Fyctia
Chapitre 9 : Clara
Candice se tenait sur le canapé, la télévision diffusait une romance de Noël. En temps normal, elle s’en serait délectée, mais, cette année, elle trouvait que le charme de ces films n’était pas au rendez-vous. Nicolas n’avait pas répondu à son courrier. Passés la surprise, le doute et la déception, elle se sentait à présent maussade. Elle aurait aimé avoir son miracle de Noël mais, elle devait bien se faire une raison, ce ne serait pas pour cette fois. Elle déballa une nouvelle papillote qu’elle fourra toute entière dans sa bouche. Candice avait acheté un sachet de ces chocolats au centre commercial ce qui ne lui ressemblait pas. Quand elle ne cuisinait pas, c’était qu’elle était abattue et, vu la hauteur du niveau de papillotes dans le paquet, elle l’était fortement. La jeune femme replia ses jambes contre son ventre et tira le plaid pour un peu plus se couvrir. Elle avait froid, et ce, bien qu’elle soit restée au chaud dans son pyjama pilou toute la journée. Il était déjà 17h, mais Candice n’était pas motivée. Il aurait fallu qu’elle sorte pour acheter les provisions, en prévision du réveillon du 24 décembre, mais à quoi bon ? Elle le passerait seule, de toute façon. Sa décision était prise, elle ne rejoindrait pas Clara. Elle l’avait prévenue par texto qu’elle resterait seule, enfin avec Norbert. Candice n’avait pas envie d’imposer son humeur maussade aux autres. Son téléphone se mit brusquement à vibrer contre sa cuisse. Elle avala rapidement le nouveau chocolat qu’elle venait de fourrer dans sa bouche et décrocha :
— Allo ? demanda-t-elle.
— Hey ! Comment tu vas ?
C’était justement Clara.
— Très bien, mentit Candice, mais son amie ne fut pas dupe.
— Je connais cette intonation, il y a quelque chose qui ne va pas.
La jeune femme ne répondit rien alors Clara poursuivit :
— Je vois, tu ne veux pas me dire… Bien, je vais t’avouer que pour moi aussi il y a quelque chose qui ne va pas.
— Ah bon ? Quoi donc ? s’inquiéta immédiatement la jeune femme.
— Ta réponse à ma proposition. Comment ça tu ne passeras pas les fêtes avec nous ?
Candice lâcha un soupir de soulagement, ce n’était donc que ça…
— Noël, c’est une fête de famille. C’est mieux que vous soyez entre vous.
Cette fois, ce fut Clara qui soupira :
— Combien de fois va-t-il falloir que je te le dise ? Tu fais partie de ma famille. Tu es comme ma sœur. De toute façon, je ne te laisse pas le choix. Je viens te kidnapper. Dans une heure je suis chez toi et on prend la route de chez mes parents. Demain, on les aidera à préparer le réveillon. Vu tes talents, ma mère sera plus qu’heureuse que tu rejoignes sa brigade. Moi, ce n’est pas pareil, je n’ai aucun don pour la cuisine.
Clara éclata de rire et Candice, à l’autre bout du fil, sourit. Elle connaissait son amie et savait qu’il ne servait à rien de protester. Clara était un vrai bulldozer, quand elle avait décidé quelque chose, il ne servait à rien de s’y opposer.
— Ok, finit-elle par lâcher, même si la perspective de quitter le canapé la contrariait fortement.
C’est alors que l’on sonna à la porte. Candice sursauta.
— Clara, je vais te laisser, on toque.
— Ah ! On se voit tout à l’heure de toute façon. 18h, n’oublie pas !
Candice raccrocha et regarda dans l’œilleton. Son cœur eut un raté. Elle reconnut immédiatement, son voisin, Nicolas. Il était là, derrière la porte. Comme dans ses rêves, il était sur son paillasson. Panique ! Elle passa une main dans ses cheveux, tira sur son pyjama, il était trop tard pour se changer. Elle avait attendu plusieurs jours, bien apprêtée, mais là elle n’y croyait tellement plus qu’elle s’était laissée aller… Il fallait qu’elle se dépêche, il n’allait pas attendre indéfiniment. Elle ouvrit la porte, alors qu’il s’apprêtait à faire demi-tour. Les deux jeunes gens étaient, enfin, face à face.
— L’un des enfants Pirouge m’a remis ce courrier, aujourd’hui, expliqua le jeune homme visiblement mal à l’aise.
— Ah… lâcha simplement Candice et elle se sentit immédiatement stupide.
Heureusement, Nicolas poursuivit :
— Je te remercie pour toutes les pâtisseries, elles étaient délicieuses.
Candice sourit, mais elle attendait la réponse à son invitation et cette réponse ne venait pas. Le malaise était palpable. Finalement, il annonça :
— Je serais ravi de dîner avec toi, mais…
Pourquoi fallait-il qu’il y ait un mais ? Candice ne respirait plus, Nicolas poursuivit :
— Ma vie est compliquée, je dois partir, dès demain.
— Ah…
Décidément, c’est la seule chose que la jeune femme parvenait à dire. Elle se ressaisit brusquement.
— Si tu veux, on peut dîner ensemble maintenant, enfin ce soir ?
Nicolas parut surpris, il avait espéré cette solution même si elle était loin de tout résoudre.
— C’est d’accord.
Il lui offrit un magnifique sourire qui fit fondre son cœur.
— Viens pour 19h, si ça te va ?
— Parfait pour moi.
Le jeune homme sourit à nouveau ce qui manqua de la faire défaillir. Il était encore plus beau que dans son souvenir. Elle dut pourtant bien se résoudre à le lâcher du regard, car il rentrait déjà chez lui. À peine eut il franchi la porte de son logement que Candice se transforma en tornade. Elle se précipita chez elle, rangea le paquet de papillotes, le plaid, courut se faire une beauté avant de surgir dans la cuisine. Elle n’avait plus le temps de faire les courses. La situation était critique. Le désespoir voulut la submerger, mais elle n’avait pas le temps pour ça. Elle enfila son tablier, retroussa ses manches tout en appelant Clara.
— Allô ?
— Changement de programme.
— Ah non, tu ne me fais pas ce coup-là.
— Le beau voisin dont je t’ai parlé vient manger chez moi, ce soir.
— Quoi ? Ce n’est pas vrai !
— Si, mais je n’ai qu’une soirée pour lui faire une forte impression. Il part demain et je n’ai presque plus rien dans les placards.
— Je suis sûre que, quoi que tu prépares, il sera conquis. Fonce !
Les deux jeunes femmes raccrochèrent rapidement. Candice devait se concentrer, elle avait besoin du « Grimoire ». Elle parcourut les pages et opta pour un gratin dauphinois, il lui restait quelques pommes de terre. Elle éplucha les légumes, badigeonna le plat de beurre et d’ail avant de déposer les lamelles et de les recouvrir généreusement de crème préalablement chauffée et assaisonnée. Candice réalisa qu’elle n’avait plus de viande, elle avisa les œufs dans son frigo, elle ferait une omelette de Noël au beurre et à la moutarde. Pour l’entrée, elle coupa quelques endives crues qu’elle recouvrit d’une sauce vinaigrette et de quelques noix. L’odeur du gratin en train de cuir dans le four lui donna confiance. Oui, elle serait dans les temps !
19h, on sonna à la porte. Candice avait encore son tablier. Elle le dénoua d’un geste rapide de la main. Nicolas était ponctuel, il était vrai qu’ils n’avaient pas une minute à perdre.
4 commentaires
larchotte
-
Il y a 2 ans
May Darmochod
-
Il y a 2 ans
Lexa Reverse
-
Il y a 2 ans
Anevy
-
Il y a 2 ans