May Darmochod La rencontre de Noël ! Chapitre 2 : Nicolas

Chapitre 2 : Nicolas

Nicolas n’entendit pas la sonnette de l’entrée. Un casque antibruit sur les oreilles, il était trop occupé à bricoler. Il était artisan et il travaillait aussi bien le bois que le métal. Un savoir-faire qu’il tenait de son père et qui lui permettait de confectionner du mobilier original ainsi que des objets en tous genres. Il avait monté son petit commerce et il en était fier. Son catalogue s’étoffait d’année en année même si la crise financière l’avait obligé à fermer, depuis peu, son atelier dans le centre. Il n’avait plus les moyens de payer, à la fois, le local et le bois toujours plus cher. Il avait dû faire un choix et s’était résigné à travailler de chez lui. Sa secrétaire, Marie, son unique employée, était en télétravail et ça ne semblait pas la déranger. Le plus dur avait été de stocker les matières premières. Sa cave était remplie à ras bord. Son petit appartement et le garage de Marie accueillaient le reste, pour l’instant. Il se sentait un peu à l’étroit dans son logement mais ça restait supportable car, dès qu’il n’était pas occupé à travailler, Nicolas s’évadait en montagne. Seul, armé de son appareil photo, d’un sac et de bonnes chaussures de randonnée, il pouvait partir plusieurs semaines. Ce qu’il aimait, c’était le contact avec la nature et le repos que lui prodiguaient les grands espaces. Là, il n’y avait plus le bruit de la meule, de la perceuse, de la ville. Seulement, le cri des animaux au coucher du soleil, le sifflement du vent dans les branches ou le craquement de la neige sous ses pas. C’était d’ailleurs dans ces moments qu’il trouvait l’inspiration. Plus les lieux étaient désertiques, plus il se sentait dans son élément, libre. Oui, il avait soif de liberté. L’avantage d’être son propre patron, c’était qu’il pouvait gérer son emploi du temps comme bon lui semblait. Marie était là pour s’occuper des commandes. Nicolas avait finalement trouvé son rythme, il ne manquait de rien. Il fit glisser la pièce dans ses mains rugueuses et observa les nœuds du bois. L’artisan avait presque l’impression que l’arbre, à travers ses formes, pouvait encore lui parler. Armé de son mètre, il fit quelques marques au crayon puis, avec un ciseau, il entama l’écorce jusqu’au bois. Après de longues heures de travail, il regarda sa montre. Bientôt 21h, il commençait à être tard. Les prochaines actions qu’ils devaient mener seraient bruyantes. Il aurait besoin de son maillet alors il s’arrêta là. Nicolas ne tenait pas à se mettre à dos tous les voisins. Il utilisait ses machines quand les autres étaient partis travailler. Il retira son casque et ses lunettes de protection puis, d’un geste de la main, rassembla les copeaux sur un coin de la table. Le monticule était déjà conséquent mais il ne prit pas la peine de le jeter. Il verrait ça, plus tard. Là, tout de suite, il avait faim. Il frotta ses mains. Geste de satisfaction qui lui permettait de chasser les dernières poussières agrippées à ses doigts. Il se leva, secoua son pull et son pantalon puis quitta ce qui était autrefois sa chambre. Il s’était résolu à dormir dans le salon. Ce dont il avait besoin, c’était d’une pièce dédiée pour travailler et il l’avait trouvée. Nicolas avait vendu son lit et son canapé pour acheter un clic-clac qu’il ne repliait jamais. Il vivait seul de toute façon. Rapidement, il ouvrit le petit frigo et avisa ce qu’il y avait dedans. Sans surprise, il trouva un plat tout prêt qu’il avait acheté à la supérette. Il enleva le carton sur lequel une image alléchante de Lasagnes figurait puis mit la barquette au four à micro-ondes. 5 minutes plus tard, le temps pour Nicolas de prendre une douche sommaire, le plat était chaud. Il sortit la barquette qui fumait et qui n’avait rien à voir avec la publicité commerciale. Le fromage avait fondu et se mélangeait avec la pâte, la béchamel et la viande en une bouillie marron. Nicolas ne fit pas le difficile. Armé de sa fourchette, il mangea, ça calerait son estomac pour la nuit. Ce soir-là, fatigué, il se coucha tôt.


L’alarme de son téléphone s’enclencha, comme souhaité, à 5h. Il posa sa large main sur le mobile et coupa la sonnerie. D’un geste approximatif, il parvint à attraper le pull et le pantalon laissés à terre la veille. Il repoussa la couette chaude et, avant que la morsure du froid ne se fasse ressentir, il s’habilla. Ses chaussures et sa doudoune étaient posées dans l’entrée. Ce qu’il ne savait pas c’était qu’autre chose l’attendait sur le palier.


Quand il ouvrit la porte, il eut la surprise de découvrir, à même le sol, sur son paillasson, un torchon. « Curieux » pensa-t-il. Il se baissa pour le ramasser ce qui dévoila de nombreux petits gâteaux. Nicolas observa la rosace enfantine. Perplexe, il regarda autour de lui, mais il n’y avait personne, pas de mot. Cette assiette semblait pourtant lui être destinée… Il la déposa dans sa cuisine et prit, finalement, le temps de déjeuner. Les biscuits étaient particulièrement bons si bien qu’il en mangea la quasi-totalité. Une seule chose manquait, un verre de lait ! Il se promit d’en acheter en revenant de sa promenade matinale. Chaque jour, Nicolas sortait tôt pour s’aérer, avant de s’enfermer dans son atelier de fortune. Ça lui permettait de renouer avec la nature, quand il était loin de ses montagnes. Cette nuit, la neige était tombée. Satisfait, il remonta le col de sa veste sur son menton et posa son pied sur le revêtement blanc. Le craquement sourd caractéristique retentit dans le silence du matin. Il lui fallait une quarantaine de minutes à pied pour regagner la campagne en périphérie. Il faisait encore nuit mais ça ne le dérangeait pas. L’aube lui permettait, parfois, de croiser quelques animaux sauvages encore présents dans les champs avoisinants. D’ailleurs, le jeune homme s’arrêta. Devant lui, une forme rousse resplendissait dans la neige : un renard. À pas feutrés, il s’approcha mais bientôt l’animal le repéra et détala avec vitesse. Nicolas lui envia cette vélocité. Parcourir le monde en quelques minutes était l’un de ses plus grands souhaits ! Il aimait voyager et il préparait d’ailleurs sa future excursion avec grand soin. Il avait déjà découvert les plateaux du Tibet, les fjords norvégiens, la péninsule du Kamtchatka mais une nouvelle destination l’obsédait. Sa montre connectée sonna à son poignet le ramenant à l’instant présent. 6h20, il fallait déjà qu’il rentre. Comme à chaque fois, Nicolas grimaça, même s’il aimait son métier. Discipliné, il rebroussa chemin. Quand il regagna la ville, il était presque 7h. La supérette venait d’enrouler ses rideaux de fer, comme il se l’était promis, il acheta une bouteille de lait avant de rentrer. Nicolas se demandait qui avait bien pu lui laisser ce présent. La rosace lui évoquait un enfant mais les biscuits étaient raffinés. Il lui sembla se rappeler qu’il y avait une famille dans l’immeuble. Les fêtes de fin d’année approchaient. Peut-être lui avaient-ils fait un cadeau en avance ? Il faudrait qu’il trouve un moyen de les remercier.




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7 commentaires

Lexa Reverse

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Il y a 3 ans

Passage du lutin des coeurs de Noël de septembre, :)

Mary Cerize

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Il y a 3 ans

Bien sympathique ce Nicolas et descriptions atypiques

Amélie Mrn

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Il y a 3 ans

Je l’aime bien ce Nicolas !
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