Heïdi G La Purge Chapitre 1. 2

Chapitre 1. 2

Des pas tambourinent dans ma direction et je préfère fermer les yeux, comme pour me protéger de quelque chose. Mais au lieu de me tirer dessus, deux mains viennent défaire mes liens, plutôt maladroitement à cause de la précipitation. C'était un jeune homme, nous devions avoir le même âge. Il est typé asiatique et doit souvent aller à la salle à en juger ses biceps finement dessinés. Je devine à son visage écorché qu'il a dû se battre juste avant d'arriver ici, et que l'homme qu'il vient d'abattre ne doit pas être le seul. Que fait-il ici? Pourquoi m'aider alors qu'il pourrait tout simplement se sauver? Il me sort aussitôt de mes pensées lorsqu'il passe ses bras sous mes aisselles pour me mettre sur mes pieds, mais tenir debout demande un immense effort après les coups que je me suis prise. Il pose sa main gauche sur mon épaule et me scrute une petite seconde.


— Ça va aller ?


Je me contente d'un simple hochement de tête pour lui répondre et nous entamons notre course dans ce qui était en réalité un vieux sanatorium ou une clinique abandonnée. Ma jambe droite me fait terriblement mal et je manque de tomber à chaque fois que mon pied touche le sol. Mais je ne peux pas m'arrêter de courir, ce serait la mort si je me faisais attraper. Tout le monde commence à s'affoler, nous entendons des cris et des pas, nous sommes clairement poursuivis. Mon bienfaiteur me tire dans une pièce sombre, certainement dans le but de nous cacher. J'essaye tant bien que mal de reprendre mon souffle et de me concentrer pour faire passer la douleur, mais une odeur ignoble envahit nos narines, une odeur de putréfaction qui ferait presque vomir. Je me retourne pour essayer de voir d'où cette immondité peut bien pouvoir provenir et me rapproche donc du fond de la pièce. C'est avec effroi que je découvre une vingtaine de cadavres jonchant le sol, tous entassés les uns sur les autres dans une marre de sang. Je m'apprêtai à lâcher un cri d'épouvante mais une main se pose sur ma bouche et j'entends juste un "shht" presque inaudible. Je suis totalement pétrifiée par le dégoût et la peur, de grosses gouttes de sueur froide perlent le long de mon front et mes jambes sont prisent de tremblements incontrôlables. Je suis traînée dans le coin de la pièce, là où on ne peut pas voir les corps inertes, mais l'odeur est toujours trop prenante. L'homme à mes côtés ne fait absolument pas attention à la situation et semble bien plus préoccupé par le danger se trouvant de l'autre côté de la porte. Il ouvre la porte d'une lenteur affolante et jette un rapide coup d'œil en dehors pour vérifier qu'il n'y a personne et nous glisse hors de cette pièce plus que macabre. Nous poursuivons notre course dans ce long couloir et arrivons devant un escalier, il s'arrête un moment et regarde autour de nous, se penche à mon oreille et me chuchote:


— On va sauter.


Je le regarde avec surprise, puis regarde par la fenêtre, et finis par reposer mon regard sur lui. Il se retourne pour ouvrir la fenêtre et passe de l'autre côté, me fixe et hoche la tête juste avant de sauter. Je me précipite pour regarder le sol, il se relève avec aisance et se frotte les mains avant de me faire signe de le rejoindre. Je ferme les yeux, prends une grande inspiration, enjambe du mieux que je peux la vitre, les mains tremblantes. Je jette un dernier coup d'œil à ce qui se trouve sous mes pieds et lâche avec hésitation le bord de la fenêtre. Lorsque je heurte le sol, je suis surprise de ne pas avoir eu aussi mal que ce que j'avais imaginé, en effet, mon bienfaiteur avait fait de son mieux pour me rattraper, m'aidant à amortir au maximum ma chute. Mais nous ne pouvons pas nous permettre de prendre notre temps, nous ne sommes pas encore en sécurité, nous continuons donc notre course dans le petit bois entourant ce lieu morbide.


Après quelques minutes de sprint intense, nous nous arrêtons enfin pour reprendre notre souffle. Je m'écroule à terre, jusque là c'était l'adrénaline qui me donnait la force de rester debout, mais je n'ai plus rien à donner. Toutes mes forces viennent de me quitter, la pression retombe et je ne peux m'empêcher de vomir au pied d'un arbre. Je reste accroupie un moment pour me remettre de cet effort bien trop conséquent pour une personne n'étant pas dotée d'une grande endurance. Une main vient délicatement se poser sur mon épaule, il n'a pas du tout l'air essoufflé et semble toujours entièrement maître de son corps, tandis que le mien en fait des siennes, il m'est impossible de me relever.


— Tu as besoin d'aide ?


Je regarde par dessus mon épaule et me contente de lui lancer un regard de détresse, encore trop essoufflée pour prononcer ne serait-ce qu'un son. Il comprend immédiatement le message que j'essaie de lui transmettre puisqu'il attrape mes bras pour les faire passer autour de son cou et me porte sur son dos. Je dépose ma tête sur mon bras et essaye de lutter contre la fatigue, en vain.

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1 commentaire

Lexa Reverse

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Il y a 3 ans

merci pour ce chapitre et courage pour la fin du concours, Axel.
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