Fyctia

Je me réveille difficilement. Ma tête est horriblement lourde. Un mal de crâne terrible fait vibrer mon corps à travers la souffrance. J’ai du mal à ouvrir les yeux… Mais je pense voir de la nature.

De la nature ? Est-ce possible ? Tout avait l’air brûlé !

Surprise, je m’assoie en sursaut. Des vertiges me dévorent : je me suis levée trop vite. Je frotte mon front, ferme les yeux puis masse mes tempes. Ce mal de tête est horrible… Mais il faut que je contemple l’environ qui m’entoure !

J’ouvre les yeux. Je semble être située dans les montagnes. Je suis assise sous un grand arbre, dans son ombre. La verdure est dominante. Les fleurs sont magnifiques ; il y en a de toute couleur : rose, violette, jaune, bleue, etc. L’air est pur. Les oiseaux chantent. Quelques animaux se promènent aisément autour de moi. Le soleil sourit sur les lieux. C’est sublime… Est-ce alors là, mon utopie ? Le château était-il, en réalité, mon cauchemar ?

Ah ! Je savais bien que ce grimoire faisait apparaître ce dont nous rêvions… Et, il est vrai que, à travers mes pensées, le château semblait, pour moi, être un véritable lieu de hantise. Mais j’en suis libérée, enfin ! Mais où suis-je ? Qui m’a emmené jusqu’ici ? Et… Musidor ? Oui ! Musidor ! Il avait une flèche dans son épaule. Pourquoi d’ailleurs ? Est-il encore vivant… ?

- Bonjour, princesse.

Je sursaute et me retourne vivement. Derrière moi se dresse un grand homme. Il a un physique aussi étrange que celui de Musidor… Mais il fait beaucoup moins peur. Il a une très belle peau de porcelaine, des oreilles pointues, des yeux d’un vert émeraude splendide, beaucoup trop beaux pour qu’ils soient humains, et des cheveux roux flamboyants. Il est habillé comme les elfes que l’on peut rencontrer à travers les divers contes de fée : un haut bleu-vert, un pantalon marron, des bottes plus foncées. Il semble avoir des flèches déposées dans un grand étui présent derrière son dos. Il tient à sa main gauche un arc. Je remarque également qu’il a une dague insérée dans sa ceinture.

Est-ce alors lui qui a planté la flèche dans l’épaule de Musidor… ?

Craintive, je me lève rapidement et recule. Mais une terrible douleur heurte mon dos. Je grimace ma souffrance, frotte mon échine et constate que mon derrière est nu et qu’une cicatrice est présente sur ma peau. Gênée, je rougis. L’elfe ricane et tente de m’assurer :

- Ne craignez rien, princesse, je ne vais rien vous faire de mal.

- Qui êtes-vous… ? M’apeuré-je.

- Je me nomme Keïwenn, princesse, et je suis un elfe des montagnes.

- Car il y a plusieurs types d’elfe… ?

- Oui, oui, rit-t-il, mais je vous expliquerai cela plus tard.

- Pourquoi ai-je le dos dénudé ?

- Eh bien…

Il joint ses mains, joue nerveusement avec son arc, soupire et me répond :

- Nous vous avions pris pour un de nos ennemis. Nous vous avions planté une flèche dans le dos. Mais nous vous avions soigné la plaie, ne vous inquiétez pas ! Pardonnez-nous…

Il baisse la tête. Il a l’air sincère… Mais je ne comprends pas vraiment ce monde où j’ai atterri. Je n’ai jamais souhaité avoir des créatures mythiques et étranges dans mon utopie… Un Être extrêmement sombre, maintenant un elfe, qui-a-t-il d’autre ? J’admets que j’ai un peu peur : moi, simple humaine, que deviendrais-je dans ce monde qui semble être magique… ?

- Je vous pardonne, souris-je. Mais qui sont vos ennemis ?

- Oh ! Toutes les créatures des ténèbres, princesse.

- C’est-à-dire… ?

- Les sorciers maudits, les drows, les vampires, les fées noires, les goules, les lycanthropes, …

- Ô, Seigneur…

D’accord. Très bien. Il faut que je me calme… Il faut que je calme. Mais je suis dans un monde de dégénérés. Je rêve, c’est ça ? Oui, je dors, c’est sûr ! Ce n’est qu’un cauchemar. Léon a dû m’assommer pendant notre noce et mon cerveau est en train de délirer. Il faut donc que je me réveille…

- Aerin, réveille-toi ! Crié-je tout à coup, la tête levée vers le ciel.

- Princesse ?

- Je suis en train de sommeiller, il faut que je me réveille, ricané-je nerveusement.

- Princesse, euh… Vous…

- Aerin ! S’il-te-plaît !

- Princesse… !

- Aeriiiiin ! M’agacé-je.

- Princesse, vous n’êtes pas en train de rêver !

- Quoi ?!

- Ce monde est bel et bien réel !

- Non, non ! Non il n’existe pas !

- Princesse… Si, il existe…

Un malaise soudain me dévore. La tête à nouveau lourde, je m’assoie subitement par terre, la main posée sur le front. Keïwenn se précipite vers moi, sûrement inquiet de mon état.

- Princesse, princesse ! Vous allez bien ?

Je ne lui réponds pas. J’ai du mal à digérer les informations. J’ai surtout du mal à croire que je suis dans un monde où je risque de mourir dans d’atroces souffrances. Il y existe des créatures des ténèbres, et moi je ne suis qu’une simple humaine et donc de la viande fraîche pour eux ! Et Musidor ? Qui était-il ? S’ils ont voulu l’éliminer car il était leur ennemi, alors cela veut dire qu’il était une créature des ténèbres… Ô Seigneur, le château est dominé par ces Êtres démoniaques !

- Princesse… ?

- Qui me protègera dans ce monde ? Demandé-je précipitamment, le cœur emballé à travers la peur.

- Nous, princesse, pourquoi ?

- Qui vous ?

- Les anges, les fées, les elfes, les licornes, les dragons, les lutins, les sorciers des lumières…

Peut-être que j’ai trop bu en fait. Pourtant, ce n’est pas de mon genre à engloutir beaucoup d’alcool… Mais c’était mon mariage, alors peut-être que, afin d’oublier Léon, j’ai voulu me rendre ivre…

Je n’arrive pas à croire cet elfe. Pourtant il est bel et bien en face de moi. Il est très beau, d’ailleurs… Que dis-je ? Ah ! Je délire complètement…

- Princesse, vous êtes une personnalité importante dans ce monde…

- Euh… Pourquoi ? M’intrigué-je.

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas à son aveu. Comment une humaine peut être importante à travers ce monde magique ?

Il esquisse un grand sourire et me regarde droit dans les yeux. Il a un regard fort charmant… Et un visage si sublime… Ah ! Mais je continue à délirer !

- Vous êtes l’ange d’or, la précieuse femme aux pouvoirs extraordinaires.

- Hein ? Euh… Comment ?

… Je panique, je panique ! Soit c’est une blague très bien faite, soit je suis totalement folle ! Moi, un ange d’or ? Et puis quoi encore ! Et c’est quoi un ange d’or ?

- Nous devons vous protéger où que vous soyez, où que vous alliez. Vous êtes notre future reine.

Génial… Même à travers mon utopie je reste encore dans un grade royal. Peu importe, là n'est pas le plus gênant... Le plus gênant est le fait que je suis totalement perdue, perdue dans ce nouveau monde qui semblera être ma nouvelle terre...