Fyctia

𝐋𝐢𝐯𝐢𝐚

Mathilde la jauge du regard, c'est presque si elle ne lui envoie pas des couteaux à travers ses yeux cyan légèrement obscurcis par la colère qu'elle ressent en cet instant. Je reste de marbre devant cette querelle qui a provoqué une grande agitation au sein de tous les convives. À des kilomètres à la ronde, on peut voir clairement que ces nobles de haut rang n'ont jamais été témoins d'une bagarre des plus anodins tout au long de leur vie insipide.

Comme vous l'aurez compris, je n'apprécie guère ces gosses de riches ! 

Les invités sont témoins de répliques très piquantes émanant des deux parties, et Pablo, inquiet pour Mathilde, fait tout son possible pour la convaincre d'arrêter ce débat stérile.

La dispute prend définitivement fin lorsque Juan réapparaît subitement aux côtés de ses amis. Rita, troublée, observe attentivement Juan d'un regard chargé d'hostilité. Après un court moment de silence, Rita interroge Juan sur la véracité des paroles de Mathilde.

 En réponse à cette interrogation, Juan arbore un sourire radieux et réplique d'un ton moqueur à l'égard de Rita.

- Les révélations de Mathilde plus tôt sont en réalité la vérité absolue et maintenant j'annonce officiellement que je suis fiancé avec elle.

Sous le choc, Rita s'évanouit devant les invités médusés. La scène qui se déroule sous leurs yeux a laisser les convives sans voix.

Juan cherche à apaiser les hôtes en leur assurant qu'il ne s'agit que d'un simple malaise. Prise au dépourvu par cette déclaration inattendue, je reste immobile, les yeux fixés sur un point invisible. Les secousses frénétiques de Mathilde, qui agite mon épaule, me sortent soudainement de ma torpeur.

Peu de temps après, Juan enserre délicatement ma main tout en murmurant des paroles apaisantes au creux de mon oreille. Puis il me tire vers l'avant de la scène en proclamant d'une voix solennelle une importante nouvelle.

- Mesdames et messieurs, j'ai l'honneur de vous dévoiler de manière surprenante mon futur mariage avec ma secrétaire Livia Bruno, une femme d'exception... L'avis des autres m'importe peu, l'essentiel c'est que je sois heureux avec la femme que j'aime.

Suite à cette annonce, la foule s'écarte pour laisser place aux deux géniteurs de mon patron qui tantôt été raccompagner par ce dernier. L'homme âgé semble furax par rapport au discours que Juan a fait et l'instant d'après Geraldo Alvarez exprime son désaccord d'un ton dur.

- Jamais, je l'accepterais comme ma belle-fille ! Comment oses-tu t'afficher avec une souillon pareille ! Tu fais honte à tous les Alvarez en consentant à cette union, si tu l'épouse Juan soit en sûr que tu seras renier par toute la famille !

– Enfin Geraldo, il s'agit de notre fils ! Tu ne peux pas faire ça ! réplique la mère de Juan d'une voix profonde.

– Bien sûr que si, j'en ai le plein pouvoir d'agir à ma guise ! Je refuse de voir notre fils cadet épouser une fille de bas étage, Camilla !

Un silence palpable règne au sein de la réception, progressivement un sentiment de honte s'empare de moi à la seconde ou monsieur Alvarez a prononcé ses phrases aussi tranchants qu'un sabre.

L'instant d'après, un grand blond aux yeux verts s'avance près de Geraldo Alvarez en s'exclamant d'un ton malicieux :

– Je suis un peu plus d'accord avec monsieur Alvarez, comment peux-tu t'unir à une pauvre fille ? C'est tout simplement scandaleux !

Cette voix, non me dites pas que c'est lui !

– Pedro, qu'est-ce que tu fiches ici ! Je m'écrie, exaspéré.

– Je pourrais te poser la même question, chère cousine, répond Pedro avec un sourire narquois.

– Attends une seconde, c'est ton cousin Livia, demandent Pablo et Juan à cette dernière, interrogatifs.

Je soupire d'exaspération avant de déclarer, le ton lasse :

– Malheureusement, oui, c'est le fils du cousin de mon défunt père. C'est en grande partie grâce à sa fichue famille que ma mère et moi avons erré sans toit pendant trois interminables années. Puis, l'année suivante, une assistante sociale nous a déniché un logement, mais faute d'argent, je n'ai pas pu sauver ma mère de sa maladie.

– Je suis désolée pour toi, Livia, murmure Mathy en me serrant dans ces bras réconfortants.

L'assemblée resta muette pendant un long moment avant qu'une femme rousse aux yeux mordorés fait son apparition dans la salle. 

Rapidement, elle rejoint le grand blond en lui enserrant son bras robuste tout en lui lançant un regard plein de concupiscence.

Puis elle reporte son regard vers Juan en lui disant d'une voix traînante.

– Juan tu as le don d'attirer à toi que des femmes sans valeur, décidément tu n'as pas appris la leçon. Rosé ne t'a pas suffi pour te résigner à être avec une femme de la même classe sociale qu'elle !

– Ferme-la Tania, t'es loin d'être irréprochable ! Sale traînée, tu n'as pas honte de venir ici avec ton amant qui n'est nul autre que le concurrent de la famille Alvarez,

s'époumone Mathilde en la fusillant du regard.

– Mathilde personne t'a demandé d'être l'avocate de Juan ! Tiens mon cher Pablo, tu es ici ! Je vois que tu t'es casé avec cette plouc, s'esclaffe la rousse en jetant un regard moqueur à l'intention de Pablo.

– Au moins je suis avec une femme qui a plus de dignité et d'intégrité que toi ! Et toi, Pedro qu'est-ce que ça fait de voler la copine des autres ? Tu te sens tout puissant j'imagine ! Rétorque ce dernier d'un ton tranchant.

– Au moins, Tania a choisi un bon parti. Sans rancune mon cher ami, maintenant tu sembles être remis de cette trahison, rétorque le blond en fixant Mathilde avec un regard plein de sous-entendu.

Furax, Pablo s'approche de Pedro et lui assène un puissant uppercut en plein visage.

Après avoir assisté à une série de coups de poing échangés entre les deux blonds, Juan prit la décision de mettre fin à leur altercation.

Toujours en proie à la colère, Pablo s'adresse à son ami le plus loyal :

- Permets-moi de démolir ce salaud qui reluque ma compagne avec insistance !

- Non Pablo, ce type ne mérite pas que tu lui accordes de l'attention. Il ne cherche qu'à te ridiculiser devant tout le monde... Sois raisonnable, Mathy s'inquiète pour toi. Reprends-toi pour elle.

Pablo tourne son regard vers l'élu de son cœur, dont le visage affiche une tristesse palpable. À contrecœur, il écoute son meilleur ami en rejoignant sa belle et moi.

– Mon Dieu, Pedro, ça va... Pablo, tu n'es qu'un rustre personnage ! S'exclame Tania, les yeux larmoyants, dont une lueur sombre est nichée dans son regard ambré.

– Ferme-la Tania, tu n'as pas la légitimité de parler de qui je suis. Tu es une opportuniste qui a tiré profit de moi et qui profite maintenant de Pedro. Quand il ne te sera plus utile, tu le remplaceras par quelqu'un d'autre ! C'est là ta véritable nature,  sale traînée !

– Prends ça dans ta face sorcière, murmure Mathy en lui lançant un regard narquois.

En colère, Tania s'éclipse en emportant avec elle, une belle au bois dormant et un Pedro tout cabossé.