Fyctia

𝐋𝐢𝐯𝐢𝐚

Le festin concocté par mon aimable hôte a enchanté mes papilles, cela faisait une éternité que je n'avais pas savouré un délicieux gaspacho à l'andalouse. Je trépigne d'impatience à l'idée de goûter à sa cuisine exquise !

Oh, ne parlons même pas de la succulente crème catalane, c'est l'un de mes péchés sucrés ultimes !

Il revient, les plats en équilibre, délicatement il les pose sur la table basse, à portée de main du canapé. Puis, Juan s'assoit à mes côtés, et dans l'instant qui suit, nous entamons notre dîner dans une atmosphère empreinte de chaleur et de convivialité.    

Avec son téléphone, il relie l'enceinte qui est connectée à la télévision. À travers elle, résonne le magnifique arrangement de la chanson "Despacito" de Luis Fonsi et Daddy Yankee, interprété avec brio par le talentueux violoniste Alan Milano. 

Durant toute la soirée, il laisse voguer sa sélection musicale, où trois mélodies sont sublimées par les douces notes du violon d'Alan Milano, dont la dernière n'est autre que "Blinding Lights" de The Weeknd. C'est sur cette mélodie ultime que lui et moi nous déhanchons en harmonie avec les notes, enlacés l'un contre l'autre. Je me sens comblé à ses côtés, avec Juan j'ai l'impression d'avoir enfin découvert mon véritable refuge.

Une décharge électrique se propage à la suite de notre rapprochement inattendu, mon cœur bat la chamade dans ma poitrine. Je ressens ses doigts pressés avec insistance sur mes hanches, alors que nous continuons à danser en étant étroitement enlacés.

Je lève mon visage vers le sien, captivée par son regard. Tout s'arrête alors, nos mouvements suspendus dans l'instant. Mon désir s'éveille, vibrant au creux de ma poitrine, tandis que mes mains effleurent avec douceur son torse imposant, attisant encore plus mon envie de lui appartenir.

Une atmosphère électrisante s'empare de l'air qui nous enveloppe, délicatement il rapproche son visage du mien jusqu'à ce que nos lèvres ne soient qu'à quelques battements d'ailes l'une de l'autre. Son souffle brûlant effleure mes joues devenues écarlates, provoquant un sourire de satisfaction sur son visage.

À cet instant précis, il scelle ses lèvres contre les miennes. Ce tendre baiser se transforme au fil des secondes en une passion déchaînée.

Je tiens fort la chemise de mon patron pendant que je prolonge ce baiser passionné. Je me sens tellement bien, comme si je flottais dans les airs. Mais tout à coup, ce moment magique se termine brusquement. Mon patron retire ses lèvres des miennes et recule de quelques pas. Je peux voir dans ses yeux une émotion, celle du remords.

Quelque chose en moi se fissure, c'était d'une beauté trop parfaite pour être réelle, jamais Juan ne pourrait succomber à mes charmes. Pas en un instant aussi fugace, il n'y a que moi pour être aussi naïve et me laisser piéger par les filets de l'amour !

Des perles salées menacent de dévaler mes joues, alors que deux mains au toucher soyeux prennent délicatement mon visage entre leurs paumes. Dès que nos regards se croisent, j'y déchiffre une autre expression, cette fois-ci empreinte de tristesse.

L'instant d'après, il approche sa bouche à quelques centimètres de mon oreille. Je ressens sur ma joue les picotements que me procure sa barbe ombragée et parfaitement taillée.

D'une voix douce et envoûtante, il me murmure :

- Ne sois pas triste, Livia, je suis déçu de moi-même car je n'ai pas pu tenir la promesse que je t'ai faite... Je t'ai touchée et cela a été plus fort que moi ! Livia, je ne suis pas l'homme qu'il te faut, il vaut mieux en rester là, c'est préférable pour nous deux !

– Mais, Juan ...

– Il se fait tard, viens, je vais te présenter la pièce où tu reposeras cette nuit. Demain, nous devons partir pour Barcelone très tôt le matin.

Je remarque qu'il est inflexible dans sa décision, alors j'acquiesce en le suivant à travers le dédale d'escalier qui mène à l'étage supérieur.

Il parcourt un couloir interminable avant de franchir la porte d'une chambre d'un bleu azuré, où trône majestueusement un lit à baldaquin beige dont ses voiles rappelant les nuances peintes sur les murs.

Émerveillée par la splendeur des lieux, je contemple avec émerveillement cette chambre somptueuse, tandis que mon hôte me regarde d'un air amusé.

– Eh bien, il semblerait que tu sois séduite par l'aménagement de cette chambre, je suis ravi que cela te plaise. J'ai quelques petites choses à te dire. Si tu as envie de prendre une douche, les serviettes se trouvent à l'intérieur de la salle de bain, et dans le dressing, tu trouveras des vêtements pour femmes, tous neufs, pour que tu puisses t'habiller. N'hésite pas à les essayer.

– Entendu, merci Juan.

– Sur ce, je vais te laisser te reposer. Que ta nuit soit douce, Livia.

– Bonne nuit, Juan.

A peine la porte se referme, je saisis l'occasion de me retrouver seule pour me délecter d'une douche revigorante et me glisser dans une tenue plus confortable, et bien plus agréable que mon ensemble de tailleur gris.

Avec une rapidité féline, je me faufile délicatement entre les draps douillets de ce lit spacieux, qui m'accueille avec une chaleur réconfortante.

Allongée sur le doux matelas, mes yeux se perdent dans les détails du plafond du lit, où une fresque florale s'épanouit, peinte avec délicatesse dans une palette de bleus enchanteurs.

Sur ce tableau enchanteur, on distingue des lucioles illuminant cette œuvre d'art, lui insufflant une vie et une chaleur supplémentaires. Étrangement, cela apaise mon esprit tourmenté, assailli par une multitude de questions restées sans réponse.

Plus je me laisse emporter par cette toile idyllique, plus mes soucis s'évanouissent. Plus je m'immerge dans sa contemplation, plus mes interrogations se dissipent comme par enchantement.

Submergé par la fatigue accumulée au cours de cette semaine intense en émotions, mes paupières se ferment lentement.

C'est avec cette ultime sensation que je m'abandonne à un sommeil profond et dépourvu de rêves.

Quand mes paupières se scellent, je me retrouve immergé dans un univers où règnent l'obscurité et les ombres tissent la trame de mon passé douloureux.