Fyctia
Chapitre 1 (2)
À nouveau motivée, Herwin se retourne et jette des regards furtifs sur ses flèches. Elles sont toutes parfaitement précises. Parfait ! Elle est prête pour le tournoi de ce soir. Toutefois, pour y participer, il vaut mieux avoir ses flèches. Alors la jeune fille aux cheveux de feu escalade les arbres, les masses rocheuses et les parois des chutes d'eau afin de récupérer ses instruments. Elle en profite également pour attraper sa flèche spéciale, celle qu'elle chérit mais dont elle n'arrive pas encore à percer les secrets. Elle descend de la roche et rejoint le bassin avant de suivre un petit ruissellement qui glisse vers la rivière. Au cours de sa marche le long de ce courant d'eau, elle aperçoit des poissons qui seraient absolument appréciables pour son déjeuner. Herwin sort une flèche et son arc et cible l'un de ses poissons qui atterrit quelques dizaines de minutes plus tard sur une branche qu'elle tient au-dessus d'un petit feu de camp. Les flammes grillent le pauvre poisson qui se voit s'enrichir d'une belle dorure sur ses écailles. Une fois bien cuit, la jeune pêcheuse souffle sur son repas avant de mordre dans la chair.
Une heure plus tard, Herwin est bien reposée. La sérénité a bel et bien repris le contrôle de son corps et il est désormais temps pour elle d'aller à l'entraînement. Elle monte Dunkel et se fait une joie de pouvoir sentir l'air frais contre son visage pendant que son ami galope dans la forêt après avoir quitté la clairière. En arrivant sur le camp d'entraînement, Herwin remarque que beaucoup de joueurs sont déjà présents. Apparemment, le tournoi n'est pas un grand engouement que pour la fille du chef, la plupart des fils de familles espère pouvoir ramener à la maison le titre pour l'honorer. Malheureusement pour eux, ils ne sont pas les seuls, Herwin compte bien elle aussi gagner ce tournoi bien qu'elle ait conscience du niveau que certains tireurs ont obtenu grâce à leur travail acharné pendant des mois. Parmi eux, Johanas, le fils de l'entraîneur. Il a une technique quasiment parfaite, il est précis, courageux et audacieux, mais il porte l'un des plus grands défauts que pourrait avoir un archer : l'égotisme. Il cultive toujours sa personnalité auprès des autres tireurs, cherchant à faire de lui une icône du tir à l'arc. Herwin le déteste, non pas pour son talent, mais pour sa personnalité absolument haïssable.
— Regardez donc qui s'est levé après une bonne grasse matinée ! lance Johanas aux tireurs présents depuis plusieurs heures.
— La ferme Johanas, réplique la rousse en lui frôlant l'épaule.
Plusieurs joueurs rient et tapissent le fond sonore du camp d'entraînement. Johanas sert les dents et les poings. Herwin sourit, contente de sa réponse. Le fils de l'entraîneur se retourne alors d'un coup sec et tire les cheveux lisses de la fille du chef. Cette dernière prise au dépourvu, atterrit par terre sur le sol, dans une flaque de boue. Sa tignasse cache son visage baissé vers ses jambes pendant que tous les autres se moquent d'elle sous l'influence du jeune homme. Herwin relève la tête et rit à son tour, ce qui surprend absolument tout le monde, mais surtout Johanas, qui ne comprend pas sa réaction. Elle vient pourtant de se faire humilier et celle-ci en rigole également. Personne n'est censé réagir ainsi. Décontenancé, il ne remarque pas la rousse qui se jette sur lui et tente de lui faire avaler de la boue à l'aide de ses mains. L'égocentrique essaie alors de la repousser mais elle a bien plus de force qu'il n'aurait pu l'imaginer.
— Je ne pensais pas que ma bonté m'aurait amené à témoigner d'une telle scène qui me déshonore, intervient une personne venant d'arriver sur le camp.
Herwin se lève aussitôt. Elle connait cette voix, c'est celle de son père. Elle croise son regard et remarque une certaine déception. Elle baisse la tête et joue avec ses doigts, attendant que son père continue sa lancée.
— Je m'étais déplacé dans le but de t'annoncer ma présence lors du tournoi semestriel, cependant je regrette déjà cette décision.
— Père...
— Je suis réellement déçu de voir que l'unicité de ce camp n'est pas encore opérationnel. En cas de guerre, nous sommes tous camarades, il n'y a aucune compétition entre chacun. Ne l'oubliez jamais, nous sommes un peuple, nous sommes unis. Vous êtes la jeunesse d'aujourd'hui, le futur de demain, alors soyez à l'honneur cette responsabilité.
Tous les tireurs acquiescent silencieusement. Le chef de la tribu est respecté, personne ne contredit sa parole ou ne remet en cause son pouvoir sur les villages de Blutrot. Les joues de Herwin chauffent et se rougissent, elle récupère Dunkel et quitte le campement d'un pas décidé sous le regard des autres et de son père. Ce dernier souhaite ensuite bonne chance à tout le monde et rejoint sa fille qui ne ralentit pas pour autant sa cadence.
— Je ne comprends pas ton comportement, Herwin, commence son père.
— Père, c'est moi qui ne sache comment vous comprendre ! Vous me disiez encore ce matin que vous ne pouviez pas venir et maintenant, vous avez le temps pour moi ? Bien entendu, votre seule façon pour vous, de me le dire, c'est de m'humilier devant tous les tireurs ?
— Herwin, je te prie de me parler sur un autre ton. Tu ignores absolument tout, tu n'es encore qu'une enfant.
— Cette enfant que vous voyez en moi depuis ma naissance a grandi, Père, et vous ne semblez pas l'avoir remarqué.
— Visiblement pas assez. Pensez-vous réellement qu'il est de bonne attitude de se jeter sur son camarade en essayant de lui faire manger de la boue ?
— Mais Père ! C'est lui qui a commencé ! Il m'a insultée et m'a poussée devant tout le monde. J'étais la risée et pour vous, je n'aurais donc dû rien faire ?! C'est bien cela, Père ? s'énerve Herwin.
— Je sais que c'est lui qui t'ait tirée les cheveux dans l'objectif de te faire tomber dans la boue.
— Quoi ? Comment cela ? Vous le saviez, mais vous me voyez toujours comme la fautive ? Pardonnez-moi mais je ne comprends pas votre position.
— Tu devrais le savoir justement. Se venger n'est pas une solution. Rester passive et fière est ta mission lorsque l'on tente de t'injurier. Garde ceci en tête et peut-être qu'un jour je te verrai en tant qu'adulte. Grandis.
Herwin ne comprenait tout de même pas sa façon de l'humilier devant les autres. Sa décis° prise avant son déjeuner tient toujours. Ce soir, elle va lui montrer ce qu'elle pense de son charabia et de ses conseils de vieux. Pour elle, il est hors de question qu'il la considère comme une enfant. Désormais majeure, elle mérite un peu plus de considération de sa part.
— Bien Père. Si vous souhaitez me punir en restant dans votre tipi ce soir, faites donc. Ce soir, je brillerai, et je serai celle que vous attendez que je devienne.
Herwin monte alors sur son cheval et se tourne une dernière fois vers son père.
— Si vous ne venez pas, je m'éloignerai de ce qui m'emprisonne, et donc de vous. Je quitterai le village, soyez-en sûr, Père.
D'un galop surprenant, elle l'abandonne.
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Marie M DESSYLES
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Il y a 3 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 3 ans
Mary Cerize
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Il y a 3 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Christopher Llord
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Zoé Sonobe (zizogoto)
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Hugo Chef
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Lagoonfeather
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Il y a 3 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 3 ans