Fyctia
34. Verrou (3/3) 🌶️.
Il la consommait, elle se consumait. Il possédait son corps, elle troquait son âme. Chaque baiser était vécu comme autant de tentatives de réanimation, et chaque fois qu'il quittait sa bouche, chaque fois qu'il s'éloignait, elle mourait un peu plus. Alors elle s'accrochait, elle réclamait, et elle prenait. Joséphine perdait la raison en plus de son corps, mais elle s'en moquait éperdument. Sa raison avait foutu le camp, ses instincts prenaient le relais.
D'où lui venait cette audace ? Tout n'était plus que violence et urgence. Une violence tendre, une douce urgence. Et ce regard qui n'avait de cesse de chercher, trouver et s'enraciner au sien. Loin de la gêner, il la confortait. Il la rassurait. Il la rendait forte, puissante, et si belle... Divine. C'était bien au-delà du simple désir. Dorian ne la quittait jamais des yeux, il n'abaissait jamais ses paupières. Il plantait ses deux prunelles d'acier et fouillait, creusait toujours plus profondément. À la recherche de quoi ? Une approbation, une autorisation quelconque ? C'était sans doute un peu trop tard pour ça, tant il l'assiégeait déjà depuis un moment, et que les rafales de plaisir s'abattaient sur elle à intervalles bien trop rapprochés.
Elle laissa échapper un gémissement de plaisir alors même que son corps, pris de spasmes, accusait une convulsion. Seigneur, elle allait y laisser la peau. Elle redoutait la fin, espérait l'absence d'achèvement, tout en ayant conscience qu'il fallait que cela cesse, que son corps, bassement humain, n'était pas prévu pour ça. Son cœur, à force de battements hautement improbables, finirait par claquer dans un bruit atroce. Ses poumons finiraient en cendres, ses organes liquéfiés ne contribueraient plus à sa survie. Son existence, de par la ridicule toute puissance de l'union de ces deux corps, ne tenait plus qu'à un fil.
Elle suffoquait, elle convulsait, les membres crispés, implantés dans cette peau devenue obsessionnelle. C'était tellement fort. Comment pouvait-ce être aussi ridiculement fort ? Était-elle, jusque-là, totalement passée à côté du plaisir charnel ? Ou bien était-ce autre chose ? Quelque chose de plus profond ? De tellement profond que ses deux mains s'en vinrent s'enfoncer dans le matelas, accrocher les draps, se planter dans le tissu. Sa tête bascula vers l'arrière tandis que le reste de son corps allait de l'avant, réaffirmant l'union à l'instant même où la brutalité de la jouissance la frappait de plein fouet.
Elle cria. Mais ne le comprit qu’à cette paume que Dorian plaqua contre ses lèvres. Un néant abyssal venait d’être comblé, sustenté, mais jamais totalement rassasié. Écorchée vive et toujours possédée, elle accueillit le poids du corps masculin avec soulagement. Comme un rempart entre sa vulnérabilité et le monde hostile. Il faisait barrage. Protection naturelle qui la préservait du reste, qui l'aidait, l'accompagnait dans sa lente redescente vers la réalité. Elle adviendrait toujours trop tôt, toujours trop brutalement, alors le temps de calmer son palpitant, de retrouver forme humaine et respiration sereine, elle lui offrait la courbe de son cou comme ultime refuge.
Sa main s'en vint tout naturellement se déposer sur cette nuque brûlante, et caressa, massa machinalement, tandis que les yeux fixés au plafond, elle avait toutes les peines du monde à se remettre ou ne serait-ce qu'à réaliser ce qui venait de se produire, ce dont elle avait été témoin, bourreau et victime.
C'était bouleversant et terrifiant. Cela construisait et détruisait en même temps. Cela apportait quelque chose en ruinant le reste, ce qu'il y avait avant. Elle venait de s'offrir à un homme qui l’ébranlait profondément, dans une chambre à portée de voix de tous.
Néanmoins, malgré les éclats de raison se détachant du plafond pour lui éclabousser l'esprit, elle ne parvenait à se défaire de cet émerveillement qui lui picotait l'âme. Les membres engourdis, le corps lourd, les atomes pétillants, elle se faisait l'effet de cette poudre, tout droit sortie de son enfance, d'apparence normale mais qui, une fois déposée sur la langue au contact de la salive, se mettait à crépiter furieusement. C'était exactement ça. Son corps avait été vidé, privé de substance, pour n’être rempli que de cela, de cette poudre dont le nom lui échappait.
Toujours en elle, il finit par s'échapper de sa planque pour se redresser légèrement et, à bout de bras, la surplomber. Un mouvement infime qui se répercuta pourtant en écho dans les tréfonds de son être, l'obligeant à fermer les yeux un court instant.
— Tu fuis encore, murmura-t-il dans un souffle rauque.
Il avait bougé à nouveau et laissait le néant le remplacer et s’engouffrer en elle. Non, elle ne fuyait pas. Elle accusait le coup, nuance. C’est ce qu’elle aurait souhaité lui répondre, mais incapable de formuler une parole audible, elle se contenta de rouvrir ses paupières et planter son regard de défi dans le sien. Un défi qui fit naître un sourire discret sur les lèvres masculines avant qu’elles ne viennent s’écraser contre sa bouche. Un baiser qui s’éternisa, qui s’intensifia avant que Dorian ne s’échappe dans son cou, glisse contre sa gorge, honore un sein puis l’autre.
— Qu’est-ce que…? ânonna-t-elle en se redressant sur un coude.
— J’ai pas terminé ta visite guidée, souffla-t-il contre son ventre.
Mais…
7 commentaires
DANYDANI
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Il y a 9 mois
Mikazolinar
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Il y a un an
Ophélie Jaëger
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Il y a un an
WildFlower
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Il y a un an
ambre_revant
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Il y a un an
Marion_B
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Il y a un an