Fyctia
Envie
Assise avec négligence sur son trône d’ivoire aux accoudoirs démesurés, Envie observait ses fidèles avec attention. Elle résonnait avec chacune de ces âmes pétries de milles convoitises à jamais inassouvies. Tout comme elle, aucun de ces êtres ne trouveraient jamais la paix ni la moindre plénitude. Lorsqu’elle atteignait enfin son but, il lui en fallait davantage, elle désirait toujours plus. Elle ressentit une pointe de pitié pour ses élus qui se bousculaient afin d’obtenir ses faveurs. Avaient-ils conscience d’être maudits, d’avoir hérité de l’aspect le moins enviable -le mot la fit glousser- de tous puisqu’il est le seul à ne jamais pouvoir être comblé, fusse pour une seule seconde. Comme elle les plaignait ces pauvres fous qui la révéraient.
Elle se redressa en sentant quelque chose d’inhabituel. Le portail de son univers personnel venait de s’ouvrir et elle ressentit l’intrusion dans sa propre chair. Un éclat meurtrier nimba son regard jusqu’à ce que la nature de l’aura se fasse plus claire. Un sourire ourla ses lèvres. Voilà une surprise qui promettait d’être des plus intéressantes.
Envie se leva puis étira ses membres à la manière d’un chat. Elle remit de l’ordre dans sa longue chevelure et se lécha les lèvres pour les humidifier. Sous les yeux ébahis des humains présents, elle fit disparaître sa tenue des plus sobre pour se vêtir d’une robe verte si diaphane qu’elle glorifiait ses courbes parfaites plus qu’elle ne les cachait. Elle était prête à accueillir ses invités.
Bouches bée, les intrus observaient leur environnement avec stupéfaction. Le ciel d’un rose doré les interloqua bien plus que le sol constitué d’une mousse végétale à la douceur incroyable.
— Où sommes-nous ? demanda Cortez avec un soupçon d’inquiétude dans la voix. C’est l’endroit le plus étrange qu’il m’ait été donné de voir.
— Il s’agit d’un lieu hors du Temps et de l’Espace, expliqua Leonhart avec un sourire.
— C’est tout à fait ça, confirma Courage. Nous sommes dans une dimension rattachée à votre monde, comme un écho ou un pli créé par notre volonté. Ce que vous contemplez est l’Eden d’Envie.
Courage ressentit une certaine tristesse en constatant que le lieu avait bien changé depuis sa dernière visite. Il n’eut pas le temps d’approfondir le sentiment de perte et d’abandon montant en lui. Une présence incroyable se fit ressentir et tous tournèrent la tête dans la même direction. Delilah et Athlin restèrent stupéfiés et incapables de réaction en découvrant la maîtresse des lieux se dirigeant avec une souveraine nonchalance à leur rencontre. Le mage eut un regard appréciateur, non pas que la vision de la divine créature ne l’émoustille car Leonhart ne ressentait absolument rien pour la gente féminine, mais il se régalait du pouvoir dont elle irradiait.
Cortez eut le souffle coupé et ne parvint pas à détacher son regard d’Envie. La façon dont ses hanches roulaient lorsqu’elle se mouvait avec grâce et mépris à la fois, le blond de ses cheveux entourant son visage majestueux, l’assurance qui exsudait de chaque partie de son être, tout en elle l’hypnotisait. Un besoin impérieux de se jeter à ses pieds enfla en lui. Il la désira, elle et ce qu’elle représentait. Il voulait lui plaire, qu’elle le remarque.
La main de Courage l’agrippa par l’épaule et il eu un air désolé en avisant l’air presque apeuré du sacripant.
— Il te faudra prendre garde Cortez, prévint-il d’une voix promesse de menaces à venir. Tu es vraiment malchanceux mon ami, Envie est presque pire que son frère. Tâche de museler tes instincts et ne te laisse surtout pas manipuler par elle.
Le sudiste fit de son mieux pour refréner sa pulsion, s’infligeant une cuisante douleur dans la paume en y enfonçant ses ongles avec cruauté. Il ne laisserait pas quiconque se servir de lui, peu importe sa nature. Il avait toujours vécu libre, il ne se ferait pas entraver, jamais.
Envie se rapprochait toujours plus et Courage s’interposa entre elle et les humains afin de prévenir tout danger à leur encontre. Il connaissait bien la Déesse et ses humeurs fluctuantes.
— Bonne rencontre mon amie, claironna Courage en ouvrant ses bras afin de signifier ses intentions pacifiques sans laisser planer de doute.
— Il y a bien longtemps que tu n’as pas pris la peine de me visiter, remarqua-t-elle d’une voix boudeuse. Je vois que tu as emmené quelques amis dans tes bagages.
La remarque s’adressait au groupe mais son regard ne quittait pas Cortez à qui elle adressa un imperceptible clin d’œil complice.
Courage remarqua son petit manège et se racla la gorge. Envie se pendit à son bras et afficha un sourire contrit, comme une enfant prise en flagrant délit de bêtise.
— Nous avons trouvé un moyen de défaire Orgueil, avoua le Dieu sans préambule.
Envie leva un sourcil sceptique. Elle en était persuadée, plus rien en ce monde ne pouvait venir à bout de la puissance emmagasinée par son frère.
Courage lui montra l’amulette suspendue à son cou et Envie s’en saisit avec avidité, faisant tourner l’objet entre ses doigts fuselés. L’objet était de magnifique facture et elle reconnu immédiatement la substance reposant avec paresse dans son carcan de verre.
— Tu as inséré une partie de ton essence là-dedans ! s’étonna-t-elle avec incrédulité. Pourquoi faire ? Comment ce bijou fonctionne-t-il ?
Le Dieu passa un bon moment à lui expliquer la fonction du réceptacle. Il lui narra sa création, l’aide des mages pour ensorceler l’amulette et lui offrir la capacité de bannir n’importe quelle créature. Vint ensuite la partie qu’il craignait, celle où il lui avoua ne pas pouvoir se servir de l'artefact à cause de son manque de pouvoir. Elle était leur unique chance de défaire Orgueil et il la supplia presque de se joindre à eux, s’attendant à ce qu’elle refuse ou discute ses plans. Cependant ce ne fut pas les moqueries ou le scepticisme qui brisèrent le long silence suivant sa tirade.
— C’est stupéfiant et pour le moins audacieux, admit-elle alors que sa langue léchait sa lèvre supérieure. Je comprends ton point de vue et il semble que je sois effectivement la seule à même d’utiliser ton formidable jouet, l’unique être que mon bien cher frère laissera approcher.
— Pourquoi accepterais-tu de te mettre ainsi en danger ? se méfia-t-il en rivant son regard dans le sien.
Envie étudia ses traits avec attention. Elle savait que ses prochains mots devaient convaincre son interlocuteur.
— Rester ici, à la merci de celui qui a tenté de prendre mon essence alors que nous étions si proches ? Patienter en mon royaume pour y attendre celui qui m’a doublé sans le moindre scrupule ? Combien de temps avant qu’il ne vienne envahir mon royaume et qu’il se décide à m’ajouter à sa collection ? Non Courage, tu me connais mieux que ça. Je ne me terrerais pas alors que vous m’offrez ce formidable outil. Je veux me venger tout autant que vous et lui faire regretter son misérable sens du jugement.
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Luna-Bella-Me
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Pénellope Van Haver
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Sand Canavaggia
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barbaralaine
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