Fyctia
Chapitre 1.2 - Héloïse
Je me retourne au son de cette voix familière.
— Pauline ? je réponds sur le même ton quand je distingue la silhouette de mon ancienne amie me faire face.
Elle s’approche doucement de moi avec un sourire. Elle n’a pas changé, ses cheveux blonds toujours coupés impeccablement et ses grands yeux capables de tout analyser en une milliseconde.
— Ça me fait tellement plaisir de te voir ! je reprends.
Nous avons perdu contact après mon changement de conservatoire en quatrième année, mais je suis sincèrement heureuse de la croiser aujourd’hui. Elle respire toujours la même gentillesse, la même douceur qui m’ont manqué.
— Ça fait trop longtemps ! renchérit-elle. J’arrêtais pas de me dire que je devais prendre de tes nouvelles, mais je trouvais jamais le temps, me répond-elle avec une moue désolée. Tu pars en voyage ?
— En fait, j’ai été embauchée dans un orchestre pour une tournée de Noël en Laponie.
Mon enthousiasme est palpable. Elle recule d’un coup, ses yeux marron plantés dans les miens.
— Attends, tu veux dire que c’est toi, notre nouvelle recrue ?
Les mots mettent quelques secondes pour monter à mon cerveau. Soudain, je me sens plus rassurée, comme si un poids venait de s’ôter de mes épaules.
— Tu… tu fais aussi partie de l’Ensemble Équinoxe ?
— En tant qu’harpiste, fidèle au poste ! Mais c’est tout récent, ça fait à peine quelques mois que je suis là-bas. Enfin bref, je suis vraiment contente que tu sois là. Viens, je vais t’emmener rencontrer le reste du groupe, s’ils ne sont pas encore dans l’avion.
Elle marque une pause avant d’ajouter, ses sourcils froncés :
— Tu remarqueras que ma ponctualité n’a pas changé.
En effet, après un bref coup d’œil à l’horloge apposée contre le mur, je constate que le vol ne va plus tarder. Un frisson me parcourt de la tête aux pieds : c’est mon premier jour, je dois faire bonne impression. Je n’ai pas le droit d’être en retard.
Je ne réponds rien et laisse mon ancienne amie me guider. En sa présence, mon cœur est plus léger, mes doutes sur l’orchestre s’envolent, et je m’imprègne à nouveau de l’esprit de Noël qui règne dans l’aéroport, tant par la musique que par le grand sapin qui trône au milieu de la salle d’embarquement.
— Tiens, Tom est là. C’est notre chef d’orchestre, m’annonce Pauline lorsque nous arrivons près de la porte d’embarquement.
En effet, l’homme qui m’a fait passer mes auditions discute avec l’hôtesse.
— Salut Tom ! le hèle-t-elle.
Il se retourne pour lui lancer un regard réprobateur.
— Comme d’habitude, tu es presque en retard, lui lance-t-il en fronçant les sourcils.
Pourtant, derrière son air sévère se cache un regard doux, paternel. Un regard qui montre qu’il se soucie de ses musiciens. Le poids sur ma poitrine s’allège à nouveau.
Tout va bien se passer.
— Désolée, grimace mon amie.
L’homme balaie ses excuses d’un geste de la main avant de se tourner vers moi.
— Héloïse ! Bienvenue. J’avais hâte de te voir.
— Merci, je réponds. Je suis vraiment heureuse d’être ici. Pardon pour mon retard, j’ai sonné aux contrôles, ça a duré un moment.
— Oh non, t’inquiète ! Vous n’êtes pas les dernières. Tu as déjà rencontré Pauline ?
Cette dernière me devance pour l’informer, enjouée :
— Nous nous sommes rencontrées au conservatoire de Paris ! On a fait une partie de nos études ensemble.
— Génial ! répond-il avec enthousiasme. Bon, la majorité du groupe a déjà embarqué, j’attends les derniers retardataires. Vous pouvez y aller.
Nous le remercions et nous dirigeons vers notre avion. Sur le tarmac, le vent froid emporte jusqu’à moi les effluves de kérosène et d’hiver. Ces odeurs caractéristiques font battre mon cœur un peu plus vite.
Ça y est, ça arrive vraiment.
Je réalise mon rêve. Je suis la personne la plus chanceuse de l’univers.
Je monte dans l’avion en saluant les hôtesses, puis suit le flux de passagers dans le couloir étroit.
— 16A, je chuchote pour moi-même, le nez levé vers les numéros de rangées.
Arrivée au niveau de ma place, je baisse les yeux. Des jambes, un buste, des bras… Mon siège est pris.
Et à l’instant où l’intrus lève la tête, le monde s’arrête de tourner.
Oh non. Tout mais pas ça.
Mon visage se tord en une moue mi- surprise, mi- paniquée. Les mots se bloquent dans ma gorge, une boule se forme dans ma poitrine. Dans mon cœur, la magie de Noël s’évapore instantanément. Plus de musique, plus de lumière, plus de bonheur.
Juste… lui.
Maël.
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Sofia77
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Zebuline
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Emilie Hamler
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