Ophélie Jaëger L'albatros 34. Verrou (2/3) 🌶️.

34. Verrou (2/3) 🌶️.

Oh, il voulait jouer à ça ? Elle pouvait aussi, elle connaissait bien les règles.


Joséphine s’empressa de se débarrasser du manteau trop grand en le laissant glisser contre ses épaules et ses bras avant de l’enjamber et de s’approcher lentement du prédateur au regard de proie. Ses doigts cherchèrent les boutons de sa robe et… Merde, étaient-ils trop haut dans son dos ? Fallait-il qu’elle se déboite l’épaule pour y parvenir ? Joe tenta avec le bras droit, puis le gauche. Elle se contorsionnait tant, langue tirée, un œil à demi fermé, qu’un éclat de rire échappa au danseur.


— Laisse-moi faire, proposa-t-il à voix basse.


Un timbre qui échauffa le sang de la jeune femme aussi efficacement que n’importe quel alcool fort au goût sucré si trompeur. Docile, elle lui présenta son dos, rapatria ses cheveux contre sa poitrine, et savoura le toucher délicat et précis de chacun de ses doigts contre le long boutonnage lui couvrant l’échine. Le tissu indolent glissa contre ses courbes. Pas à pas, son épiderme se découvrit et s’exposa aux frissons qu’elle ne savait dus à la fraîcheur régnant dans la petite pièce, ou bien à ces phalanges qui pianotaient contre ses cuisses, ses hanches, sa taille. Des phalanges qui se firent paumes fermes et téméraires, colonisant son ventre, son estomac, puis un sein qu’il exfiltra de la dentelle. La tête de Joséphine bascula en arrière, rencontra une épaule, et pressa son front moite contre un cou. pulsant un rythme cardiaque devenu fou.


Une main occupée à marquer de ses empreintes une peau laiteuse, l’autre s’évertuait à conduire au suicide un soutien-gorge qui se jeta dans le vide. Fin négociateur, Dorian venait de libérer le deuxième otage et s’empressa d’aller s’informer de son état physique et émotionnel de ce dernier. A l’agonie fut le constat qui s’imposait. Tout comme le reste de ce corps qui se cambrait sous l’assaut. Lorsque l’une des grandes mains tenta une évasion vers le dernier rempart de dentelle, Joséphine l’immobilisa d’un geste assuré.


Elle était à moitié nue et entièrement vulnérable. Il était encore totalement vêtu et trop peu malmené.


Dorian chercha à profiter de ce sursaut pour se délester des tissus superflus. Joséphine l’interrompit en claquant la main masculine qui entreprenait de libérer un bouton pour y prendre sa place.


— T’es du genre à déballer les cadeaux de Noël des autres, toi ? réprimanda-t-elle dans un sourire vorace.

— Noël c’est pas avant une semaine, hoqueta-t-il sous l’effet de cette poigne qui tira les pans de sa chemise hors du pantalon.

— Oh, c’est mignon, tu as cru que tu pourrais sortir de cette chambre avant le nouvel an ?


Joséphine ne sut dire si son grognement était une réponse à sa provocation, ou à ses mains, ses lèvres, qui honoraient chaque centimètre de peau rendu disponible par la chute de l’empire chemise. Le bouton du pantalon rendit les armes à son tour et, la descente de la fermeture éclair rendue volontairement lente, tira un soupir d’agonie au danseur torturé.


Ils avaient échoué sur un bout du matelas, et à grand renfort de gestes impatients mais néanmoins efficaces, ils s'étaient mutuellement débarrassés de l'ostentatoire superflu. Les sous-vêtements gisaient au sol, et sur le lit, un buste féminin s'unissait à un torse masculin en un soupir de bien-être.


Sa peau. Elle en avait eu tant besoin. Tout ce temps, sans jamais le savoir, sans jamais en avoir conscience, sans jamais y avoir goûté au préalable. Comment éprouver le manque lorsqu'on n'a jamais savouré la plénitude ? C'était aussi cohérent que de se rendre aux Alcooliques Anonymes sans avoir jamais bu une goutte de sa vie. Et pourtant, c'était là, bien présent, imposant même. Dévastateur. Est-ce qu'il le ressentait lui aussi ? En avait-il autant conscience qu’elle ?


La terre aurait pu s'ouvrir sous ses pieds qu'elle n'en aurait rien eu à faire. Elle ne se réduisait plus qu'à ces fragments d’épiderme qu'il touchait, qu'il flattait, qu'il animait du sien. Il immolait par le feu tout ce qu'il frôlait, tout ce qu'il embrassait, embrasait... Et ce sentiment d'urgence, cette nécessité de toujours plus, encore plus, et cette certitude qu'elle ne serait jamais rassasiée, qu'elle ne pourrait jamais l'être totalement.


Il était déjà partout sur elle. Il parcourait son être comme s'il en connaissait déjà les moindres recoins, comme s'il y avait déjà ses habitudes, ses quartiers personnels et ses zones de prédilection, mais ce n'était pas assez. Il lui fallait le sentir plus encore. Ce n'était pas seulement l'union des corps qu'elle réclamait, c'était tellement plus que cela. Tout semblait pressant, mué par un besoin impérieux qui ne souffrirait aucun retard. Les gestes étaient fébriles, urgents, mais toutefois précis et habiles, si bien que, dans une brume de décisions, actions et réactions, de souffles rauques et chauds, de caresses plus ou moins subtiles et de respirations douloureusement anarchiques, elle se retrouva à l'accueillir entre ses cuisses.


La conscience d'un avant ou d'un après venait d’être occultée par un présent immédiat uniquement rythmé par ces coups de reins qui la maintenaient en vie. Si elle avait été un jour irritée par ce désir qu’il faisait naître en elle depuis trop longtemps, il revêtait aujourd'hui des airs d'abîmes de plaisir. La chaleur l'assaillait de toutes parts, comme émanant de ses propres entrailles, ou plus profond encore, et transmutait chaque caresse, chaque tendresse en une empreinte indélébile contre sa peau. Il semait des baisers et elle ressentait le sillon laissé sur le passage de la lave en fusion.


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14 commentaires

Mikazolinar

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Il y a un an

Tout est très beau et bien écrit

Ophélie Jaëger

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Il y a un an

Comme dirait Naischa : merci lol

Mikazolinar

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Il y a un an

😂

WildFlower

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Il y a un an

Oulala c'est chaud, j'en ai des palpitations, mais toujours très bien écrit cela dit ^^

ambre_revant

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Il y a un an

C'est une très bel façon de décrire l'acte physique, peu conventionnelle, poétique, sans vulgarité aucune. Merci pour ces belles phrases.

Marion_B

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Il y a un an

ah nous y voilà enfin!
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