envie de lui demander s'ils ne se sont tout simplement pas quittés me chatouille les lèvres. Et en même temps, je n'ai pas envie de savoir. M'imaginer simplement sans eux deux me tord l'estomac et me rend triste. Le silence s'est glissé entre nous. J'hésite à prendre la parole. Je ne saurais que dire. La situation en devient gênante, moi qui avait préparé une liste sans fin sur toutes mes anecdotes.


— Ta chambres est à l'étage.


D'un geste maladroit, je pivote sur mes talons pour me diriger vers l'escalier. Quand je réalise que je risque de salir l'endroit, exactement comme je viens de le faire dans la majestueuse entrée du manoir. Je tente de retirer une première chaussure en jouant les équilibristes, manque de tomber à plusieurs reprises avant d'enfin m'en débarrasser. Je m'apprête à me déchausser complètement, mais la seconde botte fait de la résistance. De la boue humide sur les doigts, mes cheveux trempée humant un doux parfum de chien mouillé, je tente de me focaliser sur mon pied.


Harry sait depuis toujours que je suis maladroite. Ce soir, pourtant, cette situation me gêne. Je sens bien qu'il me regarde. Est-ce qu'il me juge ? J'ai souvenir qu'il riait à mes maladresses à l'époque. Désormais, je ne ressens qu'une désagréable sensation de honte. L'atmosphère est pesant. Je m'acharne sur la fermeture éclair de ma botte, la maudissant de tous les mauvais sorts existant. Mon ami décide d'abandonner mes affaires pour s'accroupir devant moi et me venir en aide.


Mes joues s'empourprent sans que je ne puisse le contrôler, je me sens bête. Harry a, maintenant, aussi de la boue sur les doigts mais finit par ouvrir ma chaussure et me la retirer.


— Ça me rappelle la pièce de théâtre qu'on avait joué ensemble à l'université. Quand tu étais Cendrillon et que je devais t'enfiler la pantoufle.


— Que tu as brisé par mégarde et que j'ai fini en urgence à l'hôpital avec des centaines de morceaux de verre, rajouté-je.


— C'était vraiment idiot de nôtre part.


Harry m'offre un sourire, se relève et frotte ses mains entre elle. Il se saisit de mes affaires et emprunte les escaliers. Je le suis d'un pas hâtif, je ne peux m'empêcher de regarder le décor qui se dévoile à mesure que j'avance. Des lambris de chênes couvrent la moitié des murs en partant du sol et le reste est tapissé d'un papier peint orangé. D'épais rideaux de la même teinte décorent les fenêtre en bois.


Mes yeux finissent par fixer Harry. Ses cheveux bruns en bataille recouvrent la moitié de son oreille. Son dos est plus carré qu'auparavant. Sa chemise cintrée détaille un V qui glisse jusqu'au creux de ses reins. Sa ceinture en cuir forme des légers plis sur son haut et son pantalon laissent apparaitre des jambes musclées. Je plaque ma main sur mes yeux quand je réalise que je le reluque, notamment son fessier. Je sens sous mes doigts la chaleur de mon visage bouillant. Aloyse m'aurait déjà gentiment charrier. Penser à elle m'attriste. Quand nous rejoindra-t-elle ?


— Qu'est-ce que tu fabriques ?


— Je réfléchis ! Je mens en retirant ma main.


D'un regard hagard, je cherche la moindre trace de mon amie. Aurait-elle laissé une affaire trainer quelque part ? Est-ce qu'elle me fait une blague ? Un jeu de piste dont elle est la clef ? Je m'enthousiasme de devoir résoudre cette enquête. Harry s'arrête devant une porte parmi tant d'autres et m'accueille dans ma nouvelle chambre. Je m'y engouffre, une douceur chaleureux s'empare de moi.


La pièce est petite, les meubles en bois cirés ne sont pas loin l'un de l'autre. Au sol, une moquette orange aux motifs verts que je n'arrive pas à détailler. L'immense lit surplombe le lieu, la couverture rouge dessus me parait bien chaude. Un bureau massif est installé sous la fenêtre, une vase en fleur est posé dessus. Je découvre une tête de chevreuil accroché sur l'autre pan de mur. Je vais avoir l'impression d'être constamment surveillée au travers de ses yeux de billes noirs.


— Je te laisse te mettre à ton aise, je reviendrais te chercher pour dîner.


— Que nous deux ? insisté-je sans comprendre la raison de l'absence de ma meilleure amie.


— Oui Ernestine...


Une porte claque dans une des pièces voisines, Harry s'excuse et s'éclipse aussitôt. Je soupire, observe chaque recoin de la pièce. Si Aloyse se fait désirer, se cache t-elle quelque part ?


— Je vais te trouver ! annoncé-je comme un enfant le ferrait en jouant à cache-cache.


J'ai grandi avec eux, j'ai joué à des tas de jeux. Je ne me lasse pas de ces divertissements à vingt-quatre ans. Je fonce vers l'armoire, ouvre les portes d'un geste vif. Il n'y rien, les étagères sont vides et la poussière a été faite récemment. Je m'accroupis alors devant le lit, soulève le crochet au pied qui ne sert que de décoration. La joue contre la moquette, je n'aperçois que l'autre bout de la chambre.


Résignée bien vite, je me laisse tomber sur le lit. Comme je l'avais imaginé, la literie est moelleuse. J'enfonce davantage mon dos dans le matelas, ma tête engloutie dans le coussin de plumes. Mon téléphone vibre dans la poche de mon manteau. C'est une message de ma mère qui me demande si je suis bien arrivée. Le coeur lourd, je préfère fouiller dans mon répertoire pour composer le numéro de mon amie.


Téléphone à l'oreille, j'écoute les tonalités résonner. J'espère tant que j'imagine sa voix fluette me répondre, m'annoncer qu'elle est en bas et m'attend avec un pull qu'elle m'aurait tricoter. Mais les tonalités s'enchainent et le répondeur fait écho dans la pièce silencieuse.


— Salut Alo' ! C'est Erny, je suis arrivée comme prévu au manoir des grands-parents de Harry et je me languis de ton absence. Tu sais que je suis nulle à ce jeu-là. Tu ne veux pas sortir de ta cachette ?


J'abandonne mon smartphone. J'attendais tant de ces retrouvailles et rien ne se passe comme je l'avais espéré. Harry est silencieux, presque désagréable et fichetrement mignon ! Et Aloyse m'ignore. Est-ce qu'il m'en veulent d'être partir durant trois ans sans revenir ? J'avais tant de besoin d'être indépendante, d'être seule avec moi-même et surtout cesser de porter la chandelle à tout bout de champ.

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17 commentaires

EmilyChain

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Il y a 6 ans

Ton "héroïne" est justement pas une héroïne. Elle est fraiche et nature, spontanée et maladroite. Cela fait plaisir. Si elle continue sur cette lancée, sans aucun doute elle sera l'énorme point positif de ton histoire !

Mogadarr (Mo Gadarr)

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Il y a 6 ans

Bon je n’enfonce Pas le clou pour les fautes (j’en fais aussi) C’est un chapitre bien écrit dans lequel on entre bien dans les sentiments de l’heroine ! Cependant, pour moi, il manque un peu d’actions. Mais ton histoire plait donc ce n’est que mon avis 😁 J’ajoute ton histoire dans ma liste de lecture et continue sans faute demain 😇!

Kalehu

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Il y a 6 ans

Harry a l’air de cacher quelque chose :o en tout cas on plonge vite dans ton histoire et j’accroche complètement! Je continue

Christal Charvet

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Il y a 6 ans

Énigmatique cet accueil ^_^

Landry

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Il y a 6 ans

Un accueil plutôt froid et distant, bien que Harry se montre un peu mignon. L'absence de l'amie est intrigante et inspire une certaine inquiétude, ou bien un mystère. Une bonne suite ! Et un déroulement bien tissé.

Anaïs M-Auteure

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Il y a 6 ans

L'absence de l'amie se fait de plus en plus pesante et mystérieuse. Le comportement de Harry est bizzare lui aussi. Quelques coquilles persistante (ex : une vase au lieu de un vase, chaleureux au lieu de chaleureuse) Tu n'es pas de France Métropolitaine peut-être ?

Rose Lb

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Il y a 6 ans

Quelques coquilles (j'e fait autant lol), le reste est bon, l'absence de l'amie est un mystère.

Manon Kaljar

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Il y a 6 ans

Très intrigant comme début ! Franchement cet Harry parait aussi sexy que mystérieux ! Hâte d'en découvrir plus car l'absence de cette meilleur amie ne me semble pas tout à fait normale !

Hedgye

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Il y a 6 ans

Merci à tous ;)

Ael Liana

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Il y a 6 ans

Wow c'est vraiment bien, en plus d'être très bien écrit! Bah je sais pas vous, mais mwé j'aime beaucoup :3)))
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