Fyctia
Prologue
19 ans plus tôt.
"Alors Benoît s'avança dans l'eau jusqu'à mi-taille, puis s'immobilisa, hésitant.
— Dépêche-toi, le supplia Aurore. Si tu m'aimes, tu te dois de le faire !
— Je t'aime. Oui, je t'aime.
Bien sûr qu'il l'aimait, il n'y avait aucun doute là-dessus. Aussi, Benoît prit une profonde inspiration, et disparu sous l'eau à la recherche de la chevelure blonde qui l'avait précédé..."
Dans un bruit sec, la jeune femme referma l'épais volume qu'elle tenait en main, puis déchaussa ses lunettes de lecture. Le silence s'était répandu dans la petite chambre. Ne subsistait que la respiration lente des deux petits corps enchevêtrés.
D'une main tendre, elle vint lisser les bouclettes de la fillette éparpillées en auréole autour de son petit visage, recouvrit le corps de ses jumeaux d'une couverture brodée, et s'employa à éteindre la veilleuse sur la table de chevet. Mais alors que la main sur la poignée de la porte, elle s'apprêtait à quitter la chambre d'enfant, une douce voix perça l'obscurité dans son dos.
— Maman ? appelait la petite fille.
— Tu ne dors pas, mon ange ? s'enquit la maman en revenant sur ses pas.
— Non, je réfléchissais, répondit la petite voix avec un sérieux qui n'allait pas aux enfants de son âge. Benoît, il va mourir, pas vrai ?
— C'est un conte, mon ange. Une histoire d'amour... tenta la jeune mère en regrettant immédiatement son choix de lecture.
La main maternelle à nouveau sur la poignée, la voix enfantine couvrit, une fois de plus, les doux ronflements de son frère.
— Maman ?
— Oui ?
L'impatience de sa mère était palpable, mais l'enfant n'en avait que faire.
— C'est quoi l'amour ?
Pour l'occasion, la mère de famille s'en vint se rallumer la petite veilleuse tout en remettant en question toutes les décisions majeures de sa vie. De son choix de lecture jusqu'à l'idée même d'avoir eu des enfants.
— C'est difficile à décrire, mon cœur. Il existe plusieurs types d'amour. Il y a celui que je te porte, celui que tu portes à papa et à Jules, et puis il en existe un autre, celui qui unit Aurore et Benoît. Un sentiment dont la principale magie réside dans le fait qu'on ne peut pas l'expliquer. On ne sait pas comment, ni quand, et encore moins pourquoi l'amour arrive entre deux personnes. Mais ça arrive, et c'est le véritable amour.
Cette fois, la maman éteignit rapidement la veilleuse et s'empressa de regagner la porte.
— Maman ?
— Oui, se contint la jeune femme en épuisant ses derniers grammes de patience dans cette syllabe qu'elle étirait à l'infini.
— C'est quoi le véritable amour ?
Un soupir répondit à la fillette, un soupir à fendre l'âme. Puis la porte s'ouvrit, découpant dans le contre jour l'ombre chinoise de sa mère.
— Tu sais quoi, Joséphine ? Demain, on lira le Prince de Motordu. Voilà, c'est bien, ça, le Prince de Motordu.
L'enfant se roula en boule sous sa couverture. Les sourcils froncés malgré ses yeux clos, elle en arriva à la conclusion que, décidemment, ça avait l'air super nul, l'amour.
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