Fyctia
Chapitre 6 : Marie
Nicolas, après avoir déposé le coffret sur son paillasson pour son ou sa correspondant/e mystère, s'était remis au travail. Plusieurs commandes lui avaient été passées et il avait pris du retard. Or, il ne pouvait pas se permettre de ne pas respecter les délais. D'ici quelques jours, il partirait de nouveau et, cette fois, de manière définitive. Fini, pour lui, la vie dans son petit studio. Quelque chose de beaucoup plus grand l'attendait : un destin incroyable. Les paysages de neige, de glace qu'il se voyait parcourir trottaient déjà dans sa tête mais, pour l’instant, il devait se concentrer. Nicolas était une personne calme mais la perspective de changer de vie le rendait impatient. Consciencieux, il reprit pourtant son ouvrage. Après plusieurs heures de travail acharné et quelques allers-retours à la poste, il rangea son matériel puis contacta Marie pour régler les derniers préparatifs. Elle continuerait d'officier pour lui, à distance.
— Allô ?
La voix de son assistante, douce et apaisante, résonna dans le combiné. Marie avait de nombreuses qualités. Elle était rigoureuse, dynamique, motivée, force de proposition mais surtout bienveillante. Cela faisait 4 ans qu’elle travaillait pour lui. Malgré la distance physique qu’imposait le télétravail, elle faisait partie de ses proches. Plus qu’une simple relation de patron à employée, Nicolas et elle avaient tissé une vraie relation d’amitié. Il était donc vraiment heureux de lui annoncer la bonne nouvelle :
— Marie, on l’a fait !
— Tu as pu expédier les dernières commandes ?
— Oui, dans les temps.
La femme blonde et poupine, à l’autre bout du téléphone, souriait de toutes ses dents :
— J’envoie les mails de confirmation, ils sont déjà prêts. Je ne doutais pas que tu réussirais.
Nicolas rougit, mal à l’aise d’être complimenté, mais Marie poursuivit :
— Ça doit te donner confiance pour la suite.
Le jeune homme soupira. Ce n’était pas un simple voyage qui l’attendait, il allait reprendre une entreprise réputée et c'était beaucoup de responsabilités. Il y avait aussi une forme d'appréhension dans le panel de sentiments qui l'animaient, malgré tout, il se sentait prêt.
— D’une certaine manière, oui.
Marie était toujours attendrie par la modestie de son patron. Elle s’était également attachée à ce jeune homme incroyable :
— Tu es fait pour cette nouvelle vie, je n’en doute pas.
Puis, en personne pragmatique, elle lui demanda :
— Tes valises sont faites ?
Nicolas regarda la pièce dans laquelle il se trouvait. Il grimaça, non, il n’avait pas fini de tout empaqueter. Le temps passait vite, Noël et le jour de son départ seraient bientôt là ! Rapidement, il raccrocha pour s’atteler à cette nouvelle tâche. Le jeune homme n'avait pas beaucoup d'effets personnels. Il y avait surtout du matériel mais il n'emmènerait pas tout. En personne organisée, il avait déjà trouvé d'autres artisans à qui revendre la matière première et ses plus gros outils. Les acquéreurs devaient venir les 22 et 23, son vol étant prévu pour la nuit du 24 au 25. Il rendrait les clefs à 15h et partirait ainsi l'esprit serein.
Vers 20h, Nicolas retourna dans son atelier mais pas pour travailler, cette fois. Il rangea, avec soin, les photographies qu'il avait fait agrandir et qui composaient sa galerie personnelle. C'était le fruit de 10 ans de voyages. Le jeune homme était parti, dès ses 18 ans, de chez ses parents, pour explorer le monde et le comprendre. Se faire sa propre expérience était un rituel familial. Même si l'inquiétude l'avait gagné au début, il avait finalement apprécié ces années d'exploration. Il trouvait d’ailleurs que ces derniers mois avaient fondu comme neige au soleil, tant ils avaient été bien remplis. Dans le fond, il n'avait qu'un seul regret : n'avoir pas su davantage créer de liens sociaux. Nicolas était un solitaire, un marginal. Son imagination, sa créativité et son amour des grands espaces le rendaient mystérieux pour beaucoup. Il y avait bien Marie et quelques contacts qu'il avait gardés aux 4 coins du globe mais il n’avait pas de relations plus profondes. Il réalisa qu'il ne connaissait même pas ses voisins. Alors l'image d'une jeune femme aux pommettes saillantes et aux yeux brillants lui revint à l'esprit : sa voisine de palier. Il ne l'avait croisée qu'une seule fois et elle lui avait paru tout à fait charmante. Intimidé, il n'avait pas su lui parler ni garder le contact. Et puis il savait déjà, à cette époque, qu'il ne resterait pas ce qui l’avait fortement dissuadé de s'engager dans une relation. Subitement, il se demanda si ça pouvait être elle qui lui avait cuisiné toutes ces pâtisseries ? De toute façon, il était trop tard... Pour la première fois, ce soir-là, une forme de regret s'insinua dans le cœur de Nicolas. Il mangea, sans joie, une pizza décongelée qui lui parût affreusement fade comparée aux délicieuses gourmandises qu’il avait dégustées ses derniers jours. Éreinté par sa grosse journée, il alla se coucher. Le jeune homme se retourna dans son lit, il était déjà tard. La fatigue devait influencer son humeur car il se sentait maussade, et ce, en dépit de la grande aventure qui l’attendait. Nicolas ne se doutait pas que d’ici quelques minutes Candice viendrait déposer un nouveau présent sur son paillasson et que son destin, tout tracé, prendrait alors un virage inattendu.
3 commentaires
Lexa Reverse
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Il y a 2 ans
Anevy
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Il y a 2 ans
iris monroe
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Il y a 2 ans