Landry La Princesse Corrompue Le Réveil du Grimoire

Le Réveil du Grimoire

J’entends l’armure des gardes grincer, de nombreux pas courant dans mes environs. Je suis poursuivie par le château entier…

Je descends rapidement les escaliers, manquant de trébucher sur certaines marches tant la tension est grande. Je longe les couloirs jusqu’à la salle voulue, cette fameuse salle qui est symbole de ma libération.

J’arrive dans une pièce obscure, cette dernière seulement éclairée par les lumières d’argent de la lune. Je fouille cette dernière, les mains tremblantes par l’angoisse.

« La clé, où est la clé… ?! » paniqué-je.

Je scrute chaque meuble. La clé a disparu. Non… Non, ce ne peut pas être possible ! Où est-elle ?!

Je tourne sur moi-même, les mains tirant nerveusement mes cheveux, totalement paniquée par la situation. Que faire… ? Ils vont me rattraper, et ce, très vite… Que vont-t-ils me faire subir ? Qu’est-ce-que sera ma punition… ? S’ils me capturent dans leurs ordres royaux, je serai à nouveau prisonnière de Léon…

Non…

Non je le refuse !

Je continue à fouiller la pièce. J’entends des pas arriver vers moi. Mon cœur palpite de plus en plus vite ; il tambourine si fortement contre ma poitrine que j’ai l’impression de n’entendre que ça à travers la pièce silencieuse.

J’entends un bruit cristallin tomber au sol. La clé : elle est là ! Elle était cachée dans un livre ; mon père avait peut-être appréhendé cette réaction de ma part, lors du jour du Mariage royal. Malgré l’absence de nos discussions et d’un quelconque lien chaleureux entre lui et moi, il me connaît très bien, trop bien, même.

Je me saisis de la clé et repars aussitôt. Des gardes sont présents au bout du couloir.

- Elle est là ! Crie l’un d’eux.

Panique. Angoisse. Peur.

Je cours, encore et encore, et plus rapidement. L’adrénaline me fait faire des pas immenses.

C’est injuste de devoir fuir de la sorte : je suis une princesse ! N’ai-je pas le droit de me promener au sein du château… ? Léon leur a sûrement raconté les maux que je lui ai provoqué. Et si je n’avais pas envie de lui… ? Peu importe, mes parents et le reste de la famille royale ignorent mes désirs : tout ce qu’ils souhaitent, c’est que le Royaume perdure à travers les âges en faisant naître de gracieux enfants, quoique ce n’est pas avec la beauté de Léon que j’aurais eu de magnifiques descendants. Il est affreux : un nez droit, long, et pointu ; des cheveux châtain fins, mal coiffés, faisant légèrement apparaître son crâne ; des yeux verts, ternes, vides de sens ; un visage carré, froid, aux sourcils larges et constamment froncés ; des lèvres fines et mal dessinées. Pourquoi mes parents ont-ils choisi ce prince-là… ?

J’arrive, après quelques minutes de course, auprès de la chambre du grimoire. Les soldats me poursuivent toujours.

Arrivée à l’endroit voulu, une atmosphère sombre et froide domine et me fige dans une certaine peur.

Je ne peux pas rester pétrifier de la sorte, sinon, ils arriveront à me capturer. J’avance donc et ouvre la grande porte en bois qui se dresse devant moi. Une pièce obscure s’affiche devant mes yeux curieux ; les lumières blanches de la lune illuminent quelques fumées noires et étranges. Le sol et le mur sont faits de vieilles pierres, donnant un style moyenâgeux à cette pièce à la fois charmante et effrayante. Au milieu de la salle se dresse le fameux et sombre grimoire, précieusement posé sur un socle en pierre presque noire. Quelques sortes de luciole opalins frétillent autour du livre ensorcelé. Je ne suis venue, dans cet endroit magique, que le jour ; il n’y a pas du tout cette même ambiance lorsque le soleil sourit aux lieux. Durant la journée, cet endroit paraît chaleureux, presque reposant. Mais maintenant, il m’est totalement angoissant.

J’entends les gardes arriver vers la salle. Je me rue donc vers le grimoire et l’ouvre rapidement à la page voulue. Je traverse les papiers vieillis par le temps, prenant tout de même soin de ne pas en arracher quelques-uns.

Mon cœur bat de plus en plus vite. J’ai peur. J’ai de plus en plus peur. Vite… La page… !

Ça y est !

« Utopia est anima nostra », peut-on lire en haut de la page. De longs textes en latin parcourent les feuillées jaunâtres. Je connais la formule précise pour réveiller cette utopie, ce grimoire, cette liberté.

A l’aide d’un petit couteau, placé au-dessus du grimoire, je me mutile le poignet afin de pouvoir faire couler du sang sur les pages du livre, ce qui est recommandé pour l’éveiller. En me coupant, je pousse un petit glapissement de douleur puis admire le sang coulant sur les feuilles magiques. Mon liquide vital semble être mystérieusement aspiré par le grimoire, qui s’illumine petit à petit d’une étrange lumière d’or, se contrastant ainsi avec les étincelles d’argent de la lune. Je contemple la beauté de ce livre qui se réveille petit à petit, émerveillée par cette beauté qui s’affiche devant. Les lettres semblent briller, les pages paraissent s’abandonner à une délicate merveille. Un son, à la fois cristallin et doux, s’évade du recueil.

- Princesse Aerin ! Entends-je d’une voix désagréable.

Je me retourne, totalement coupée par cette belle contemplation. En face de moi se dresse Léon, le regard colérique, les sourcils encore plus froncés que par habitude. Son sourire bas trompe une certaine tristesse, lui qui veut sembler être un homme totalement insensible.

- Rendormez ce grimoire et revenez avec moi, m’ordonne-t-il sur un ton sec.

Je le regarde, lui ainsi que les gardes qui sont debout derrière le prince, d’un air apeuré, perdu, vide. Non, je n’ai pas envie de revenir avec lui… Je n’en ai pas envie ! Je veux ma liberté, vivre mes rêves, mon utopie ! Me laisser bercer par les douceurs d’une paix que j’aurais enfin trouvé…

Je refais face aux grimoire, ignorant le regard insistant de Léon. J’entends ce dernier grogner. Il s’approche dangereusement de moi et me prend violemment le bras puis me tire vers l’extérieur de la pièce.

- Non !! Laissez-moi ! Crié-je.

- Votre devoir n’est pas ici, princesse Aerin ! Me rétorque-t-il en hurlant.

- Je me fous de mes devoirs !

Dans un élan de courage, j’arrache mon bras de son emprise puis me rue à nouveau vers le grimoire. Je n’ai plus de temps à perdre : je dois citer la formule, gagner mon paradis.

- « Veni, pulchra utopia… », commencé-je à citer.

- Princesse Aerin ! Râle à nouveau Léon.

Tandis qu’il se précipitait à nouveau vers moi, je cite à voix haute et fière :

- « Da mihi miraculum tuum, da mihi felicitas. Uolo gustare a formam tuam. Uolo inebriare me a magnificentiam tuam… »

- Princesse Aerin ! Non, arrêtez ! Semble-t-il paniquer.

Je l’ignore et écarquille mes yeux dans un bonheur déjà apparent. Un grand sourire s’affiche sur mes lèvres asséchées par la course. Voilà la liberté…

- « Impera hoc orbis ! », finis-je.

- Noooon ! Crie-t-il.

Une main soudaine vient prendre à nouveau mon bras. Mais il est trop tard. Le grimoire se réveille. La salle s’illumine de plusieurs grandes lumières. Un son strident s’échappe du livre qui s’envole.

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5 commentaires

Landry

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Il y a 9 ans

Merci pour vos commentaires, ça me fait super plaisir <3 Oui CaraMilka, j'aurais dû traduire la phrase ... Je n'y avais pas pensé :( EstelleIII, oui je me suis un peu inspiré de Prince of Persia, effectivement :D J'aime beaucoup l'ambiance de cette histoire qui est assez mystérieuse mais aussi avec beaucoup d'aventures et tout !

Estellexi

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Il y a 9 ans

Je ne sais pas pourquoi l'univers me rappelle Prince of Persia.J'aime beaucoup le personne de la princesse. Grâce à ton style on visualise très bien l'action et le suspense monté.

Caramilca

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Il y a 9 ans

Très bonne série, l'idée du conte de fées est pas mal ;). Attention aux quelques maladresses de langage et de grammaire qui se sont glissées ici et là. Sinon j'aime beaucoup ton idée de mettre du latin dans ce chapitre!! En tant que latiniste confirmée, j'ai compris l'ensemble, mais peut-être que tu pourrais traduire la formule dans les commentaires pour ceux qui n'étudient pas le latin? (Même si la plus grande partie est du latin de base). Je continue à lire! :)

Louve

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Il y a 9 ans

J'adore ce chapitre qui m'a tenue en haleine tout le long. Et dieu, j'en veux encore ! Bonne chance pour la suite, passe me lire à l'occasion~

Anaelle78

-

Il y a 9 ans

C'est une très belle série écrite par une jolie plume! Ton personnage principal est vraiment intéressant et attachant! J'ai hâte de découvrir la suite! Ps: si tu as le temps passe me donner ton avis sur ma série 'Twins' :D
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