Fyctia
Le porteur de l'amulette
Le silence se fit dans la petite salle éclairée par des flambeaux et quelques bougies en plus de la lumière d’automne traversant les fenêtres ouvertes. Delilah était pensive et pianotait sur la table, Athlin avait le regard baissé. Cortez toisait Courage d’un air goguenard. Comment pouvait-il donc se prétendre Dieu lorsque ce qu’il disait ne possédait pas le moindre sens ?
Rowena leva sa petite main potelée avec timidité, comme si elle craignait qu’on ne lui accorde l’attention qu’elle désirait. Elle sembla disparaitre dans son siège lorsque Courage hocha la tête à sont attention afin de l’encourager à prendre la parole.
— Pardonnez-moi, mais quelque chose ne va pas, non ? dit-elle si bas qu’on eut presque dit un murmure. Comment collecter la puissance des Dieux si ceux-ci ne sont plus parmi nous ?
— Ils ne sont plus en ce monde mais ils n’en restent pas moins accessibles lorsque l’on sait où chercher, déclara l’homme aux yeux pourpres d’un ton un peu sec.
— Leonhart ! s’offusqua le Grand Mage face à l’attitude du jeune homme. Si tu n’as rien de délicat à dire contente toi de te taire !
La propriétaire grimaça, non pas à cause du ton employé par le jeune arrogant mais par crainte d’être la cause d’une terrible dispute entre ses invités. Mère de six garçons, elle ne se formalisait pas de quelques paroles maladroites.
Courage se râcla la gorge et le silence se fit à la table. Cortez était intrigué par cet être des plus insolites. Il se refusait d’imaginer la possibilité qu’il représente plus qu’un homme. Ces terres étaient à la limite du folklorique pour lui, sans doute le terme de Dieu était-il utilisé pour désigner un personnage d’importance.
— Savez-vous comment les retrouver ? questionna Athlin en tripotant sa moustache. Vous êtes l’un d’eux n’est-ce pas ? Vous devez être en mesure de nous mener à eux.
Courage s’esclaffa, suivit par l’ensemble des mages à l’exception de Leonhart qui se contenta de hausser un sourcil.
— En effet, je sais que chacun d’entre eux s’est replié en son Royaume. Une sorte de pli hors de l’espace et du temps. Il est propre à chacun d’entre nous et le trouver est un véritable casse-tête.
— Tout est perdu alors, déclara Delilah avec un revers rageur de la main. Pourquoi nous faire perdre notre temps avec cette vaine entreprise si elle est impossible à réaliser ?
— Compliqué ne signifie pas insurmontable, la coupa Athlin avec un sourire. S’ils sont ici, laissons-les nous exposer leur plan. Je leur ai fait confiance jusqu’ici, ils m’ont intégré à votre groupe et nous attendons notre moment depuis des mois maintenant.
— Merci, salua Courage avec chaleur à l’adresse de son protégé. En réalité, chacun de ses Royaumes sont situés à l’endroit même où se dressaient nos temples dans les Temps Anciens. Certains vrais croyants se souviendront des emplacements, il nous suffira d’interroger les populations sur notre chemin.
— Alors l’affaire est entendue, décréta Cortez avec entrain. Quand partons-nous ?
Edril lança un regard de coté en direction de Courage. Ce dernier fit une grimace involontaire qui n’échappa hélas à personne.
— Allons bon, encore un problème j’imagine ? soupira le scélérat au chapeau exotique avec un soupir exagéré.
— Il nous faut le concours d’un Dieu pour utiliser l’Amulette, souffla Courage avec ironie.
— N’en êtes-vous pas un ? s’étonna Delilah interloquée.
— Une divinité « entière ». J’ai mis une grande partie de mon pouvoir dans la confection de cet artéfact. J’y ai aussi déposé ma part, ce qui fait de moi un Dieu amoindri.
Delilah échangea un regard avec Athlin. Aucun des deux ne trouva quoi répondre à l’assertion de Courage. Rowena leva la main avec timidité et prit la parole d’une voix rêveuse.
— Alors nous devons désigner un autre Dieu n’est-ce pas ? Quels sont les candidats ?
Leonhart se racla la gorge.
— Il y a Avarice, Gourmandise, Paresse, Luxure, Prudence et pour terminer Tempérance, débita-t-il avec sérieux. Certains du fait de leur nature feront de bien piètres candidats. Je doute que Paresse prenne la peine de parcourir le monde ou que Luxure daigne… cesser son activité.
— Qu’en est-il de Prudence et Tempérance ? voulut savoir Cortez tandis qu’il triturait sa courte barbe d’un air pensif.
— Mauvais choix là aussi, décréta le mage aux iris pourpre avec suffisance en rejetant ses cheveux mi-longs et bouclés avec dédain. Prudence ne sortira pour ainsi dire jamais de son domaine privé. Celui qui parcourra notre monde sera une proie toute désignée pour Orgueil, il est donc impensable qu’elle prenne ce risque. Tempérance pèserait sans doute le pour et le contre, mais il est plus qu’improbable qu’il fasse le choix de nous aider.
— Ce type c’est vraiment quelque chose, s’extasia Cortez en désignant le magicien d’un mouvement de tête. Quel choix avons-nous alors ? Gourmandise ou Avarice ?
— Non, il reste un candidat en réalité, intervint Edril.
— Vous n’y pensez pas Maitre Cidric. Elle est bien trop instable, trop…
— Dangereuse, oui. J’en conviens assura Edril Cidril. Elle représente cependant notre meilleure alternative.
Athlin et Cortez se regardèrent avec consternation, le sujet leur échappant malgré leurs efforts pour en saisir les tenants et les aboutissants.
— Ils parlent d’Envie, chuchota la mercenaire pour ses acolytes.
— Personne ne pourra jamais la contrôler, s’emporta Leonhart. C’est la pire de tout le lot, il est impossible de savoir avec certitude ce qu’elle voudra. Elle est bien trop fluctuante pour que l’on puisse s’appuyer sur sa participation.
— Il n’y a donc aucun bon choix, convint Athlin avec tristesse.
Delilah ne voyait pas comment se sortir de l’impasse. De son point de vue, le choix le plus avisé était de tout miser sur Courage. Hélas il était le seul Dieu encore en vie qui ne pouvait pas prétendre à utiliser l’Amulette d’Isolement.
— Elle acceptera sans doute, murmura Rowena.
— Que voulez-vous dire ma dame ? interrogea le Grand Mage avec intérêt.
Elle jeta un regard à l’assemblée et se lança avec timidité.
— Il est dit qu’Envie est la sœur d’Orgueil tant leurs aspects sont liés.
— C’est exact, en convint Leonhart en levant un sourcil. Et alors … ?
— Monsieur, je vois bien que vous n’avez jamais eux d’enfants. Elle ne pardonnera jamais sa trahison, encore moins le fait qu’il ait tenté de la supprimer. Elle voudra se venger.
Leonhart se mura dans un silence méditatif. Cette femme simple avait fait montre d’une analyse confondante et il ne trouvait rien à lui retorquer. Ce pourrait-il qu’une tavernière puisse faire preuve de plus de sagesse que lui, le dépositaire d’un savoir titanesque ?
— Il se trouve que je sais où se situe le temple d’Envie, avoua Courage alors qu’un léger fard lui montait aux joues. Nous avons un peu fricoté ensemble par le passé et j’ai eu l’insigne honneur de pénétrer en son Royaume.
— Pas que, si j’en crois vos joues mon ami, commenta Cortez.
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