Fyctia

Keïwenn reste accroupi face à moi, le regard inquiet, les sourcils froncés. Je n’arrive toujours pas à croire ce qui se passe en ce moment-même. Je suis, apparemment, dans un monde remplit de créatures extraordinaires, des bienveillantes et des maléfiques… Mais, pourtant, Musidor n’avait pas l’air si méchant que cela puisse paraître ! Il était même fort chaleureux avec moi, malgré son apparence fort effrayante…

- Keïwenn, pourquoi ne nous as-tu pas prévenu ? Interpelle un nouvel elfe.

- Je devais la rassurer avant de partir vous prévenir !

Un grand elfe se dresse derrière Keïwenn. Il a la peau mate, contrairement à son camarade, des cheveux longs et châtain, des yeux jaune-orangés, une allure fort virile et des oreilles également pointues. Il tient une épée dans sa main et n’a pas d’arc. A première vue, c’est un très bel homme… Ah ! Et je délire, encore et encore. Mais que m’arrive-t-il ?

- Elle est guérie, constate l’autre elfe, il faut l’emmener au village maintenant.

- Elle n’a pas l’air prête, réplique Keïwenn, elle a encore du mal à reprendre conscience.

- Non, non ! Ricané-je nerveusement, je suis tout à fait consciente !

- Tu vois, sourit l’elfe.

- Bon, bon… Emmenons-la au village.

Keïwenn se lève et me tend sa main droite. Je m’en saisis et me relève. L’elfe aux yeux de feu s’empresse de m’honorer d’une révérence.

- Votre altesse, je me nomme Amaris.

J’esquisse un simple sourire.

- Notre village n’est pas loin d’ici, m’explique-t-il.

- Pourquoi dormis-je alors là ? Demandé-je, intriguée.

- Il valait mieux que vous fussiez vous reposer en paix. Au village, vous êtes une étoile : tout le monde se serait regroupé autour de vous. Amyrta, la chef du village, a préféré vous déposer ici, sous la surveillance de Keïwenn.

Je hoche la tête. Je commence à un peu mieux digérer les informations. Etrangement, je me sens en sécurité avec ces deux elfes, tandis qu’une certaine peur me dévore encore à petit feu : mais ils ont un côté rassurant, chacun. Keïwenn a un visage doux, candide et il semble être empathique. Amaris, lui, paraît être protecteur. Je pense pouvoir leur donner ma confiance, même si c’est un peu trop empressé… Mais j’ai besoin de m’appuyer sur quelques personnes dans ce nouveau monde qui m’effraie.

- Partons ! Se réjouit Amaris, vous allez faire la joie du village !

Je dessine un petit sourire. Je suis touchée par sa réflexion : j’avais l’habitude que l’on m’accueille d’une façon glorieuse, mais que l’on me salue dans la gaieté est fort rare. Le peuple de mon Royaume avait, pour habitude, de se contenter d’applaudir puis de baisser la tête lorsque je passais dans les rues. Mais il n’y avait pas vraiment d’exaltation, surtout de la jalousie, de la haine et de la peur.

Amaris me fait signe de marcher à ses côtés. Je m’approche alors de lui.

- Au village, m’explique-t-il, vous allez donc faire la rencontre d’Armyta, la chef, ainsi que d’Eäril, le sous-chef. Vous allez également faire la rencontre de quelques guerriers qui vous protègeront contre les créatures des ténèbres.

Ils ont des prénoms assez étranges. Je me pensais unique avec le mien, Aerin, mais, dans ce monde, ce dernier paraît presque banal.

Quelques pas plus loin, nous arrivons près d’un grand village. Les maisons sont faites de bois, la nature est omniprésente autour des habitations, des tapis de fleur rendent à cet endroit un aspect totalement féerique. Deux petits ruisseaux traversent le village. Comment dire ? C’est sublime. On dirait vraiment un lieu de conte de fée. Je m’y sens déjà bien.

Mais, à peine un pied posé vers le village, qu’une foule d’elfes courent vers nous. Tous ont un grand sourire sur leurs lèvres, crient leur gaieté et se réjouissent. Pas d’applaudissement, pas de haine, mais un grand agrément. Le troupeau d’elfes forme un cercle autour de moi. « C’est la princesse ! » Entends-je à plusieurs reprises.

Tandis que je devrais me sentir oppressée, là, actuellement, je me sens bien. Une vibration positive et sublime se dégage de leur chaleur si douce et si joyeuse. Une grande courbe de joie écarte mes lèvres. Je sens mon visage rougir tant le bonheur me comble. Mes bras en tremblent même. J’ai été très rarement aussi épanoui…

- Ecartez-vous ! Ordonne Amaris, il faut que nous la présentions à la chef du village !

Le troupeau d’elfes, à travers un immense respect, nous laisse passer sans grogner. Quelle amabilité ! Quelle politesse ! Ce peuple a l’air parfait.

Nous traversons le village féerique. De nombreux elfes sont dressés à leur fenêtre, saluant ma venue. D’autres nous suivent encore, au loin : j’entends leurs cris de joie. Ils sont adorables ! Ah ! Je les aime déjà…

Nous arrivons, après quelques minutes de marche, auprès d’une grande maison en bois, agrémentée de plusieurs belles fleurs sur sa façade. Cet habitat est splendide !

Amaris frappe à la porte. Cette dernière s’ouvre quelques secondes plus tard et laisse apparaître une elfe de petite taille. Cette dernière a les cheveux violets, des yeux rose pastel et une peau d’albâtre. Son visage est magnifique… Elle inspire tout de suite la confiance et la bonté ! Et puis, elle porte une magnifique et longue robe violet clair, décorée de quelques fleurs de rose et de dentelles, qui lui va à ravir.

- La princesse est là ! Annonce, à voix haute, Amaris.

- Vraiment ? Montrez-la-moi, montrez-la-moi ! Se réjouit la chef.

Amaris s’écarte de sa vision. Amyrta fige son regard dans le mien durant quelques secondes avant de dessiner un grand sourire sur ses adorables petites lèvres. Elle écarte ses bras, se rue vers moi et me serre dans ses bras. Drôle de façon d’accueillir une quelconque personne… Surtout une princesse ! Mais c’est fort chaleureux, et cela me plaît. Je la prends également dans mes bras. Elle sent la rose : sa délicieuse odeur m’enivre.

Elle recule de quelques pas et m’accueille, toujours le sourire aux lèvres :

- Bienvenue au village d’Alnayia, princesse Aerin ! Votre venue est un véritable honneur pour nous. Entrez donc dans ma demeure !

Elle me fait signe d’entrer. Je lui souris puis m’infiltre dans son habitat.